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Pour poursuivre la réflexion d’Yves-Léopold Monthieux sur le « génocide par   substitution »

— Karl Paolo —

La question abordée par Yves-Léopold MONTHIEUX au sujet du génocide par substitution est particulièrement complexe, qu’il s’agisse d’affirmer qu’il s’agit d’une réalité ou d’un fantasme.

Cette complexité est accrue par le fait qu’elle est chargée d’affects, de symboles, de tensions et d’idées parfois préconçues pour ne pas dire de préjugés. Il faut donc une certaine dose de courage (ou « d’inconscience » – sic) pour l’aborder, comme le fait Yves Léopold MONTHIEUX. D’autres comme Nadia CHONVILLE (1) ou Claire PALMISTE(2) ont tenté sinon, de déconstruire ce concept à tout le moins de le discuter. Très modestement, je voudrais essayer de poursuivre dans cette voie, afin de tenter d’y voir un peu plus clair, si c’est possible.

Est-ce une question de quantité

En premier lieu, poser le débat en termes statistiques – qui sont-ils ? – où sont-ils ? combien sont-ils ? – ne me parait pas pertinent. En effet, on arrivera immanquablement à se demander où faut-il mettre le curseur. Autrement dit, à partir de quel seuil la présence d’une population étrangère où jugée comme telle est susceptible de constituer ou non un problème ?

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Le racisme en Martinique : une latence conflictuelle qui pourrait s’amplifier

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Les événements qui agitent en ce moment la Martinique conduisent votre serviteur à republier un récapitulatif en forme de brefs résumés de chroniques sur le racisme parues pendant près de 20 ans. Celles-ci ont été reprises dans leur intégralité dans son ouvrage « En finir avec les blessures de la peau » , 2023, vendu en librairie (12 octobre 2024).

Ainsi, dès ses premiers écrits sur le sujet, il a compris que la Martinique évoluait tranquillement vers une collectivité racialiste. Plus que tout autre pays, sa littérature croule sous le vocabulaire racialiste. Après « Négritude », « nègreries », « peau noire et masques blancs », « métissage » et autres sous-déclinaisons, il est désormais question de « noirisme », « békéisme », « mulâtrisme », « africanisme », « afro-caribéens » ….

En 2010, il écrivait : « Je ne suis pas surpris par le cours que prennent aujourd’hui les choses, sauf en ce qui concerne leur rapidité et leur ampleur. Notre rapport au racial est certainement le fait sociétal le plus important apparu au cours du mouvement social de février 2009.

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Une motion, deux motions, trois motions… ou l’art de combattre le pouvoir régalien

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Pour les partisans de l’autonomie de l’article 74 qui s’adressaient aux électeurs martiniquais lors des consultations électorales de janvier 2010, la conservation par l’État des pouvoirs régaliens avait été présentée comme la parade parfaite contre les dérives éventuelles d’une nouvelle collectivité. Que fallait-il craindre de l’évolution statutaire, disait-on, dès lors que la garantie contre les dérives éventuelles allait être assurée par l’État gardien du pouvoir de police, de justice et défense ? Ce fut l’argument massue utilisé pour convaincre une population réticente à franchir le pas institutionnel. Or, nul ne peut ignorer que le refus d’accepter l’autorité de la France sur nos deux îles de Guadeloupe et de Martinique a été très précisément à l’origine des revendications de rupture.

Le pouvoir régalien, un piège pour l’État.

Dès lors, la question se pose de savoir si l’État peut exercer en Martinique le pouvoir régalien qui lui est reconnu sur le papier même en cas d’autonomie, et si cette prérogative ne constitue pas en réalité un véritable piège pour les gouvernements. Votre serviteur n’avait pas craint dans plusieurs articles de signaler que dans les perspectives annoncées le pouvoir régalien n’était qu’un leurre.

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Et si l’État réactivait le BUMIDOM…

Par Michèle Latouche

Les Compagnies républicaines de sécurité avaient été bannies de l’île après la mort d’Edmond Eloi, surnommé Rosile, Christian Marajo et Julien Betzi, lors des « événements » de 1959.

