— Entretien réalisé par Victor Hache —
Le très créatif collectif de hip-hop emmené par DJ Fade et les MC’s Green et FP part en tournée avec son troisième album, The Jade Amulet, sorti cet automne. Une épopée musicale et cinématique inspirée de la mythologie, des westerns spaghettis, des films de Tarantino et de samouraïs !
Comment est née l’idée de cette odyssée musicale et cinématographique qu’est The Jade Amulet ?
Green Cela faisait un moment qu’on songeait à ce projet. Quand on se lance dans ce genre d’aventure extraordinaire, il faut aller jusqu’au bout, sinon ce n’est pas la peine de le faire. Dans l’histoire, je suis le narrateur et FP joue le personnage principal, Shalim, le héros. Pour nous, c’était intéressant parce qu’on aime la littérature et dans un livre, on a souvent la voix de l’auteur, les dialogues… Au début, on a fait ça pour un seul morceau et ensuite on s’est dit que si on arrivait à trouver une dynamique, un bon chemin pour l’écriture, on pourrait imaginer une histoire épique et faire un album narratif entier. L’autre idée, c’était de se défaire de l’ego propre au hip-hop où c’est toujours « moi, je suis le meilleur ». Jouer le rôle du narrateur permet d’éviter tous ces clichés.
C’est votre premier album concept. Comment avez-vous procédé pour marier scénario et compositions ?
Green La musique, comme chaque forme artistique, porte et fait penser à plein de choses, des couleurs, des sentiments. On voulait qu’elle raconte une histoire. On a d’abord composé pour illustrer les émotions et après on a écrit les paroles définitives.
Fade On a procédé par chapitres et écrit morceau par morceau. Dans Pierre et le loup, de Prokofiev, les instruments incarnent les personnages de l’histoire. Il y a un son, un thème. Ça nous a beaucoup aidés. En fait, on a imaginé le projet comme une BO de film. On a regardé beaucoup de westerns spaghettis, mais aussi des films de Tarantino, de samouraïs.
Green La base narrative repose sur la mythologie. Ce qui nous a permis de créer un monde fictionnel et intemporel et non géographiquement situé à partir d’esthétiques très différentes que nous trouvions cohérentes.
Votre univers est très riche avec des influences venues du hip-hop, de la soul, du jazz, de l’électro…
Green L’esthétique qu’on a cherchée, c’est vraiment les bandes sonores des films des années 1960-1970 avec une texture de son autour de la soul orchestrale, du jazz psychédélique. On vient du hip-hop et tout ce qu’on fait a cette couleur qui vient naturellement. En cela, c’était important pour nous d’explorer d’autres univers.
L’amulette que porte autour du cou Shalim, quel est son pouvoir ?
Fade Il est toujours en train d’y penser. C’est le truc qui guide, le power. L’amulette, c’est un peu l’esprit, l’âme de Shalim.
On pourrait presque imaginer un film. Y avez-vous déjà pensé ?
Fade Bien sûr !(rires), mais on aimerait d’abord faire une trilogie, un peu comme le Seigneurs des anneaux. On a laissé la fin de cet album ouverte en vue du deuxième. On ne sait pas si on le fera mais on connaît déjà l’histoire qui pourrait suivre.
Vous coproduisez le CD avec le label indépendant Hoso, accompagné d’un double vinyle et d’une BD. Une major n’aurait pas pu se lancer dans un tel projet !
Green Les images aident à poursuivre le rêve. Pour nous, le plus important, ce n’est pas le nombre de personnes qui vont écouter un de nos morceaux, mais les gens qui abordent l’album dans son ensemble et entrent dans l’épopée.
Fade C’est le problème de l’industrie de la musique car il n’y a pas beaucoup d’argent et tout le monde télécharge. Un album comme celui-là coûte cher. On ne l’a pas fait pour l’argent mais pour imaginer quelque chose qui soit beau. Aujourd’hui, on n’est pas obligé de passer par un grand label. Avec Internet, on est plus libre et on peut mettre en ligne…
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