— Par Fara C. —
La Cie Lubat invitant Alfred Varasse et Luther François puis Omar Sosa avec Jacques Schwarz-Bart incarnent avec force la créolisation d’Édouard Glissant.
Christian Favier, président du conseil du Val-de-Marne, défend avec force Sons d’hiver, « carrefour de cultures, où création rime avec transmission et émancipation ». Les bâtisseurs antillais d’un jazz prenant en compte la richesse de leur culture – ancestrale autant que moderne – restent iniquement sous-exposés dans l’Hexagone. Ils sont insuffisamment programmés et récompensés par les divers prix. De ce point de vue, Sons d’hiver propose deux rendez-vous cardinaux. D’abord, la Cie Lubat (le 3, « Enjazzement libre »), avec le maître du tambour bélé martiniquais Alfred Varasse et Luther François, émérite saxophoniste de Sainte-Lucie. Puis le pianiste cubain Omar Sosa et le saxophoniste guadeloupéen établi à New York Jacques Schwarz-Bart (le 9, « Creole Spirits »). Cette création explorera les liens entre santeria cubaine et vaudou haïtien, dont la capacité de résistance a traversé les siècles. « Creole Spirits » et « Enjazzement libre » constituent d’éclatantes illustrations de la « créolisation » conçue par Édouard Glissant, qui, dans Traité du Tout-Monde (1993), écrivait : « J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et disharmonies entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre. »
« Des artistes dont la créativité est essentielle à l’esprit de l’art »
Dans la sphère du jazz, la trop faible représentativité des artistes afro-français nécessite, comme pour les instrumentistes féminines (sous-exposées, elles aussi), une démarche éminemment volontaire, pour que la situation progresse plus rapidement. Chaque décideur doit faire de ce problème une priorité. D’autant que la valeur artistique est bel et bien là…
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