Le 24 décembre 1959, le Conseil Général adoptait une motion demandant le retrait de tous les C.R.S. et des éléments racistes indésirables.

Un certain émoi a accompagné l’arrivée depuis deux semaines de la huitième Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS 8), une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021.

Cette décision a constitué pour de nombreux martiniquais un chiffon rouge qui ravive les rancœurs et les douleurs et enfouies et a force symbolique de réitération du rapport de domination de l’État sur la population et les institutions locales. Mais le rétablissement de l’ordre ne s’est pas opéré. Au contraire, du nord au sud, de ronds- points occupés aux nuits incendiaires, l’embrasement gagne.

Quel sens donner à ces manifestations spontanées et violentes, quasi concomitantes avec des mouvements sociaux revendicatifs, telles des braises couvant sous une cendre qui depuis des décennies ne parvient pas à refroidir ?

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L’instrumentalisation des CRS, quel cinéma !

— Par Yves-Léopold Monthieux 
L’instrumentalisation des CRS à des fins politiques est à la fois ridicule et grave : ridicule pour les politiques et grave pour l’histoire.

De 1970 à 1975, un commandant de police martiniquais venant des Compagnies Républicaines de sécurité (CRS) était nommé à la tête du corps urbain de Fort-de-France. Il retrouvait ainsi plusieurs gardiens de la paix qu’il avait eus sous ses ordres en France. Il fit un parcours sans faute en Martinique et ne laissa pas de souvenir désagréable de la part des partis politiques, alors que cette période fut très certainement la plus chaude de ce département depuis le début de la Cinquième République. Il a terminé sa carrière à Paris comme Directeur adjoint à la Direction centrale des Compagnies républicaines de sécurité.

Ce CRS avait été l’ami indéfectible de l’indépendantiste Guy Cabort-Masson, de l’école primaire jusqu’à l’école des Officiers de St Cyr, en passant par le lycée Schoelcher. Officier de l’armée française condamné à mort par contumace pour son engagement politique en Algérie et recherché par toutes les polices, l’insoumis avait rendu visite en djellaba à son ami, un dimanche matin, au domicile de ce dernier à Paris.

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Un avant et un après Kémi Séba

— Par Yves-Léopold Monthieux 

J’aime bien les analyses de Fred Constant, professeur de sciences politiques à Paris qui nous changent des prises de position orientées auxquelles nous sommes habitués. Il en est ainsi de ses réflexions sur les Déclarations russes sur la Martinique. Il nous apprend que la venue de Kémi Séba en Martinique en 2018 avait été financée par la Russie. C’est le genre d’information qui, en Martinique, est juste apte à attirer les ricanements des sachants qui, eux, nous font rarement connaître leurs savoirs. Cela peut néanmoins surprendre lorsqu’on sait que le passage de l’hôte panafricain avait précédé le déclenchement de la guerre d’Ukraine et avait été bien avant le point de départ des mouvements activistes « décoloniaux ». La visite de Kémi Séba avait servi en quelque sorte à « déniaiser » ces derniers. En effet, en prenant la tête de l’équipée qui allait envahir le supermarché de Génipa et répandre sur le sol le sucre du Gallion, il avait en deux coups de cuillère à pot initié ses affidés, médusés, et semblé leur dire : « voilà comme il faut faire ».

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Les CRS n’ont jamais tué personne en Martinique

