— Par Lola Fourmy —
Depuis le début du mois de mai, et en lien avec l’opération « Wuambushu », une série d’événements a conduit à une perturbation importante de l’accès aux services de santé. Aujourd’hui, Médecins du monde appelle à sanctuariser ces lieux de soins.
L’accès aux soins est une problématique centrale à Mayotte. En 2019, 45% des habitants de plus de 15 ans déclaraient avoir dû renoncer à des soins. Alors, début mai, les collectifs pro-« Wuambushu » ont utilisé les différents lieux de santé pour se faire entendre et ont organisé des blocages pour réclamer le départ des étrangers en situations irrégulières.
Ces blocages ont été levés au moment où les rotations vers les Comores ont repris. Mais ces manifestantes – des femmes pour l’essentiel – continuent de se rassembler devant certains lieux, comme au dispensaire de Jacaranda (Mamoudzou), où elles affirment soutenir les soignants exerçant leur droit de retrait. En effet, l’intrusion violente dans le dispensaire de Dzoumogné et le caillassage d’un bus où se trouvaient des membres du personnel hospitalier ont entraîné droits de retraits et déclenchement du plan blanc par le Centre Hospitalier de Mamoudzou (CHM).
Un accès aux soins toujours réduit
« On assiste à un blocage de l’accès aux soins, c’est un effet périphérique de ’’Wuambushu’’ », constate Florence Rigal, la présidente de Médecins du monde France, en visite à Mayotte. « Ce qu’on a constaté à Médecins du monde, c’est qu’à un moment, des gens se sont installés. D’autres sont inquiets pour leurs conditions de travail. L’hôpital a été fermé, ça a été annoncé comme tel. Actuellement, il est censé être ouvert, mais les gens ne viennent pas. Soit parce qu’ils n’ont pas l’information, soit parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité pour venir se faire soigner », affirme Florence Rigal.
De fait, l’association a suspendu ses maraudes dans les deux bidonvilles de l’île où elle intervient normalement, faute d’accès aux patients qui, craintifs, se cachent. Ces dernières semaines à Mayotte, les ouvertures des différents dispensaires et services de santé sont imprévisibles et mouvants. « C’est un peu la pêche à l’information pour savoir où on va trouver porte close ou non pour suivre les traitements. Les gens ne peuvent plus accéder simplement à l’hôpital pour des soins réguliers », dénonce la présidente de l’ONG…