— Par Pierre Alex Marie-Anne —
La prise à partie de journalistes et la détérioration de leur matériel professionnel qui ont eu lieu à l’occasion des festivités du 22 Mai ont soulevé l’indignation générale et une vague de protestations émanant des milieux les plus divers ; de tels faits, assurément délictueux, sont inadmissibles en Démocratie et mettent en péril la liberté d’expression qui en constitue la base. Sans aller jusqu’à considérer, comme certain personnage infatué de lui-même, que “leur personne est sacrée “, les journalistes agressés sont pleinement fondés à requérir des autorités publiques la protection qui leur est due du fait de la mission d’information, essentielle au bon fonctionnement de la société, qui leur incombe. Cela n’est pas discutable mais implique en retour une contrepartie incontournable : le respect scrupuleux par les intéressés des règles déontologiques garantissant à tout citoyen l’accès à une information, pluraliste et objective de qualité . Ce n’est malheureusement pas toujours le cas et force est de constater la multiplication de manquements caractérisés à ces règles élémentaires dont se rendent coupables certains journalistes dans l’exercice de leur activité professionnelle; interviews orientées, présentations biaisées, commentaires approximatifs voire tendancieux fourmillent, quant il ne s’agit pas tout simplement, sous-couvert de rétrospectives historiques, dites de “ mémoires sensibles”, de grossières manipulations; l’affaire de l’OJAM, déclinée en de multiples épisodes, à la veille d’élections territoriales majeures, en est une parfaite illustration. Il est vrai que l’auteur de cette scandaleuse mise en scène a appris à bonne école, celle de son ex- rédacteur en chef dont les divagations sur ” l’âme des statues” au moment de son départ, d’un sectarisme et d’un parti pris confondants constituent un cas d’école. Que dire encore de ces charmantes voix, qui telles les sirènes conduisant les équipages à l’abîme, susurrent aux oreilles des auditeurs à peine réveillés, informations arrangées, déclarations décontextualisées et paroles perfides qui sont leur marque de fabrique,. le tout accompagné du nom de la nouvelle star médiatique scandé frénétiquement par une claque d’un dévouement propre à la gent canine. Quelle merveilleuse source de connaissance que ces médias ! On y apprend que, contrairement aux enseignements recueillis au cours élémentaire, la Martinique ne se compose pas de 34 communes mais bien d’ une seule, située idéalement dans le grand Nord ; à preuve, tous les reportages télévisés ne vantent à satiété que les moindres actions, si mineures soient-elles, de sa municipalité ; Que des esprits mal intentionnés n’aillent surtout pas y trouver malice ! Pour notre part, ;nous rêvons à des journalistes vraiment professionnalisés, possédant le minimum syndical en matière de culture générale et de connaissance des fondamentaux de l’histoire et de la vie économique et sociale de la Martinique, les rendant aptes à dialoguer intelligemment avec leurs interlocuteurs. A ce stade de nos constatations, qu’ en conclure ? peut-être que ces messieurs et dames les journalistes feraient bien de se remettre un tant soit peu en question, peut-être devraient-ils s’interroger, par-delà les manifestations bruyantes de soutien à la sincérité plus que douteuse, sur les raisons qui font que leur profession est à ce point dévalorisée et leur personne décriée aux yeux d’un large public ; un examen de conscience paraît sérieusement indiqué s’ils veulent retrouver un minimum de confiance de la population ; faute de quoi, ils ne devront pas s’étonner que des activistes les confondent sur le terrain avec des militants politiques ordinaires et leur appliquent le traitement qu’ils ont l’habitude de leur réserver.
Pierre Alex MARIE-ANNE