— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il ne faudrait pas se cacher derrière une querelle de mots. Lorsqu’on parle de dictateur à la Collectivité territoriale de Martinique, chacun sait de quoi on parle. On sait qu’il y a des élections et qu’un parapluie enlève à ce mot son essence. Cette protection s’appelle l’État français, même si celui-ci évite le plus possible d’entrer dans les bisbilles politiciennes entre élus martiniquais. Il y avait bien avant la chute du rideau de fer des pays qui s’appelaient démocraties populaires. On sait pourtant qu’ils n’étaient ni démocratiques ni populaires.
En réalité, le système de la CTM se rapprocherait plus de la « démocrature », vocable récent qui est appliqué aux pays où les dirigeants sont choisis par un vote, souvent vicié, mais s’autorisent dans l’exercice du pouvoir des gestes d’autorité exorbitants du droit commun. Il suffit par exemple que le statut de l’institution contienne des lacunes telles qu’il soit impossible à l’opposition ou aux alliés de la majorité d’en appeler le président au respect de la règle démocratique. C’est le cas pour la CTM. La violence des attaques par d’anciens alliés de la CTM contre les méthodes de la gouvernance finissante atteste d’une réalité qui n’aurait dû échapper à aucun citoyen averti : le président de la CTM a pu faire tout ce qu’il a fait dans le cadre de l’institution territoriale. En dehors de l’épisode de Séguineau, il n’y a jamais eu le moindre recours juridique contre les actes supposés illégaux du président sortant. L’opposition ainsi que les différentes parties mécontentes de son action se sont retrouvées dans l’incapacité de fait de contester juridiquement, à moins de s’autosanctionner. Le président du conseil exécutif s’en trouve surprotégé. Qui n’y voit dans l’écriture même du statut les germes de possibles autoritarismes, et que pour le reste il ne soit affaire de tempéraments ? Reste que si les attaques actuelles avaient été faites en cours de mandature, elles auraient pu être catastrophiques en cas de démission du président.
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il ne faudrait pas se cacher derrière une querelle de mots. Lorsqu’on parle de dictateur à la Collectivité territoriale de Martinique, chacun sait de quoi on parle. On sait qu’il y a des élections et qu’un parapluie enlève à ce mot son essence. Cette protection s’appelle l’État français, même si celui-ci évite le plus possible d’entrer dans les bisbilles politiciennes entre élus martiniquais. Il y avait bien avant la chute du rideau de fer des pays qui s’appelaient démocraties populaires. On sait pourtant qu’ils n’étaient ni démocratiques ni populaires.
En réalité, le système de la CTM se rapprocherait plus de la « démocrature », vocable récent qui est appliqué aux pays où les dirigeants sont choisis par un vote, souvent vicié, mais s’autorisent dans l’exercice du pouvoir des gestes d’autorité exorbitants du droit commun. Il suffit par exemple que le statut de l’institution contienne des lacunes telles qu’il soit impossible à l’opposition ou aux alliés de la majorité d’en appeler le président au respect de la règle démocratique. C’est le cas pour la CTM. La violence des attaques par d’anciens alliés de la CTM contre les méthodes de la gouvernance finissante atteste d’une réalité qui n’aurait dû échapper à aucun citoyen averti : le président de la CTM a pu faire tout ce qu’il a fait dans le cadre de l’institution territoriale. En dehors de l’épisode de Séguineau, il n’y a jamais eu le moindre recours juridique contre les actes supposés illégaux du président sortant. L’opposition ainsi que les différentes parties mécontentes de son action se sont retrouvées dans l’incapacité de fait de contester juridiquement, à moins de s’autosanctionner. Le président du conseil exécutif s’en trouve surprotégé. Qui n’y voit dans l’écriture même du statut les germes de possibles autoritarismes, et que pour le reste il ne soit affaire de tempéraments ? Reste que si les attaques actuelles avaient été faites en cours de mandature, elles auraient pu être catastrophiques en cas de démission du président.