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Le sujet n’est pas de porter de jugement sur l’envoi de la CRS 8 en Martinique. Dans les circonstances difficiles, le préfet a toujours fait appel à des forces spéciales de police venant de l’Hexagone. Malgré les protestations convenues, toujours au rendez-vous, comme celles d’aujourd’hui, les élus et les syndicalistes s’en sont toujours trouvés satisfaits à la fin. Oubliant leurs préventions, l’ordre rétabli sans bavures, c’est comme s’ils en étaient à l’origine. Il en fut ainsi des gendarmes mobiles, à plusieurs reprises, comme du GIGN, il y a 3 ans, et comme il en sera probablement de la CRS 8. Si, à entendre ses contempteurs, l’acronyme CRS est devenu un mythe fantasmé et diabolisé, de sorte qu’une compagnie d’exception ne peut être à leurs yeux que plus proche du diable. Sauf qu’en réalité, les de bavures policières, comme pour toutes les professions, sont plus à craindre des services et des hommes inexpérimentés que l’inverse. Reste qu’aucun élu ne veut être en retard d’une bavure possible de la part d’un corps aussi sulfureux et idéologiquement signifiant que celui des CRS.

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Journalisme en deçà et au-delà …

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans un article paru en 2018, on relève l’anecdote mettant en scène un journaliste communiste résidant dans la banlieue parisienne qui avait été invité par le PPM. Celui-ci venait de participer à un repas plantureux organisé en son honneur par un dignitaire du parti. Surpris, il n’avait pas reconnu la situation misérabiliste qu’on lui avait annoncée. En regagnant son hôtel, il manifesta quelque agacement pour l’abondance des agapes auxquelles il venait de prendre part. Le militant qui l’accompagnait l’avait bien compris et avait cru devoir faire un crochet au quartier Volga Plage pour remettre l’opinion de son hôte dans le bon sens. « Je vois bien, dit-il sur le ton de l’énervement, que vous voulez me montrer un quartier pauvre ». En passant devant l’épicerie du coin, il demanda au chauffeur de s’arrêter, puis tous deux pénétrèrent dans le lolo. « Voyez ces marchandises, dit-il à son interlocuteur (une bonne dizaine de produits), en Russie, on ne peut les trouver que dans des magasins réservés aux riches. Et encore ! »

Ce samedi 7 septembre 2024, un reportage télévisé sur la cherté des prix fut consacré au relevé, par leurs victimes, des misères individuelles de certains manifestants de Genipa.

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PPM : pères socialistes, pourquoi nous avez-vous abandonnés ?

— Par Yves-Léopold Monthieux 

« Quand les indépendantistes font élire un assimilationniste », annonce cet auteur qui évoque l’appel de l’indépendantiste Francis Carole à voter pour la socialiste Béatrice Bellay au second tour des dernières élections législatives de Fort-de-France. Ce cri rappelle l’époque funeste où un autre débarquement annoncé sur la ville n’avait suscité aucun hallali. La menace avait conduit le Parti progressiste martiniquais (PPM), le parti du chantre de la négritude, au plus odieux des stratagèmes électoraux : l’utilisation de la couleur de la peau, noire, d’un opposant politique. Le souvenir de cet épisode racial ramène au rang de pipi de chat celui subi par Johnny Hajjar, hier au conseil général, aujourd’hui au sein du PPM. Idem dans Le progressiste, la présentation d’un transfuge du parti sous des traits animaliers ou même les bruits nauséabonds entendus lors de la succession d’Aimé Césaire à la tête de la ville. Pas plus aujourd’hui qu’hier ou avant-hier les grands esprits ne s’en sont offusqué.

Cela change de la capacité d’étonnement qu’à l’épreuve de vérités d’évidence, la classe politique martiniquaise manifeste envers ses acteurs.

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JO : Nous avons tous été Guadeloupéens !

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Après le grand bravo qu’a suscité, en Martinique aussi, l’impressionnant succès des champions guadeloupéens aux JO de Paris, tous les Martiniquais ont la question au bout de la langue. Comment un aussi grand succès des Guadeloupéens aux jeux olympiques de Paris a-t-il été possible ? Pourquoi, en comparaison et malgré l’exception de quelques enfants d’origine martiniquaise issus du BUMIDOM, assiste-t-on à une absence aussi évidente de la Martinique à la fête ? On est tenté de répondre que c’est le résultat de deux politiques inverses, datant de la même époque, au début des années 1980, l’une basée sur l’auto-exclusion, l’autre sur la participation. L’une, sur la prépondérance des idéologies, l’autre, la prédominance des hommes et des femmes. La prépondérance des utopies sur les réalités, en Martinique, une appréciation plus mesurée de ces notions, en Guadeloupe. Ainsi de la présence ou non de ministre martiniquais ou guadeloupéen au sein du gouvernement français, notamment dans le domaine du sport : sujet réglé en Guadeloupe, tabou en Martinique. On est invités à n’en tirer aucune conclusion : le “lui c’est lui moi c’est moi” est de rigueur.

