— Par Marie Schuster —
Le Festival du film océanien s’est ouvert, lundi, à Tahiti, à l’occasion de sa 17e édition. Des réalisateurs originaires d’Océanie qui, par le biais de films documentaires et de fictions, redonnent la parole aux habitants de leur région. L’occasion de mettre en lumière les problèmatiques auxquelles ils sont, aujourd’hui encore, confrontés.
Un festival pour libérer la parole des Océaniens. Accueillant, comme chaque année, des réalisateurs venus de toute la région pour une semaine de projection, le Festival international du film océanien (FIFO) a ouvert sa 17e édition, lundi 3 février, à Papeete (Tahiti). Cet événement, qui permet de découvrir l’Océanie sous un autre jour, redonne la parole aux habitants de cette région lointaine, ces derniers pouvant ainsi raconter leur propre histoire et se la réapproprier.
À travers une sélection de films documentaires et de fictions, le FIFO permet aux réalisateurs – qui viennent d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Polynésie, et pour la première fois, de l’Ile de Pâques – de faire connaître leurs identités, leurs cultures et leur quotidien, loin des images exotiques que l’on peut avoir de cette région du Pacifique.
Difficultés sociétales et conflits
Pour cette nouvelle édition, les réalisateurs ont choisi d’évoquer les thèmes de la violence conjugale, le racisme, le poids des traditions, ou encore la guerre qu’ils vivent au quotidien.
Loin de ces images d’épinal, les sociétés océaniennes se trouvent « traversées par des difficultés », explique le président du jury, le réalisateur Éric Barbier, à Marie Schuster, journaliste pour France 24. « Des difficultés sociétales, des difficultés d’existence, des conflits aussi », ajoute-t-il, précisant qu’il s’agit, en l’espèce, souvent de conflits avec les anciennes autorités.
Son film, « Petit Pays », adapté du roman de Gaël Faye, a été présenté en avant-première mondiale au cinéma Liberty de Papeete. Pourtant, Éric Barbier, qui préside cette année le jury du festival, avoue ne rien connaître de l’Océanie. Celui-ci attend toutefois beaucoup de cette édition et des échanges avec les autres membres du jury, « plus impliqués » dans la région pour mieux comprendre les cultures océaniennes.
À l’origine de ce festival, Walles Kotra, kanak, directeur du Pôle Outre-mer de France Télévisions et co-fondateur du FIFO (avec Heremoana Maamaatuaiahutapu) se réjouit de l’engouement grandissant du public pour le festival, et estime que celui-ci permet de reconstruire « une parole nouvelle pour l’Océanie d’aujourd’hui, parce que nous ne vivons pas dans le passé », a-t-il déclaré à France 24.
« Parfois, les anthropologues nous laissent un peu dans le passé, mais non, nous on est aussi ici. Regardez autour de vous : tous les enfants qui sont là ont des smartphone. C’est tout ça qu’il faut que l’on puisse gérer ensemble. »
Éduquer, toucher, communiquer
Pour impliquer les plus jeunes, et susciter, peut-être, des vocations, des ateliers de tournage, de montage, numériques, d’écritures de scénarii, sont organisés, en marge des projections, par des professionnels du milieu.
« Beaucoup de gens qui projettent des films au FIFO ont débuté par un atelier ici, à Tahiti, avant de partir faire leurs études en Australie ou en Nouvelle-Zélande, où l’industrie cinématographique est plus développée », raconte la co-organisatrice du festival, Khadija Benouataf. « Et on les voit revenir avec leurs films des années plus tard. »
Parmi les films en compétition cette année, « In my blood it runs », de l’Australienne Maya Newell, relate la vie d’un jeune aborigène d’Alice Springs (centre de l’Australie), perdu dans une société faite pour les Blancs, et une scolarité faite par les Blancs, sans considération pour la tradition et l’histoire aborigène….
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