Avec seulement 14 % de sa population totalement vaccinée, la Martinique a vu le nombre de contaminations être multiplié par dix en deux semaines.
— Par Jean-Michel Hauteville(Fort-de-France (Martinique), correspondance) —
La première nuit du couvre-feu aura été tout sauf calme dans les rues de Fort-de-France. Mardi 13 juillet, sur les coups de 21 heures, alors que tous les Martiniquais étaient désormais dans l’obligation de rester cloîtrés chez eux, près de 1 500 personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de la préfecture pour protester contre les dernières restrictions imposées par le gouvernement. Au son des tambours, la foule a improvisé des slogans en créole, hostiles au passe sanitaire, à la vaccination et à Emmanuel Macron.
Parmi les manifestants, Mélissa, infirmière en réanimation, ne décolérait pas. « Je soigne des malades atteints du Covid-19 depuis un an, pourtant je ne l’ai jamais attrapé », affirmait la jeune femme. En tant que professionnelle de la santé, elle est concernée par l’obligation vaccinale. Mais Mélissa ne l’entendait pas de cette oreille. « Le 15 septembre, je ne serai pas vaccinée. Mais je ne démissionnerai pas non plus : je trouverai une faille. J’aime trop mon travail. »
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Emmanuel Macron l’a bien dit, lundi soir : la Martinique est en état d’urgence sanitaire. Mais dans les jours précédant l’allocution présidentielle, le préfet, Stanislas Cazelles, avait déjà commencé à prendre des mesures restrictives pour enrayer la progression de l’épidémie sur cette île de 375 000 habitants. Samedi 10 juillet, le port du masque est devenu de nouveau obligatoire sur la voie publique et des jauges ont été réintroduites dans les restaurants.
Depuis lundi matin, des motifs impérieux sont désormais exigés pour les passagers non vaccinés à destination de la Guadeloupe, où le contexte sanitaire est actuellement plus favorable. A compter du 21 juillet, ce sera également le cas sur les vols entre la Martinique et l’Hexagone. Avec l’imposition du couvre-feu à 21 heures, la mairie de Fort-de-France a dû annuler la deuxième moitié de son 50e festival culturel. En quelques jours à peine, dans toute l’île, la douce insouciance des grandes vacances a laissé la place à un climat oppressant.
« Tendance à la hausse »
Depuis la fin du mois de juin, la Martinique fait face à une flambée inédite des contaminations. Avec 997 cas enregistrés dans la semaine du 5 au 11 juillet, le record hebdomadaire de la troisième vague est d’ores et déjà dépassé. Dans son bulletin hebdomadaire du 13 juillet, l’agence régionale de santé (ARS) de la Martinique notait que le taux d’incidence avait bondi à 278 cas pour 100 000 habitants, contre 114 la semaine précédente. « On n’avait jamais connu une telle évolution : le nombre de cas a été multiplié par dix en quinze jours », explique Olivier Coudin, directeur général adjoint de l’ARS de la Martinique. Et il semble que le pic de cette quatrième vague ne soit pas encore atteint. « La tendance reste à la hausse », poursuit M. Coudin…
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