L’armée israélienne a bombardé, samedi, l’immeuble abritant les locaux de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP) dans la bande de Gaza, ont constaté des journalistes de l’AFP.
L’armée israélienne a mené une frappe, samedi 15 mai, contre l’immeuble d’une dizaine d’étages abritant les locaux de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP) dans la bande de Gaza, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le bâtiment, qui comptait également des appartements et d’autres locaux professionnels, s’est effondré.
« L’armée a prévenu le propriétaire de la tour dans laquelle AP a ses locaux qu’elle serait ciblée » par une frappe, avait écrit sur Twitter un journaliste de l’agence AP peu de temps avant.
Israël a commencé à bombarder Gaza le 10 mai, en réponse aux tirs de roquettes sur Jérusalem de la part du parti islamiste du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens dans l’enclave. Samedi matin, des alarmes continuaient à retentir dans le sud du pays.
Nous continuerons notre couverture de l’information »
Des journalistes de l’AFP ont vu la tour de 13 étages se faire pulvériser par plusieurs missiles.
Jawad Mehdi, propriétaire de la tour Jala, a indiqué qu’un officier israélien du renseignement l’avait prévenu, avant la frappe, qu’il disposait d’une heure pour faire évacuer le bâtiment. Il a demandé dix minutes supplémentaires pour que les journalistes puissent emporter leur équipement, mais a essuyé un refus.
La chaîne Al-Jazira a confirmé sur Twitter que ses locaux étaient dans ce bâtiment et a retransmis en direct les images de la tour s’effondrant dans un nuage de poussière.
L’armée israélienne a indiqué que des équipements militaires du Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave, se trouvaient dans la tour frappée par ses avions de combat.
« Le bâtiment abritait aussi les bureaux de médias civils, derrière lesquels le groupe terroriste Hamas se cache et qu’il utilise comme boucliers humains », a ajouté l’armée, affirmant avoir prévenu les civils à l’intérieur de l’immeuble avant l’attaque et leur « avoir laissé assez de temps pour l’évacuer ».
« Il est clair qu’il a été décidé non plus de causer des destructions et des morts, mais aussi de faire taire ceux qui le montrent », a réagi auprès de l’AFP Walid al-Omari, chef du bureau d’Al-Jazira en Israël et dans les Territoires palestiniens.
« Nous continuerons notre couverture de l’information malgré la destruction (…) Nous reviendrons à l’antenne avec un nouvel équipement », a assuré Safwat al-Kahlout, correspondant de la chaîne qatarie à Gaza.
Benjamin Netanyahu s’entretient avec Joe Biden
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est entretenu, samedi par téléphone, avec le président américain Joe Biden au sujet de la frappe israélienne qui a détruit l’immeuble abritant les locaux de l’agence américaine AP, a annoncé un communiqué de ses services.
Benjamin Netanyahu « a souligné lors de cette conversation qu’Israël faisait tout pour éviter de s’en prendre à des personnes non impliquées », rapporte ce communiqué, insistant sur le fait que l’évacuation des personnes de l’immeuble « où se trouvaient des cibles terroristes » avait été organisé en amont du raid.
Un Israélien tué dans la banlieue de Tel-Aviv
Un Israélien de 50 ans a été tué, samedi midi, à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv, après des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, selon les services de secours israéliens et la police.
« Bilan après l’explosion d’une roquette à Ramat Gan : un mort », a indiqué sur Twitter Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne. Les services de secours israéliens ont précisé dans un communiqué que l’homme, retrouvé « grièvement blessé », n’avait pas pu être réanimé.
Située à 70 km au nord de Gaza, la métropole de Tel-Aviv avait déjà été visée, jeudi, par des militants palestiniens tirant des roquettes depuis la bande de Gaza.
Le mouvement islamiste Hamas a indiqué avoir tiré une salve de roquettes en représailles à une frappe israélienne « contre des femmes et des enfants » à Gaza. Peu de temps après, des sirènes d’alarme ont retenti à Tel-Aviv.
Dix membres d’une famille palestinienne parmi lesquels huit enfants et deux femmes ont été tués, samedi matin, dans cette frappe, selon les secours palestiniens.
Le dernier bilan des autorités palestiniennes fait état de 139 morts, parmi lesquels 39 enfants et 1 000 blessés dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis lundi.
Alors qu’en Israël, plus de 2 300 roquettes ont été lancées sur le territoire israélien, tuant 10 personnes, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et faisant plus de 560 blessés, selon les secours. L’armée indique que le bouclier antimissile « Dôme de fer » a intercepté plus de la moitié de ces missiles.
L’Égypte ouvre sa frontière
Samedi, l’Égypte a ouvert sa frontière terrestre avec Gaza et envoyé dix ambulances dans l’enclave palestinienne pour évacuer et traiter dans ses hôpitaux des Palestiniens blessés dans des bombardements israéliens, a indiqué à l’AFP une source médicale égyptienne.
Le Caire a « exceptionnellement ouvert le passage (de Rafah, NDLR) pour (permettre) l’entrée de dix ambulances égyptiennes dans la bande de Gaza afin de transporter des blessés palestiniens (en vue) de les traiter en Égypte », a précisé cette source sous couvert d’anonymat.
Le terminal de Rafah est la seule ouverture de la bande de Gaza sur le monde qui ne soit pas contrôlée par Israël. L’État hébreu impose un blocus sur l’enclave palestinienne depuis plus d’une décennie.
Un responsable sécuritaire à la frontière a précisé que cette décision était « exceptionnelle » car le passage reste d’ordinaire fermé durant les jours fériés, y compris la fête musulmane de l’Aïd el-Fitr, qui a débuté mercredi.
L’autorité publique des soins de santé avait annoncé, vendredi, que trois établissements sanitaires avaient « commencé à se préparer » à recevoir des blessés de Gaza.