— — Le n° 349 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Nous nous félicitons de (et nous y participons !) ce rassemblement unitaire qui se tient avec l’implication de la municipalité du Prêcheur dirigée par PÉYI-A, de PÉYI-A lui-même, et de son autre municipalité Ducos, du syndicat CSTM, d’une organisation citoyenne de Saint-Pierre, du GRS et de RÈSPÉ.
Le rendez-vous est à Sainte-Philomène, sur la route entre Saint-Pierre et Prêcheur à 9 h 30. Sainte-Philomène est le lieu de la terrible fusillade du 22 mai 1848 contre les esclavisé·e·s du Prêcheur. C’est le début de cette grande révolte des 22 et 23 mai 1848. Chaque organisation présente aura la parole pour cet hommage, 176 ans après.
Pour celles et ceux qui viennent de Fort-de-France et de plus loin au sud, la CSTM offre des places dans son bus qui part à 8 heures à la maison des syndicats. Il faudra toutefois vérifier qu’il reste des places, sinon se tourner vers les covoiturages qui auront lieu.
Retrouvons-nous, nombreuses et nombreux !
Palestine, Kanaki, ( et Ukraine ) faut-il manifester ?
Près de 150 personnes ont manifesté aux flambeaux dans les rues de Fort-de-France, pour réclamer le cessez–le–feu et l’arrêt du génocide en Palestine à l’appel de plusieurs organisations dont la nôtre.
Première manifestation depuis la fin décembre (à part la présence salutaire de Martinique Palestine Solidarité dans les cortèges du 8 mars et du 1er mai), cette manifestation s’imposait au moment où la dernière parcelle du petit bout de territoire nommée « bande de Gaza », vit les heures les plus douloureuses et les plus dangereuses de toute son histoire. Malgré le contexte particulier d’une veille de dimanche de pentecôte, cette manifestation se justifiait.
La présence des deux députés (le Réunionnais Younous Omar Jee à peine descendu d’avion, et le Martiniquais Marcellin Nadeau de Péyi-a ) étaient à cet égard significative.
Cela n’empêcha pas, dans les conversations militantes et même dans les interventions au micro, des débats assez répétitifs mais incontournables. Était–il juste d’associer dans un slogan improvisé les causes de la Palestine et de la Kanaky ? (On tue à Gaza, on tue à Nouméa, c’est le colonialisme qui assassine !). Et même, faut–il manifester pour ces combats lointains alors que nous manquons d’eau, de transports publics suffisants, de mécanismes protecteurs contre le vol de terres et … que nous avons du chlordécone dans le sang ?
Reprenons nos réponses : 1) Opposer les luttes locales aux combats « lointains », ne sert pas du tout l’implication dans les combats locaux. Au contraire, cela sert d’alibi facile à celles et ceux qui ne se mobilisent sur rien. En dénigrant le réflexe sain de la révolte contre l’injustice dans quelque partie du monde que ce soit, on affaiblit la volonté de se rebeller contre les problèmes qui nous assaillent, ici et maintenant. Il y a toujours des choix de mobilisations à faire, mais relativiser l’importance cardinale d’une action mondiale contre le crime et le génocide, n’est ni moral, ni intelligent, ni efficace.
2) Les tâches de solidarité internationaliste dans le contexte mondialisé d’aujourd’hui, est une aide que l’on se porte à soi-même. Inutile d’insister longuement sur l’exemple de la Kanaky tellement nous sommes confrontés à des problèmes assez semblables : refus obstiné du colonialisme français de respecter la parole qu’il a dû donner dans un moment de grande mobilisation populaire, entêtement à maintenir la domination coloniale y compris en donnant la main à la recolonisation de peuplement, incapacité de résoudre les problèmes sociaux, source périodique d’explosions de colère.
L’argument vaut aussi, quoique de façon différente pour le cas de la Palestine : que serait le monde, que deviendrait la lutte des peuples pour leur émancipation, le nôtre compris, si le génocide en cours à Gaza arrivait à son horrible terme, si les peuples indignés du monde se révélaient impuissants à arrêter le bras des criminels dans le cas, beaucoup plus connu, beaucoup plus long et au risque beaucoup plus total que l’abominable cas du Rwenda, dont nous payons encore le coût au Congo?
Et même, si les choses sont beaucoup plus embrouillées dans le cas de l’Ukraine, que gagneraient les peuples se battant pour leur autodétermination d’une victime du « typique argousin grand russe » qui règne sur la Russie avec le rêve abominable de reconstruire une « prison des peuples », glorieusement abolie par la grande révolution d’octobre 1917 ?
Dans le monde interconnecté du 21 siècle, où le capitalisme en crise vit des concurrences enragées pour le profit, suscitant des conflits entre États qui sont tous capitalistes (la Chine et la Russie comprises), l’autodétermination des peuples redevient un enjeu capital, plus universel que jamais dans l’histoire.
À GAZA, À NOUMÉA, À KIEV, il est de notre intérêt d’en défendre le principe et la réalité en prenant deux précautions essentielles :
1. Garder à l’esprit la conscience précise des différences entre les situations.
2. Garder une totale indépendance à l’égard des forces dirigeant les processus de résistance, surtout, bien entendu, quand il s’agit de forces étatiques qui ne sont pas nos amies. Loin s’en faut, en particulier quand il s’agit de l’Ukraine.