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Le Bumidomien et le Nationaliste assimilé, victimes collatérales de décembre 1959.

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Voilà que paraît Bumidom : pour dire non à l’oubli, le dernier ouvrage écrit pour ne pas oublier que les ressortissants du BUMIDOM et leurs héritiers auraient subi la maltraitance de l’institution. Bref, son autrice est fidèle au cadre qui a été fixé une fois pour toutes par les vrais responsables des difficultés endurées par ces domiens partis pour France. Comme s’il était important que ces derniers ne parviennent jamais à se libérer des tourments qui leur sont prêtés. Aux dires de l’autrice, la mention sur la couverture de l’ouvrage du mot déportation, cher aux contempteurs du BUMIDOM, ne serait pas d’elle mais de son éditeur qui lui aurait indiqué qu’il est, lui-même, “ le petit-fils d’un juif déporté”. De surcroit, il lui fut indiqué qu’avec cette image l’ouvrage se vendrait mieux.

C’est le livre qu’en sa livraison du 25 juillet 2024 le quotidien France-Antilles a choisi de présenter. Au moment où s’écrivent ces lignes, la lecture des avis parus au bas de l’article fait état de 3 commentaires positifs contre 23 négatifs.

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Voter le samedi en outremer : genèse d’une absurdité

— Par Yves-Léopold Monthieux 

L’interruption des émissions politiques nationales dès le jeudi à minuit est devenue une source d’inégalités entre les citoyens. Inégalité entre les électeurs métropolitains et les électeurs domiens, les premiers bénéficiant au moment de voter de 24 heures d’informations supplémentaires liées à l’élection. Des faits de campagne ou des résultats de sondages intervenant le vendredi sont ignorés des électeurs des DOM au moment de leur vote. Inégalités entre Martiniquais, entre ceux qui sont affiliés à l’Internet et ceux qui ne le sont pas, peut-être un petit quart de citoyens.

Les premiers peuvent, en même temps qu’à Paris, vivre en direct lesdites émissions sur BFMTV, LCI, CNews et autres chaînes de télévision nationales à partir de leur smartphone ou leur ordi, d’où l’inefficacité et l’absurdité d’une mesure qui frappe le petit quart de Martiniquais qui n’a pas les moyens d’accéder à l’information directement de l’Hexagone. Par ailleurs, à l’ouverture du scrutin en France, toutes les rédactions et tous les partis politiques connaissent les résultats de l’Outre-Mer publiés la veille sans que cela ne prête à conséquence. Motif de ce décalage : empêcher, à l’inverse, que l’Outre-Mer ne connaisse les résultats de l’Hexagone alors qu’il ne leur resterait que quelques heures pour voter.

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A force de jouer avec le RN, il risque de diriger la partie

— Par Yves-Léopold Monthieux 

S’il est évident que la France se droitise dans les urnes, elle est solidement ancrée à gauche par ses institutions, sa presse, ses écoles, sa culture, ses syndicats, ses corporations. Sans oublier la rue, bien évidemment. Une majorité du RN exprimée dans les urnes se heurterait illico et même avant à une opposition déterminée, laquelle apparaît déjà à travers des pétitions parfois nominatives ou/et incitant à la désobéissance. Si le RN parvenait au pouvoir, ne serait-ce pas pour une courte parenthèse qui permettrait simplement à la France de se purger de son extrême-droite, avant de passer à autre chose ? Mais la crainte n’est-elle pas en définitive que le FN réussisse à prouver son aptitude à gouverner ?

