le 20 février au Carreau du Temple
Séminaire arts de la scène organisé par le laboratoire SeFeA de la Sorbonne Nouvelle
Conférences –projections-performances- lectures-tables rondes
14h-20h
Entrée libre sur réservation (sefeaparis3@gmail.com)
Cultures noires ? Cultures afropéennes ? Cultures métisses ? Cultures tout-monde ? Quels espaces de création en partage pour les Afrodescendants de France ? Quel territoire de reconnaissance, de visibilité et d’écoute ? Le laboratoire SeFeA que dirige Sylvie Chalaye au sein de l’Institut de Recherche en Etudes théâtrales de la Sorbonne Nouvelle invite chercheurs, sociologues, anthropologues et historiens, mais aussi artistes de la scène, réalisateurs et metteurs en scène, ainsi que directeurs de lieux à interroger les territoires culturels contemporains nés de l’histoire coloniale française et des migrations et leur enjeux artistiques et esthétiques, comme leurs enjeux socio-économiques. L’utopie du vivre-ensemble ne devrait-elle pas se construire d’abord au plan de l’art et de la culture ?
Déroulé :
14h introduction : Couleurs et frontières (mentales) par Sylvie Chalaye
Lectures (5’)
14 h 30 : Un territoire culturel de l’entre-deux, table ronde animée par Pénélope Dechaufour avec Daniel S⋅ Larangé, Elodie Malanda, Ramcy Kabuya et Chantal Ahounou
16 h : Projection : La Mort de Danton, un film d’Alice Diop suivi d’un échange avec la réalisatrice animé par Selim Rauer.
Lectures (5’)
17 h 30 : Quels espaces de création en partage pour les Afrodescendants de France ?, table ronde animée par Sylvie Chalaye avec Isabelle Boni-Claverie (réalisatrice), Assane Timbo (comédien), Nach (krumpeuse), Steevy Gustave, Paulin Foualem (metteur en scène), Myriam Tadessé (comédienne), Mathieu Bauer (Directeur du Nouveau Théâtre de Montreuil, sous réserve), Greg Germain (Directeur du Théâtre de la Chapelle du verbe Incarné en Avignon) et Eric Ruff (Administrateur général de la Comédie Française)
Pause
20h30 : Hééé Mariamou de Maïmouna Coulibaly
Hééé Mariamou :
”J’ai monté “Hééé Mariamou” pour défendre la petite fille que j’étais.
Je me suis toujours sentie imcomprise dans ma jeunesse. Je ne savais pas où était ma place dans la société, chez moi, à l’école…
En 1998, une formatrice d’éducateurs à la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) m’a demandé de monter une petite pièce de théâtre qui mêlerait danse et jeu, avec des saynètes incluant les problèmes de la double culture. J’ai repris toutes mes frustrations, les insultes subies dans ma jeunesse, le racisme, les préjugés… Envers ma mère et moi-même. J’ai voulu sortir tous les maux et les incompréhensions. J’ai monté la pièce avec des jeunes du SMJ (Service municipal de la jeunesse) d’Aulnay-sous-bois dont j’étais l’animatrice danse. Tous les personnages sont inspirés des gens qui m’ont entourée: ma mère, mes copines d’enfance, mes profs de collège et lycée… La représentation donnée en 1999 a été, à ma grande surprise, un succès.
Au moment des événements de novembre 2005, avec “le Kärcher” et “la racaille” de Sarkozy, j’ai été très touchée. Je ne savais pas quoi faire. D’entendre toutes les conneries dites à la télé ou dans les journaux sur les cités, sur les motivations des casseurs, la façon dont ils les jugeaient sans savoir, j’ai voulu m’exprimer, donner mon point de vue. A travers ce que je sais faire de mieux, la danse et le théâtre. J’ai ressorti le texte de “Hééé Mariamou” de mes cartons et j’ai fait le triste constat que la pièce était toujours d’actualité: les choses n’ont pas évolué mais plutôt régressé dans les banlieues. A l’époque, je séchais sur la fin, mais maintenant ayant grandi, j’ai su ce que pouvaient devenir les personnages 10 ans après, en m’inspirant toujours de ce que sont devenues mes copines d’enfances restées dans ma cité de Grigny, à la Grande-Borne. C’est une pièce pour montrer l’humanité qu’il y a en chacun de nous, qu’on soit noir blanc maghrébin asiatique vieux jeune moche ou beau…
Ma mère a droit au même respect que la mère de Jean-Charles. ”
Maïmouna