(pour mon neveu et filleul Jean-Philippe S.)
— Par Lenous Guillaume-Suprice —
Tu pourrais encore franchir le mur
avant l’inéluctable
voir des enfants fleurir plusieurs sourires d’oliviers
avant les premières foudres dans leurs yeux
Mais à l’impossible
où aller
que faire sinon enregistrer et encore remémorer le cours des choses
et puis vouloir que tes fils soient bien adroits
attachés avant tout à l’habitat des ancêtres
Il ne sert à rien (parfois) de courir de long en large
devant l’indésirable
Mieux vaut (souvent) tout affronter
et dire ses quatre bêtises à l’ignoble de plein fouet
Cinq miroirs aux images brisées plus tard
et combien de villes défilées en poussière depuis
avec les promesses d’invétérés coquins
au vol des vautours du quotidien
tu es toujours là
méprisé
à encaisser les coups de l’horreur
Sans peur ni rien sinon ton courage entre les mains
tu combats la même sottise des destructeurs
à travers leurs tirs aveuglés par l’arrogance
nourris par l’indifférence de quelques nations fortifiées
unies autour du désir des plus forts
de mater les faibles espoirs des plus démunis d’entre tous
Tu ne sais pas comment
n’arrives même pas à dire à la personne qui rehausse ton quotidien
que la simple vue d’un offensant obstacle
enlève tout goût à la prudence
mais pousse tout être sensé à se surprendre lui-même
devant toute épreuve
par une sagacité et même une bravoure à tout casser
en jouant son va-tout devant les bras armés de la folie
À cinq ans
ton plus jeune connaît déjà le nom de ce qu’il faut
pour anéantir les élans des porteurs de feu
des prédateurs dans l’âme et le sang
qui opèrent à vision sans clarté et féroce mordant pour tout broyer
Mais comment déjouer toute cette calamité
à la tombée de chaque nuit
au lever de chaque matin
tout en gardant saine et sauve ton humanité
tout en préservant l’entendement d’une accoutumance à la brutalité
Lenous Guillaume-Suprice,
Montréal-Nord, juin-juillet 2024.
*Une première version de ce texte a été publiée dans la revue « Tanbou », édition printemps-été 2017.