Un journaliste prévoit qu’en cas de succès futur de la liste qu’il conduira aux futures élections de la collectivité, Alfred Marie Jeanne envisagerait de se faire élire président de l’exécutif puis se retirerait en cours de mandat au bénéfice de l’un de ses protégés. C’est ignorer qu’en cas d’indisponibilité du président de l’exécutif pour QUELQUE RAISON QUE CE SOIT, c’est l’ensemble des 9 membres de l’exécutif qui quittent la collectivité. Comme le Conseil exécutif est la quintessence de la coalition, le PCE devient le véritable « Maître » de la CMT : chacun veille sur sa santé, son humeur et même, le cas échéant, sur sa situation judiciaire. Il tient donc en respect les 8 autres élus du CE qui s’en iraient avec lui, y compris peut-être celui qu’il voudrait voir lui succéder.
En conséquence, on ne comprend pas que la presse continue de faire des analyses en ignorant ce point de blocage possible de l’institution. Si les sombres objectifs prêtés à AMJ sont vrais, les imperfections du texte auraient cependant l’avantage de l’empêcher de jouer avec la démocratie. Cela signifierait aussi que la méconnaissance du statut de la CTM remonterait jusqu’au sommet. C’est vrai, le mot « dictateur » n’est pas exact puisqu’il y a élection et intervention possible de l’Etat, mais on peut fort bien user du terme « démocrature ». Ceux qui ont négocié l’écriture du texte ont-ils pu ignorer ses imperfections ? Peut-être l’avaient voulu ainsi, chacun étant persuadé que c’est lui qui hériterait de ce pouvoir exorbitant. Il a paru souhaitable de modifier cette écriture avant que la Martinique ne fasse les frais d’une seconde expérience. Mais tout le monde fait la sourde oreille, préférant prendre le risque d’en arriver au clash. Sans doute parce que trop attentif à se retrouver avec les gagnants en juin prochain.
Fort-de-France, le 29 avril 2021
Yves-Léopold Monthieux
NDLR : Né en 1936 AMJ aurait 91 ans en fin de mandat en 2027
Un journaliste prévoit qu’en cas de succès futur de la liste qu’il conduira aux futures élections de la collectivité, Alfred Marie Jeanne envisagerait de se faire élire président de l’exécutif puis se retirerait en cours de mandat au bénéfice de l’un de ses protégés. C’est ignorer qu’en cas d’indisponibilité du président de l’exécutif pour QUELQUE RAISON QUE CE SOIT, c’est l’ensemble des 9 membres de l’exécutif qui quittent la collectivité. Comme le Conseil exécutif est la quintessence de la coalition, le PCE devient le véritable « Maître » de la CMT : chacun veille sur sa santé, son humeur et même, le cas échéant, sur sa situation judiciaire. Il tient donc en respect les 8 autres élus du CE qui s’en iraient avec lui, y compris peut-être celui qu’il voudrait voir lui succéder.
En conséquence, on ne comprend pas que la presse continue de faire des analyses en ignorant ce point de blocage possible de l’institution. Si les sombres objectifs prêtés à AMJ sont vrais, les imperfections du texte auraient cependant l’avantage de l’empêcher de jouer avec la démocratie. Cela signifierait aussi que la méconnaissance du statut de la CTM remonterait jusqu’au sommet. C’est vrai, le mot « dictateur » n’est pas exact puisqu’il y a élection et intervention possible de l’Etat, mais on peut fort bien user du terme « démocrature ». Ceux qui ont négocié l’écriture du texte ont-ils pu ignorer ses imperfections ? Peut-être l’avaient voulu ainsi, chacun étant persuadé que c’est lui qui hériterait de ce pouvoir exorbitant. Il a paru souhaitable de modifier cette écriture avant que la Martinique ne fasse les frais d’une seconde expérience. Mais tout le monde fait la sourde oreille, préférant prendre le risque d’en arriver au clash. Sans doute parce que trop attentif à se retrouver avec les gagnants en juin prochain.
Fort-de-France, le 29 avril 2021
Yves-Léopold Monthieux
NDLR : Né en 1936 AMJ aurait 91 ans en fin de mandat en 2027