—Par Pierre Alex Marie-Anne —
Leurs interventions tournent quasi-exclusivement sur deux thèmes de prédilection : la question de l’esclavage et de sa réparation d’une-part, la décolonisation de notre île de l’autre.
Tous d’eux ont un point commun, la mise en accusation de la France, responsable à leurs yeux de tous leurs malheurs .
Ainsi à l’orée du XXI° siècle, où la menace du changement climatique suscite les plus grandes inquiétudes pour le maintien de nos conditions d’existence, rien ne serait plus important pour ces intellectuels que de discourir sans fin, les yeux rivés sur le rétroviseur, de ces deux questions.
D’abord celle de l’esclavage, pourtant aboli en 1848 pour ce qui nous concerne, mais qui continue à hanter leurs esprits au point d’y voir la source originelle de tous nos problèmes : selon eux nos gènes porteraient les stigmates de l’esclavage, d’où notre incapacité à agir sur notre destin et à , affronter les défis du monde moderne.
Le seul résultat tangible de cette obsession maladive, est d’imprégner dans le cerveau de nos concitoyens l’idée qu’ils sont les victimes d’une sorte de malédiction ancestrale qui les condamne, pour le présent et le futur, à l’impuissance et justifie à l’avance tous leurs renoncements.
Pour parachever cette entreprise de néantisation de l’homme martiniquais, ces pseudo-intellectuels mais vrais militants politiques, en rajoute une couche avec cette vieille antienne de la décolonisation, qu’ils ont trouvé un moyen astucieux de remettre au goût du jour.
Ils se sont emparés de la vogue actuelle des questions mémorielles pour réécrire l’histoire à leur convenance, en dehors de tout souci d’authenticité, et dresser le procès de tous ceux qui ont permis à la Martinique d’être ce qu’elle est aujourd’hui : une terre où cohabitent harmonieusement ( jusqu’à quand?) toutes les races et toutes les cultures et où le niveau et la qualité de vie sont sans commune mesure avec ceux des territoires environnants, dont les habitants cherchent régulièrement à émigrer chez nous.
Dans leur rage iconoclaste qui n’épargne ni les bienfaiteurs de l’île ni ceux grâce à qui elle jouit d’une notoriété internationale, dont ils cherchent à effacer la moindre trace ( statues, noms de rues ou de places) ils ne se rendent même pas compte du caractère paradoxal de leur action et de celle des jeunes écervelés, préalablement endoctrinés qu’ils manipulent à cet effet.
Ainsi ne se posent-ils pas la question de savoir s’ils auraient jamais pu aborder les rivages antillais si un certain D’Esnambuc ne les y avait précédé en prenant possession de l’île au nom du Roi de France . Qu’ils le veuillent ou non c’est bien à lui et à ceux qui lui ont succédé qu’ils doivent leur présence sur cette terre ( qu’ils revendiquent désormais comme étant la leur) mais dont ils ne sont nullement originaires
On peut certes (et même on le doit) déplorer, et le massacre suivi de l’expulsion des Amérindiens qui en étaient les premiers occupants légitimes et la traite négrière qui s’est soldée par la déportation aux Amériques de milliers d’Africains, mais cela ne change rien à la réalité historique incontournable que ce sont les colons blancs qui ont fait venir dans l’île de MADININA nos malheureux ancêtres . On ne bâtit rien de solide pour l’avenir d’un peuple sur le mensonge ! Refuser de voir et reconnaître cette humble réalité ne grandit pas ceux qui se livrent de façon éhontée à la falsification de l’histoire.
A cette croisée des chemins où nous nous trouvons, la seule question qui vaille pour les descendants que nous sommes est de savoir quelle direction empruntée pour continuer à progresser dans l’avenir ? Il n’y en a que deux, n’en déplaise aux prestidigitateurs de la politique pour qui la nuit et le jour, l’eau et le feu, le cercle et le carré, et pour finir le 73 et le 74, sont interchangeables.
Le choix ne souffre pas d’ambiguïté: ou bien c’est celui de l’indépendance, ( l’autonomie n’étant jamais qu’une étape sur le chemin qui y conduit, faute d’ être viable “au compte d’autrui “), ce qui implique d’accepter d’en payer le prix et d’en supporter les sacrifices inéluctables ; un simple constat permet d’en prendre la mesure, tout ce dont nous bénéficions aujourd’hui et qui se chiffre par dizaines voire centaines de milliards résulte de notre intégration pleine et entière à la nation francçaise : Sécurité sociale et allocations de toute nature (dont le paiement des prestations est imputé directement sur les caisses nationales (CNAM, CAF et CNAV) dans le cadre de la solidarité nationale assurant l’adéquation entre le niveau des cotisations, quel qu’il soit, et celui des prestations ( le Gap en 2013, qui n’a cessé de croitre depuis, était de plus de 540 millions d’euros -source agenda CGSS), traitements – majorés de 40% -de plus de 18 000 agents de l’État pour près d’un milliard € ( source Préfecture RASE 2011 actualisé ) et retraites , versés par le Trésor public, dotations financières aux collectivités locales, représentant près de 40% de l’équilibre de leur budget, financement du logement social à des conditions ultra préférentielles de taux et de durée (CDC-LBU -Défiscalistion) et péréquation d’un prix unique de l’électricité sur tout le territoire national Outre- mer compris, équipements scolaires et universitaire, hospitaliers et médico-sociaux par référence à des ratios d’équipement nationaux s’appliquant automatiquement, infrastructures portuaires, aéroportuaires et routières des plus modernes, abattement fiscal spécial DOM sur les ménages ( -30%) sans parler des politiques publiques d’aide et de soutien à l’économie et à l’emploi (plus que jamais nécessaire à l’heure du COVID 19).
