—-Par Florent Grabi, président de l’ASSOPUMA —
Depuis plus de vingt ans, le Pr SULTAN (1) travaille sur les conséquences des perturbateurs endocriniens sur l’Homme et, comme bon nombre de chercheurs, il a toujours accompagné PUMA dans sa démarche de protection écologique de notre environnement. Tous ces chercheurs ont pu mettre en évidence les différentes molécules très dangereuses pour la population et son milieu naturel. Grâce à ces informations, nous avons accompagné des professionnels de l’agriculture qui ont pris conscience de ce péril ; ce qui leur a permis de procéder au retrait des différents produits dangereux, singulièrement dans la production de le banane.
Très récemment notre environnement a radicalement changé : alimentation industrielle, hygiène, mondialisation et standardisation de tous les objets courants, mélange des populations ; et pourtant ces dernières sont sujettes à de nouvelles pathologies insidieuses dites »émergentes » que les enquêtes épidémiologiques attribuent, pour une très grande part, à l’action de ces perturbateurs chimiques.
Les plus sournois d’entre eux, agissent sur notre système endocrinien ; ce système d’organes présents dans le corps humain, mais qui agissent de concert pour adapter en permanence notre fonctionnement aux besoins et contraintes de l’environnement.
Qui sont ces perturbateurs ?
Un perturbateur endocrinien (PE) est une substance chimique qui Désorganise le système hormonal.
Ce dernier associe plusieurs de nos organes dans la sécrétion et la fine régulation des hormones qui constituent de véritables messagers indispensables au bon développement et fonctionnement du corps.
Les PE ont des effets néfastes sur les processus de synthèse, de sécrétion, de transport, d’action ou d’élimination des hormones. Ils peuvent, selon leur type, altérer le taux d’hormones dans le sang, les limiter, les bloquer ou encore modifier la quantité d’hormones envoyée aux organes.
L’équilibre de ce système est très fragile, c’est pourquoi le dérèglement que les PE entrainent dans notre corps peut avoir de très lourdes conséquences ; en particulier, durant les premières étapes de la vie, nos hormones jouent un rôle fondamental dans le développement physiologique de l’individu : les impacts des PE sur le fœtus, le nourrisson, ou l’enfant en croissance peuvent s’avérer irréversibles.
Les PE, qui sont-ils ? Le BISPHÉNOL A (BPA).
Usages : il est utilisé dans la fabrication des plastiques en polycarbonate (petit électroménager, lunettes, CD et des résines époxy employées comme vernis internes des boites de conserve, canettes et couvercles, mais aussi dans les canalisations d’eau, les cuves alimentaires et vinicoles, les tickets de caisse et dans certains composites dentaires.
Effets: le BPA peut favoriser l’apparition du diabète, des troubles cardiovasculaires, des troubles du comportement et augmenter les risques d’infertilité. Chez la femme, il peut déclencher une puberté précoce ; il imite les œstrogènes, hormones sexuelles féminines. Chez l’homme, il provoque une diminution du nombre de spermatozoïdes et une augmentation des risques de déficience sexuelle.
La liste de ces PE est longue, on les trouve partout: dans notre alimentation, dans nos voitures, (avions, bateaux) dans nos habitations, dans nos lieux de travail et dans les poussières du nettoyage des villes avec les souffleurs thermiques, etc.
Notre engagement sur la santé environnementale.
À court terme, nous devrions nous atteler à agir ensemble contre les PE afin de protéger notre population.
Dans ce domaine, la recherche scientifique démontre que les PE sont bien plus qu’une nouvelle classe de produits chimiques indésirables. Ils sont probablement l’une des clefs de l’explication de la croissance exponentielle de maladies chroniques modernes. À charge pour nos huit parlementaires de légiférer en vue de protéger notre société. Aussi, nous devrions obtenir des politiques publiques adéquates sur 4 axes :
– interdire en priorité certains usages de PE comme le BPA dans le secteur alimentaire et les phtalates (2) dans les dispositifs médicaux et cosmétiques.
– interdire à court terme tous les PE par une règlementation générale et ramener à zéro son exposition humaine et environnementale.
– développer la recherche dans le domaine de la santé-environnementale et adapter les instructions quant à leurs utilisations en plaçant le principe de précaution au cœur des politiques publiques.
– adosser des volets »environnementaux » aux grands plans de santé publique (Plans: Cancer, Obésité, Nutrition Santé, etc.) et favoriser l’émergence d’une »médecine environnementale ».
Nous invitons donc l’ensemble de nos décideurs à tout mettre en œuvre pour faire adopter ces textes de loi, afin de mieux gérer les risques liés aux perturbateurs endocriniens Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN
(1) Charles SULTAN est Professeur en Endocrinologie Pédiatrique Responsable du groupe INSERM CHU de Montpellier Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier – Chef du Service d’hormonologie au CHU de Montpellier – Responsable de l’Unité d’endocrinologie pédiatrique – Vice-doyen de la Faculté de médecine de Montpellier Charles Sultan est l’un des meilleurs spécialistes des effets des pesticides sur le corps humain et des perturbateurs endocriniens.
(2) les phtalates sont utilisés principalement comme plastifiants des plastiques, en particulier du polychlorure de vinyle, (PVC) on les retrouve dans les articles en PVC souple : câbles électriques, revêtements de sol et muraux, mobilier gadgets, rouge ç lèvres, vernis, crèmes etc. ils peuvent provoquer une féminisation des fœtus mâles mais aussi des troubles du système de reproduction, l’obésité ainsi que des cancers du sein et des testicules.