Les armes institutionnelles du Président de la République

L’histoire de la Vème République est celle de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles dévolues à l’Exécutif pour surmonter les obstacles législatifs. Première arme présidentielle caractérisée, le référendum a été étendu pour permettre à l’exécutif, moyennant certaines modalités, de légiférer sans passer par la loi ordinaire. Le referendum du 8 janvier 1961 validant la politique du général de Gaulle en Algérie a précédé celui du 8 avril 1962 concernant l’élection du chef de l’État au suffrage universel.

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Serge Letchimy imprime grave : il n’est pas homme de moratoire.

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Rarement en Martinique des personnalités politiques de premier rang auront autant suscité la controverse qu’Alfred Marie-Jeanne et Serge Letchimy. C’est le premier rapprochement entre les deux premiers présidents du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique (CTM). Au cours d’une rencontre organisée dans le cadre d’élections législatives, l’adversaire du candidat Alfred Marie-Jeanne avait voulu embarrasser ce dernier en l’affublant, pour dénoncer ses méthodes autoritaires à la Région, du titre de « roi de Plateau Roy ». Il s’était produit l’effet inverse : rougissant d’aise, le Président avait répondu que cette référence suprême lui convenait parfaitement. Au cours de la récente interview accordée à Martinique-la-Première au Premier Martiniquais, on pouvait croire à une variante de cette anecdote. Sur le ton de la connivence, le nouveau président traduisit à son avantage l’embarras de la journaliste : “Si tu veux m’appeler président de Martinique, je ne vais pas me sentir insulté”. On ne peut mieux dire que Serge Letchimy et Alfred Marie-Jeanne se sont retrouvés au même niveau d’hubris.

Ainsi, celui qui se laisse appeler au dehors Président de la Martinique souhaite sans fausse modestie se voir nommer officiellement “Président de la collectivité territoriale de Martinique”.

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En Martinique, pas pour le plaisir : de l’exil à la prostitution

— Par Yves-Léopold Monthieux 

De la dissidence au Bumidom, le révisionnisme à l’envers

Même pour les plus avertis, quel que soit son format, il y a toujours quelque chose à apprendre d’une intervention de Gilbert Pago, historien engagé à qui on peut faire crédit de son honnêteté et son effort de neutralité. En ce petit pays, cela s’appelle aussi avoir du courage. Lorsque ses amis communistes, PPM, rouge-vert-noir, maoïstes, ou même trotskystes lui reprochent de dire certaines choses, “mais c’est l’histoire !” », s’écrit l’ancien élève de l’anthropologue Jacques Soustelle, l’un des pères, gaulliste, du statut des départements d’Outre-Mer. “Tout historien a une opinion personnelle”, pourvu qu’il soit “objectif et honnête”, rappelle le co-leader du mouvement indépendantiste du Groupe Révolution Socialiste (GRS). N’est-ce pas cette aptitude à suivre cet étroit chemin de crête qui rend incontournable l’historien martiniquais ? Qu’ils me pardonnent ce compagnonnage, j’ai retrouvé ce sens de la nuance qui n’est pas toujours bien compris chez Raphaël Confiant au cours d’une soirée littéraire consacrée à Frantz Fanon.

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L’affaire du TCSP : l’effet guillotine de l’inéligibilité du Président

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans l’affaire des marchés publics du TCSP dont le jugement est prévu le 4 juillet 2024, le procureur de la République a requis des amendes et des mesures d’inéligibilité à l’encontre de la plupart des contrevenants concernés, élus ou personnels administratifs. Pour l’heure, restons aux mesures d’inéligibilité des élus et à leurs conséquences. S’agissant d’un maire, la sanction d’inéligibilité n’a aucune conséquence pour les autres conseillers municipaux. Tel n’est pas le cas lorsque cette mesure concerne le président du conseil exécutif qui a un statut unique dans le droit français.