Cette énumération, très loin d’être exhaustive ( on ne peut que déplorer la pénurie d’informations fiables disponibles sur place, ce qui fait la part belle à tous les charlatans, diplômés ou pas), démontre s’il en était besoin le catactère vital de notre intégration dans l’ensemble national français.
Dès lors que que nous cesserions d’en faire partie, c’est toute l’architecture de notre société, à base principalement de transferts sociaux inhérents à notre qualité de citoyens de la République française (même si l’impératif du Développement est notre préoccupation première) qui s’écroulerait, comme un château de cartes, du jour au lendemain.
Bien entendu il en serait de même des Droits et Libertés que nous garantit actuellement la Constitution française, dans un monde rendu plus dangereux que jamais, aussi bien par l’action de l’homme que de la nature (risques naturels majeurs).
Les partisans de l’indépendance, s’ils ne veulent pas passer pour des” faux-monnayeurs” doivent avoir l’honnêteté de dire la vérité au peuple : l’indépendance dont ils nous font miroiter les vertus est celle de la misère, d’une régression sociale sans précédent qui nous ramènerait aux conditions de vie ( magnifiées aujourd’hui par des petits bourgeois grassement nourris et bien nantis ),que nos arrière-grands-parents ont connus et dont ils ont cherché à s’extraire par tous les moyens.
À celui-ci, dûment éclairé, d’arrêter son choix le moment venu, en pleine connaissance de cause.
Ceux qui s’imaginent que la France ferait de la résistance pour conserver, contre l’avis de ses habitants, ses dépendances antillaises se bercent d’ illusions ; elle n’y a objectivement aucun intérêt, leur départ étant synonyme pour elle de milliards d’économies en tous genres et surtout, à l’heure de la construction européenne qui est son grand dessein pour le siècle en cours, nous constituions objectivement “le caillou dans la chaussure “ dans ses négociations commerciales avec ses différents partenaires.
Seuls les liens tissés par une histoire commune de plus de trois siècles et scellés par le sang de nos soldats, lors des deux guerres mondiales, fondent notre droit légitime d’appartenance à la communauté nationale française ; encore faut-il que nous ne nous ingénions pas nous-mêmes à le remettre en question en reniant notre filiation historique; à chacun de prendre ses responsabilités!
L’autre terme de l’alternative est assurément plus clair ; il s’agit, sans rien perdre de nos acquis, obtenus de haute lutte par le combat acharné de nos aînés, de tirer le meilleur parti de l’assurance -tous risques que nous procure notre intégration à l’ensemble national français, pour exploiter à fond les opportunités qui nous sont offertes de gérer,au mieux de nos intérêts, dans la perspective du Développement durable, les affaires de notre petit territoire; celles-ci sont en effet multiples : habilitations (eau, transport, énergie) adaptation de la réglementation à nos spécificités en tant que de besoin, expérimentations dans le cadre de la différenciation et de la Décentralisation, Diplomatie territoriale, accès aux financements européens pour nos investissements stratégiques .
Le cadre d’emploi préférentiel de ces opportunités est tout tracé : c’est le “ le Plan de convergence et de transformation de la Martinique “,pour la période 2019-2033, dont les orientations fondamentales (4 axes stratégiques et 17 objectifs de Développement durable), fruit d’un diagnostic partagé par les forces vives du territoire sur ses besoins sociaux, économiques et environnementaux, ont recueillies l’approbation de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et des trois Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI ).
C’est de notre capacité à nous mobiliser collectivement pour traduire en actions et réalisations concrètes ces orientations consensuelles que dépend le succès ou non de cette démarche innovante, ambitionnant de propulser la Martinique dans le peloton de tête du progrès.
C’est à cette tâche prioritaire que devraient s’atteler nos intellectuels et non à passer leur temps à cultiver la nostalgie d’un passé révolu ; à force de jouer avec le feu, ils finiront par se brûler et obtenir, sans préavis, ce qu’ils redoutent au fond d’eux-mêmes par dessus tout ; ils ne peuvent pas ignorer en effet que les lendemains d’ une éventuelle indépendance, une fois les lampions de la fête éteints, risquent d’être sanglants pour ceux que le peuple accusera de l’avoir délibéremment trompé et plongé dans une misère sans pareille et sans retour.
Pierre Alex MARIE-ANNE