La rue Princesse par la Cie N’Soleh d’Abidjan
Par Selim Lander
Nous ne dirons rien à propos de l’ensemble de cette édition de la biennale de danse, n’ayant pu assister qu’à l’ultime spectacle, celui des Ivoiriens, intitulé La Rue Princesse. Ce fut, en tout état de cause, une assez agréable manière de clôturer la biennale, drôle et enlevée de bout en bout (mais voir in fine), sur une musique faite pour accompagner la danse. L’idée d’asseoir quelques spectateurs sur la scène autour de tables de bar pour rappeler les « maquis » abidjanais, installait tout de suite une ambiance bon enfant, en accord avec le comportement sympathiquement décontracté des danseurs.
On a apprécié également les costumes et les quelques gadgets mis à contribution, comme ces voitures en modèle réduit tirées au bout d’une corde pour aboutir à un embouteillage général, un clin d’œil critique de la société moderne, parmi d’autres. Les vidéos projetées sur le fond de scène offraient par ailleurs un aperçu de ce qui se passe réellement dans les boites à danser d’Abidjan. Ce spectacle plein d’humour et gentiment satirique se termine lorsque la grande scène de la salle … Aimé Césaire … est envahie par le public, enfin cette partie du public qui n’en pouvait plus de ne pas participer.
Eo dicto (tout ceci posé), on ne criera pas pour autant au chef d’œuvre. C’est que la danse de rue – quels que soient les efforts pour introduire de la variété, en changeant les costumes et en évoquant des situations différentes – reste la danse de rue, avec son vocabulaire limité, même s’il est ici africanisé avec assez peu de figures empruntées directement au hip-hop.
Le principe de base qui organise ces spectacles est en effet toujours le même : les danseurs se défient en faisant assaut de virtuosité. Comme leurs exercices sont très physiques, ils s’épuisent rapidement au et doivent laisser la place à un suivant afin de reprendre souffle et force. Les neuf danseurs n’évoluent donc jamais ensemble ; de rares mouvements coordonnés ne vont pas au-delà du trio. Sans aller jusqu’à dire que nous avons fini par nous ennuyer, cette Rue Princesse nous a fait le même effet que certains films qui créent d’emblée une atmosphère originale et prenante puis qui nous perdent un peu lorsque nous nous rendons compte que l’histoire ne tient pas les promesses du début.
Les 19 et 20 mai 2016 à Fort-de-France.