En janvier 2016, le mois suivant son élection, puis en avril, alors que le président Alfred Marie-Jeanne avait quelques soucis avec la justice, j’avais publié trois tribunes intitulées : « L’inéligibilité du président de l’exécutif, c’est l’effet guillotine pour les huit autres », « Le jour de l’élection du président du conseil exécutif de la CMT on entre en démocrature ». Puis « Le monstre CTM tend vers ce auquel il semble voué : la paralysie de la Martinique ».

Démocrature. Au cours du fonctionnement normal de la CTM, cette appellation fait écho aux pouvoirs exorbitants du conseil exécutif, à leur incarnation en la personne d’un président tout-puissant, à l’autorité morale de ce président sur la classe politique, la presse et la société civile.

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Une histoire d’eau en Martinique : le mythe du pont d’abord et la rivière, ensuite.

— Par Yves-Léopold Monthieux 

La légende de la responsabilité et de l’expertise martiniquaises pourrait s’écrire à travers les récits de sources, fontaines, piscines, ponts et appontements. Des histoires d’eaux sans cesse renouvelées, parfois ubuesques. Depuis une vingtaine d’années l’eau du robinet vient régulièrement rythmer nos carêmes et mesurer l’impéritie de nos élus. Ainsi a-t-il fallu deux mandatures de la CTM, des quantités d’encre et de déclarations télévisées pour régler le sort de quelques âcres de terrain sur lequel faire passer quelques mètres de tuyaux. La présence d’un béké dans l’affaire fut l’ingrédient nécessaire à l’allongement de la sauce. La victoire n’a pas fait couler ni plus d’eau dans les foyers ni plus d’encre dans les gazettes. Plus globalement, un phénomène cyclique est bien campé dans le calendrier saisonnier, lequel donne lieu, de la part des usagers, à une résilience exemplaire et, de la part des élus, à des satisfactions plastronnantes.

On est en 1965 : deux étudiants métros sont de passage en Martinique. Prenant un verre au bar Le Foyal, au Bord de mer, ils parlent un peu de leur voyage.

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L’ignorance militante de la Réforme foncière martiniquaise

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Rien de ce qui suit ne figure aux programmes des Écoles et de l’Université. Dans les années 1960 – 1970, parmi les décisions faisant suite aux évènements de décembre 1959, trois mesures majeures ont été décidées par le gouvernement. Elles ont marqué de façon indélébile la société et l’histoire martiniquaises, mais aussi sa géographie. On les nomme BUMIDOM, SMA, Réforme foncière. Fruits d’un volontarisme incontestable, ces mesures s’étaient heurtées à l’opposition de la gauche classique (PCM, PPM, PS) et des mouvements indépendantistes. Regroupés à la marge du parti communiste sous le vocable ”gauchiste”, ces derniers se recommandaient des idées maoïstes, trotskystes, castristes et autres. Un condensé sulfureux qui a pu s’expérimenter lors des événements de Chalvet, en février 1974.

Tandis que le BUMIDOM est devenu la victime expiatoire de la lutte anticolonialiste et que le SMA (service militaire adapté) a su s’arracher à l’accusation d’“armée d’occupation coloniale”, les adversaires de la Réforme foncière usèrent et usent encore d’un artifice intellectuel inédit : le silence militant et la tenue des Martiniquais dans une totale ignorance de ce moment de leur histoire.

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L’indivision successorale, élément majeur de dérégulation de la société martiniquaise

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans la seconde moitié du siècle dernier est apparu un phénomène qui a consisté à adopter des normes propres au département tout en ignorant des règles constantes touchant au fondement de la société. En réalité, grâce au nouveau vent de liberté, il s’est déployé petit à petit une permissivité, faussement vénielle, tendant à s’affranchir au quotidien de la règle de droit. En effet, le phénomène d’indivision qui fait l’actualité de l’île et des ravages dans les familles voire au sein de la société, elle-même, tient à une pratique connue dans d’autres domaines : l’ignorance du droit au bénéfice d’un aimable empirisme voire un laisser-aller et même la tentation d’un certain défi à la loi, façon Robin des bois.

