— Par Dominique Daeschler—
— Festival d’Avignon — Carolina Bianchi, metteuse en scène, autrice et interprète travaille à Amsterdam avec le collectif artistique Cara de Cavalo. Elle aime mêler performance, danse, théâtre pour entrer dans un univers syncrétique qui crée volontairement ou non une confusion entre réel et imaginaire, entre passé et présent.
Elle entre seule en scène (première partie) et livre en conférencière de l’histoire de l’art, son interprétation de « la chasse infernale » de Botticelli où une femme est dépecée par des chiens et passe vite aux violences sexuelles. Sont évoqués le meurtre et le viol de l’artiste Pippa Bacca qui, dans une performance itinérante avec une partenaire, avait fait le pari de traverser en stop l’Europe habillées en robes de mariée, symbolisant l’union entre les peuples. Une double interrogation est menée sur la place difficile des femmes dans le milieu artistique et les agressions sexuelles qui vont jusqu’au féminicide. Double négation. Carolina Bianchi refuse d’entrée la compassion, la victimisation, la résilience, la sororité . Aller plus loin c’est se mettre en jeu physiquement en entrant à son tour dans une performance qui réveille la mémoire et appuie sur le traumatisme. En scène, elle prend la pilule du violeur appelée au Brésil « Boa noite Cinderela » soit bonne nuit Cendrillon ! Allongée sur la table, elle continuer à raconter puis s’endort, posant le risque comme une nécessité, plongeant dans un temps suspendu qui, entre flux et reflux, mêle le ressenti aux traces de la mémoire.
Tout devient noir et confus une fois Carolina emportée hors de scène. Commence avec Cara de Cavalo un sabbat qui souhaite aller au bout de tous les excès sans les exorciser, on danse, on circule à travers morts et tombes, on entre dans un rituel puis dans un autre, tout va très vite. La voiture en scène porte « Fuck la catharsis » sur son capot. Pas de repos, pas d’échappatoire. Une caméra fouille le vagin de Carolina ( image sur écran) et la «soignante » semble faire un curetage. Violence contre violence. Rien n’est résolu, c’est magistral et dérangeant, à notre tour de rester dans nos sensations.
A Noiva e o Boa Noite Cinderela
Capítulo 1 da Trilogia Cadela Força
Texte, conception, mise en scène, dramaturgie Carolina Bianchi
Distribution
Avec Larissa Ballarotti, Carolina Bianchi, Blackyva, José Artur Campos, Joana Ferraz, Fernanda Libman, Chico Lima, Rafael Limongelli, Marina Matheus
Texte, conception, mise en scène, dramaturgie Carolina Bianchi
Traduction pour le surtitrage Larissa Ballarotti, Luisa Dalgalarrondo, Joana Ferraz, Marina Matheus (anglais), Thomas Resendes (français)
Dramaturgie et recherche Carolina Mendonça
Direction technique, musique originale, son Miguel Caldas
Lumière Jo Rios
Scénographie Luisa Callegari
Vidéo Montserrat Fonseca Llach
Costumes Carolina Bianchi, Luisa Callegari, Tomás Decina
Collaboration artistique Tomás Decina
Entraînement du corps et de la voix Pat Fudyda, Yantó
Construction voiture Mathieu Audejean, Philippe Bercot, Miguel Caldas, Luisa Callegari, Pierre Dumas, Lionel Petit, Xavier Rhame, Jo Rios – Atelier de construction du Festival d’Avignon
Dialogue sur la théorie et la dramaturgie Silvia Bottiroli
Collaboration artistique Edit Kaldor (DAS Theatre)
Vidéo du karaoké Thany Sanches
Assistanat de production et régie plateau AnaCris Medina
Direction de production et administration de tournée Carla Estefan
Diffusion internationale Metro Gestão Cultural (Brésil)