Samedi 4 Mai – 19h30 à Tropiques-Atrium
Présentation :
Lauréat du Prix Lucernaire – Laurent Terzieff et Pascale de Boysson 2019.
À bout de sueurs est une tragédie sur le mirage de l’exil, et une longue plongée aux enfers, qui engloutit implacablement une famille entière, femme, mari et enfant. Ce qui a motivé l’écriture est un fait divers authentique à partir duquel Hakim Bah remonte une chaîne dramaturgique. Un drame : celui de deux jeunes passagers retrouvés morts de froid dans le train d’atterrissage d’un vol Conakry-Bruxelles. L’action a lieu dans un pays du Sud. Binta revoit Fifi, son amie d’enfance, après de longues années de séparation. Fifi est allée vivre en France après avoir rencontré Michel sur internet. Elle initie Binta à cet outil pour la libérer d’une vie conjugale harassante. Binta quitte son mari Bachir pour aller rejoindre un autre homme, sous prétexte d’aller secourir un frère malade en France. Les mois passent. Bachir met tout en œuvre pour reconquérir Binta, désormais injoignable. Il prend le parti de venir la récupérer à Paris, et abandonne ses enfants. Les enfants décident alors de partir à leur tour avec l’espoir de revoir leur maman, ce qui entraîne leur mort dans le train d’atterrissage de l’avion. Bachir, ne supportant pas la perte de sa femme et ses enfants, décide de mettre fin à ses jours.
(source : https://paupieresmobiles.weebly.com/agrave-bout-de…)
Note de mise en scène par Hakim Bah, Diane Chavelet
En lisant A Bout de sueurs on est frappé par la choralité du texte. La parole passe par les personnages plus qu’ils ne se l’approprient. Les noms des personnages ne sont jamais mentionnés en début de réplique. Cette anonymie nous pousse à traiter les personnages comme des figures solitaires, fantomatiques. Qui se rencontrent. S’évitent. Se rapprochent. S’attirent. S’effritent. Se repoussent. S’éloignent. S’isolent. Justement l’isolement. Isolement progressif jusqu’à enfermement de l’un et de l’autre. Jusqu’à effondrement de l’un ou de l’autre. Jusqu’à emprisonnement de soi. Enfermement dans cet ici trop étroit parce qu’aspiré par un là-bas. Manque d’espace ici parce que pris par le vertige d’aller là-bas.
Nous pensons à deux interprètes de cette parole. Deux solitudes. Peut-être même trois. Et puis nous pensons aussi à un musicien live. Un Dj qui fera office de maître de cérémonie, ou de marionnettiste. Qui va mixer en direct. Créer des atmosphères. Des ambiances. Rendre vivantes les didascalies. Mélanger les bruits d’ici et de là-bas. Mener et manipuler. Rendre présent les absents. Rendre absent les présents. Les identifier et les envoyer à des univers précis. Jouer à jouer sur les voix. Les transformer. Il aura pouvoir ainsi de déformation des voix. Pouvoir de transformation des voix. Pouvoir tout simplement sur la parole. Mais simplement sur la parole. Un marionnettiste de la parole, jamais des corps.
Les pistes sonores par Pierre-Jean Rigal
Ce qui me frappe à chaque fois que je visite une ville c’est son battement propre, son bruit son rythme. Quand je suis à Paris, j’entends que je ne suis pas à Bruxelles ou à Londres. Quand je suis à Ouagadougou, le mouvement incessant des motos, les vendeurs sur la route, les différentes langues me font savoir que je ne suis ni à Brazzaville, ni à Abidjan.
Dans À Bout de sueur, ce travail de recherche sur les ambiances prend tout son sens. Les personnages se placent ici ou là-bas sans jamais nous le dire. C’est les ambiances sonores qui nous placeront dans les lieux. Je ferai donc un travail de recherche et d’enregistrement à Conakry ainsi qu’à Bruxelles et Paris. Pour la musique, c’est dans le sens inverse que je souhaite me diriger. L’idée sera de brouiller les frontières. Enregistrer des instruments de musique guinéens ou plus largement de musique mandingues, pour enrichir et compléter des compositions. Ou d’utiliser les gammes traditionnelles pour composer des morceaux électroniques en leur donnant des tonalités peu utilisé dans nos musiques occidentales.
Le but étant de prolonger mon univers et continuer une recherche déjà commencé dans mes dernières créations. Enfin, la dernière partie et non des moindres sera tout le travail autours de la voix et des mots. Enregistrer les voix des comédiennes et des comédiens, et faire tout un travail d’exploration pour modifier, transformer ou dénaturer ces voix.
L’autre partie du travail sur les voix sera tout le jeu en live, pour une réelle interactivité entre mon jeu et celui des comédiens.
Les pistes scénographiques par Irénée Marinari
Le dispositif spatial qui accueille le spectacle se présente simple et léger. Un poste de dj partage l’espace scénique en deux, et demeure centrale. D’une part et de l’autre, deux structures cubiques aux façades translucides, font apparaitre les personnages. Les paroirs des structures peuvent être support également d’images projetées ou rétro-projetées. Les images utilisées dans le spectacle proviennent de plusieurs sources : images de chaînes de télévision, sites internet, webcams, images du quotidien, selon l’envie de la mise en scène.
Il s’agit de créer un espace mental confondant le réel et ses images, et au même temps différencier les “espaces” du spectacle. C’est un dispositif qui rassemble la scénographie, la vidéo-scénographie et l’expérience d’écoute du public. Il s’agit de réfléchir à notre rapport à l’espace.
Avec la révolution informatique et l’irruption d’Internet, nous sommes embarqués dans une transformation profonde de notre rapport à l’espace et au réel, avec d’abord la substitution de l’image et le dialogue dans la sphère relationnelle avec la création d’un espace virtuel en tant qu’échange permanent.
Nous allons proposer une scénographie qui se retrouve à donner les conditions les plus favorables à l’agencement organique des espaces sonores, visuels et émotionnels. Un homme et une femme et probablement deux postures différentes, s’approprient l’espace de jeu, observés par des présences imaginaires d’une vitrine et contrôlés, (ou pas) par le marionnettiste qui domine discrètement la scène.
(source : https://www.theatre-contemporain.net/images/upload…)