Incontestablement, l’indivision successorale figure au premier rang des nœuds gordiens nés de cette douce inclination. La plupart des achats fonciers réalisés par nos ancêtres avaient eu lieu vers l’an 1900 : un peu avant, un peu après. Aujourd’hui, lorsqu’on considère le volume du contentieux, l’étendue des surfaces concernées et le nombre de leurs successeurs, c’est la société entière qui s’en trouve impactée.

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L’Enseignement martiniquais aux enseignants martiniquais ?

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Les récents incidents survenus au collège des Trois-Ilets ramènent au sujet récurrent de l’affectation de professeurs blancs en Martinique. Leur nombre ainsi que leurs lieux d’affectation sont source de débats infinis dont je retrouve l’écho dans une chronique de votre serviteur, parue le 21 mai 2007, Le recrutement des enseignants à la Martinique : quel beau sujet de réflexion pour le Congrès !

Les problèmes que rencontre l’encadrement scolaire dans notre département se ramènent toujours à la formule souvent galvaudée de Césaire : « génocide par substitution ». En effet, l’emprise mémorielle et coloriste constitue le fonds de sauce de tout débat en Martinique. Cette réalité est à ce point affirmée qu’on ne prend plus la peine d’étudier le fond des problèmes qui se posent. On sent bien que pour certains, la solution immédiate serait d’interdire la venue des professeurs français en Martinique, ce que pourrait traduire un slogan qui en rappelle un autre, qui fut révolutionnaire en son temps1 : « l’enseignement martiniquais aux enseignants martiniquais ! ». Cependant, peut-on se priver de cet apport d’effectifs ?

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Octroi de mer : l’insubmersible

— Par Yves-Léopold Monthieux 

La Cour des Comptes vient de donner son verdict : l’octroi de mer n’a plus lieu d’être. Ce n’est pas la première fois que la mort de cette taxe coloniale est annoncée, fusse-t-elle progressive, comme cela semble devoir être le cas. Cette fois-ci, elle ne devrait plus s’appliquer qu’à la protection des seules productions locales existantes, à l’exclusion des nouvelles ou des anciennes qui auraient été “adaptées aux évolutions des consommateurs”. En l’absence in fine de production locale à protéger, son objectif initial, cette taxe ne servirait plus qu’au seul fonctionnement des collectivités territoriales, son intérêt économique s’en trouvant écarté. C’est cela que semble vouloir dire la Cour des Comptes.

Certes, dans l’ambiance de dépopulation galopante que connaît la collectivité martiniquaise, les effectifs diminuent partout et à tous les niveaux : les enfants naissent peu, les vieux meurent de plus en plus et, entre les deux, les forces vives quittent le pays. Bref, au rythme de 2000 habitants de moins par an, hier, on est passé à 4000, aujourd’hui, et on ne sait à combien il en sera demain, ni comment arrêter la fuite.

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Chalvet : les faux mystères de l’hélicoptère

— Par Yves-Léopold Monthieux 

A entendre les mots utilisés pour commémorer le cinquantième anniversaire de Février 74, les anciens de Chalvet n’hésitent pas à puiser dans un large éventail de vocables pour exprimer la glorification de leurs héros et l’exécration du colonisateur. Au diable les précautions sémantiques, donc. Mais que de contradictions ! Aucune d’elles ne sera pourtant relevé par un audiovisuel complaisant, qui n’hésite pas de participer à la surenchère du vocabulaire victimaire. Maintenant que les derniers témoins s’apprêtent à s’en aller, le temps serait donc venu d’inscrire dans le marbre leur histoire des « on dit » de Chalvet.

Bilan de l’hécatombe : un mort

Le choix offert au verbe est immense, mais pourquoi choisir ? On prend tout : « abattre », « tuerie », « massacre », « assassinat », « boucherie », « carnage », « extermination ». Chacun peut se servir et prendre part au bombardement sémantique. Bilan de l’hécatombe : un mort, un blessé grave, peut-être deux, trois ou quatre blessés légers. Autant de victimes de trop, bien évidemment. Est-il permis cependant d’ajouter un autre blessé grave, au bras sectionné, échappé de justesse à la mort ?

