— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Clarisse Bagoé Dubosq propose un surgissement polychrome où la ligne émerge de la couleur, déjouant ainsi le piège de l’abstraction entière, à travers une œuvre spontanée. « Mes personnages se devinent et se découvrent en fonction de l’imaginaire, ces femmes de la vie, droites et fières qui avancent sans se retourner, souvent seules, souvent secrètes, toujours dignes. Elles me plaisent et l’aime les imaginer comme cela »
C’est du fond de son petit atelier, que l’on devine douillet, que l’artiste nous raconte des histoires habitées de femmes éternelles, via le langage universel de la peinture. Peut- être faut-il rechercher dans son enfance cette propension à peindre des femmes. Issue d’un milieu familial significatif, il s’y est développé une solidarité féminine très prégnante, revue dans une vision contemporaine Au fil de notre promenade picturale émergent ses personnages énigmatiques, communément étranges dans leur diversité. Son approche de la peinture est « intimiste, sans modèle, sans dessin préalable..» et passe par « une ébauche au pinceau ou au couteau de quelques lignes de composition, silhouettes, simples formes abstraites, formes surgies… d’un prétendu hasard »Dans son travail Clarisse sait évacuer les détails d’une figuration trop marquée et œuvrer par taches de couleurs, de lumière, de formes non-rationnelles. Tout à coup, se présente à elle quelque chose qui l’oblige à réagir. Un début de forme, un mouvement, un tableau apparait quand la distance entre elle-même et le travail s’évanouit. Les formes délicates, parfois austères, restent son terrain de jeux privilégié dans sa quête forcément sélective de ses femmes, volontairement minimalistes quant à leur mise en scène.
La beauté est celle des émotions
Refusant toute influence dialectique conceptuelle, elle occupe le terrain pictural au moyen d’un langage exempt de maniérisme formel. Ses arrangements colorés sont un exercice de rigueur et d’équilibre où l’artiste instille entre jeux et masses, des contours et des vides, une farouche atmosphère onirique. On reconnait la peinture de la plasticienne, ici, puissamment, noblement, voluptueusement engagée pour témoigner de la femme dans sa méditation et sa mélancolie, comme dans sa beauté. La beauté, est celle des émotions, celle qui sous-tend une pureté spirituelle, et une élégance native dans le rapport au monde. Pour Clarisse Bagoé Dubosq, les rêves, l’aléatoire, et l’instinct du beau sont les sources d’une inventivité permanente, pour une peinture d’aujourd’hui, libre heureuse et généreuse. Elle va à l’essentiel, ses formes pures et simples s’imposent d’emblée. Nous sommes face à un monde virtuel où la représentation ne serait plus le but recherché mais le moyen d’ouvrir une porte à une présence non identifiée, qui émettrait des ondes bénéfiques.
Pratique :
Jusqu’au 27 Février 2016
A la Galerie Tout koulé
Village de la poterie
Entrée libre.
97223- Les Trois ilets
Contact : 06.96.45.76.07.
Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret