A Belleville, le graff devient un atout touristique

— Par Joffrey Vovos—

Paris. Mosaïques, pochoirs, collages : Belleville regorge d’œuvres d’artistes de rue. Une richesse que le XXe arrondissement a décidé de mettre en valeur avec un «parcours de murs».

Le site Paris Street Art est un rendez-vous qui propose une ballade parisienne pas comme les autres !

 

 

Les touristes sont de plus en plus nombreux à arpenter les rues de Belleville à Paris (XXe), appareils photo en bandoulière. Il n’y a pourtant pas beaucoup de monuments à contempler dans ce quartier populaire de l’Est parisien. Ce qui les attire, ce sont les œuvres qui peuplent les murs : graffitis, pochoirs, mosaïques ou collages. « C’est comme un musée à ciel ouvert en perpétuel renouvellement », s’enthousiasme Christian, un Parisien de 53 ans, féru de street art

Comprenant qu’elle avait une carte à jouer, la mairie d’arrondissement a décidé d’encourager cette pratique longtemps assimilée à du vandalisme. Après avoir créé des murs d’expression, elle s’apprête à mettre en place un véritable parcours touristique avec audioguide. « Quand on pense que, pendant des années, on a été relégués dans les terrains vagues », s’amuse Seth, un artiste qui vient de réaliser, à la demande de la municipalité, une fresque sur l’amphithéâtre du parc de Belleville.

Jusqu’à trois visites guidées par semaine

Signe qui ne trompe pas, des sociétés privées se sont engouffrées dans la brèche. Fondée par un journaliste anglais, Underground Paris organise jusqu’à trois visites guidées par semaine autour de Ménilmontant. « Au départ, nous faisions cela pour les étrangers mais depuis le mois dernier, nous proposons aussi des sorties en français, commentées par l’artiste Thomas Smith, le cofondateur du mur de la rue Oberkampf », détaille une porte-parole de l’entreprise.

D’ici à quelques semaines, la municipalité donnera aussi le coup d’envoi des travaux d’un centre d’animation en partie dédiée au graff, rue Buzenval. Les élus ont pris conscience de l’intérêt qu’il y avait à soutenir cet art en partie grâce à l’expérience menée jusqu’à l’an dernier dans l’ancien dépôt de bus de la rue des Pyrénées. Pendant deux ans, la RATP a autorisé les graffeurs à taguer les murs de ce site voué à la démolition. « Ce spot a très vite acquis une renommée mondiale et participé à l’attractivité de notre territoire », se félicite Frédérique Calandra, la maire (PS) du XXe.

Si ce soutien n’est pas toujours du goût des purs et durs, la plupart des graffeurs apprécient de ne plus voir le moindre coup de bombe effacé. Cette tolérance a permis à la rue Dénoyez, près du boulevard de Belleville, de devenir un lieu unique dans la capitale. Les artistes, à qui l’on avait laissé au départ un simple pan, se sont approprié ces 150 m de voie pavée. « Il faut bien reconnaître que ça attire du monde », s’étonne le gérant du bistrot Au Vieux Saumur, dont la terrasse, tout comme celle des Folies, en face, ne désemplit plus.

http://www.leparisien.fr/paris-75/a-belleville-le-graff-devient-un-atout-touristique-10-03-2013-2630263.php

| Publié le 10.03.2013, 07h14