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Février 74 et la police, par Kolo Barst

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Après la tragédie de Chalvet, la complainte de Kolo Barst Février 74 rejoint en même temps qu’elle renforce le sentiment de gravité exprimé par les Martiniquais. Mais son texte est trop souvent reçu comme la relation historique de faits avérés, même s’il s’inspire de l’essentiel de ces faits. Il ne faudrait donc pas souligner outre mesure le caractère romanesque de la chanson, même si le caractère de l’œuvre et la liberté artistique de l’auteur peuvent autoriser un écart entre la matérialité des faits et leur interprétation musicale. C’est le cas pour l’extrait suivant, repris dans un récent article1 :

« Vérité pété tèt kolon ki préféré rété séré / épi olié yo négosié, yo criyé polisié / Polisié ki fèt épi nèg, katjilé avan alé… (Face à cela les colons ont préféré se cacher / Et loin de négocier, ils ont fait appel aux policiers / Les policiers, frères des Nègres, ont hésité.) « Alo pou ranplasé yo yo vwéyé mitrayèt / Mitrayèt ki pa ni tjè, aksèpté mision-a » (Ils ont alors été remplacés par des gendarmes / Les gendarmes, sans cœur, ont accepté la mission).

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Février 1974 à Chalvet

L’histoire choisie et l’histoire « oubliée » 

— Par Yves-Léopold Monthieux 
« Pawol an bouch pa chaj », cet adage de la langue créole pourrait traduire la maxime judiciaire « La plume est serve mais la parole est libre ». Sauf que la liberté de parole ne semble pas avoir de limites en Martinique et que la plume est toujours invitée à s’y plier. Sinon, gare !

Ainsi donc, après l’abolition de l’esclavage signée par le gouvernement provisoire français le 27 avril 1848, mais réputée remportée le 22 mai 1848 par les seuls moyens des esclaves ; après la transformation, par un autre gouvernement provisoire, des « dernières colonies » en départements d’outre-mer pour mettre fin aux visées des USA sur les Antilles françaises ; après le désaveu par la Commission Stora d’historiens et autres intellectuels à propos de décembre 1959 ; nous célébrerons bientôtle cinquantième anniversaire des événements tragiques du 14 février 1974 à Basse-Pointe, encore expurgés d’éléments essentiels de l’histoire.

Or, sans la lutte entre le parti indépendantiste trotskyste, Groupe Révolution Socialiste (GRS) et le Parti communiste martiniquais, commencée lors des précédentes élections municipales de la commune d’Ajoupa-Bouillon ;(.

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Les départements d’outre-mer : d’abord une opération de géopolitique

Par Yves-Léopold Monthieux 

Dans le cadre de son cycle « Dé colonisations », la Fabrique décoloniale a organisé le samedi 13 janvier 2023 à la Médiathèque du Lamentin une conférence donnée par Fred RENO, professeur de sciences politiques en GUADELOUPE. Le thème annoncé « La Martinique est-elle ingouvernable ? » avait attiré une assistance nombreuse et variée, quelque peu déçue que le sujet traité fut trop peu martiniquais à leur goût.

L’entre-soi médiatico-politique est la règle dans l’espace intellectuel

On pouvait relever de leur part un intérêt modéré pour la politique guadeloupéenne. Néanmoins, l’orateur avait su capter l’attention, ne réussissant pas toujours à tenir son propos hors de ses propres convictions politiques. Comme c’est souvent le cas dans ce genre de rencontre, l’assistance était presque exclusivement composée de militants « anticolonialistes » comme venue recevoir la becquée, avec une note particulière pour des activistes qui, bien répartis dans la salle, surent se faire entendre au moment de poser les questions.

Votre serviteur avait souhaité réagir à une affirmation récurrente reprise par le professeur RENO. Mais l’expérience a été faite, une fois de plus, que l’entre-soi médiatico-politique est la règle dans cet exercice, bien qu’il soit régulièrement chahuté par des spécialistes à la technique bien rodée.

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