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La culture et la mission de l’artiste chez Jacques Stephen Alexis

Conférence à la BU Schoelcher vendredi 27 mai – 16h à 18h

À l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain haïtien Jacques Stephen Alexis (1922-1961), la BU du campus de Schœlcher accueillera vendredi 27 mai, de 16h à 18h, une conférence d’Odonel Pierre-Louis intitulée :

 « La culture et la mission de l’artiste chez Jacques Stephen Alexis »

Odonel Pierre-Louis est docteur en philosophie et enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il est aussi responsable du Département de Philosophie de l’ENS de l’UEH et membre du laboratoire Langages, Discours et REPrésentations (LADIREP).

« La culture trouve une importance capitale aux yeux de Jacques Stephen Alexis. Il la définit, dans « Du réalisme merveilleux des Haïtiens », comme une communauté de psychisme et historiquement formée, « une communauté résultant d’un héritage psychique et s’extériorisant par des œuvres de beauté et de raison ». Elle serait donc un fait social total, pour parler à la manière de Mauss, en ce sens qu’aucune dimension de la vie d’un peuple — « pris dans sa masse, source de toute culture vivante » — ne saurait y échapper.

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Pour les 100 ans d’un grand monsieur. Poème : À Jacques Stephen Alexis*

—- Par Jean-Robert Léonidas (médecin et écrivain) —

Dans tes hémisphères précoces où poussaient de grands rêves,
Se dessinaient déjà ta vocation d’esculape
Et ton amour pour les lettres.
Il y a la santé des hommes, il y a le salut de l’homme.
Tu t’es engagé dans le métier de guérir les javarts des estropiés.
Tu t’es laissé aller à la passion de mettre du noir sur du blanc, en toute élégance,
L’autre nom de l’écriture à en croire Mallarmé.
Le passage du stylo à la baïonnette s’impose parfois,
Pour les prédestinés,
Lorsque le coup de gueule des mots
Ne donne pas sa mesure et n’atteint pas sa cible.
Alors se pointe l’action, le pas de côté que le commun des plumitifs ignore.
Quelle chrysalide ne rêve pas d’escalader les airs
Et d’aller fleurter avec la stratosphère ?
Sinon, le firmament serait un mythe et la sublimation un mensonge.
À quoi sert-il de recouvrer la santé, si le salut n’est pas le but ?
Si l’on ne s’investit pas dans la conquête de l’univers et de son sauvetage ?
À quoi servent la rose et son nom si on ne s’est jamais piqué le doigt
En bouturant une tige dans le terreau de la douleur ?

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« L’Étoile absinthe » : plongez dans Jacques Stephen Alexis !

« Bondissant sur ses jambes, l’Églantine va s’arc-bouter au grand mât et, aux lueurs fulgurantes, apparaît son visage diaboliquement radieux et ses grands yeux écarquillés. Les rires délirants de la mer et du ciel entourent sa joie vierge. »
La Niña Estrellita, reine du Sensation Bar, héroïne sublime de l’Espace d’un cillement, a tourné le dos, sans roulement de hanches, à sa première vie, à son amour dévorant pour El Caucho. La revoilà Églantine, dans une pension à la quinzaine, en quête de rédemption. Célie, résidente des lieux, a du caractère et de belles perspectives : c’est dans le sel qu’il faut investir. Les deux associées de fortune affrètent un voilier, le Dieu-Premier, pour rejoindre la Grande-Saline. Mais c’est la tempête. Une tempête de tous les diables et de tous les dieux vaudous…
Roman convulsif, secoué d’apocalypse, L’étoile Absinthe brûle d’une cohue d’images où les éléments, les sens, tout est exacerbé. Le voici tel qu’il nous est parvenu par miracle – inachevé : son auteur avait à faire ailleurs, dont il n’est pas revenu vivant. Il faut lire Jacques Stephen Alexis.

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« Nan yon bat je » : traduction réussie de l’ « Espace d’un cillement » de J.S.Alexis en créole

— Par Renel Exentus, doctorant en études urbaines à l’INRS —

Le 25 mars 2023, deuxième journée du festival afro-urbain à la Maison d’Haïti à Montréal, a été marqué en soirée par la prestation des artistes de grands calibres, dont Wesli et Sherlee Skay. Leur production a mis en évidence un répertoire de rythmes et de mélodies éclectiques où des tonalités vodou sont agencées à celles du jazz, soul, hip-hop et afrobeat. Cette symphonie musicale a été introduite par un autre événement majeur. Il s’agit de la première vente signature de la traduction en créole du célèbre roman de Jacques Stephen Alexis : « L’espace d’un cillement ». Sous le titre de « Nan yon bat je », l’ouvrage est traduit par la linguiste et didacticienne Edenne Roc. Il ne s’agit pas d’un coup d’essai puisque cinq ans auparavant, elle a rendu Compère Général Soleil disponible en créole haïtien. Après avoir donné un second souffle au premier roman de J.S. Alexis, « Nan yon bat je » confirme une fois de plus son professionnalisme dans le domaine de la traduction.

Paru sur un fond d’azur, la couverture de l’ouvrage est illustrée par une peinture de Gladys Saint-Victor qui met en symbiose l’énergie féminine avec les forces de la nature.

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Frère Jacques, ô grand Jacques…

— Par Faubert Bolivar —

Frère Jacques, ô grand Jacques…

Vous auriez eu cent ans cette année, mais vous n’eûtes pas la joie de fêter votre quarantième anniversaire.

L’immonde François Duvalier vous a mangé.

Vous vous étiez dressé sur sa route, il était plus fort que vous, il vous a emporté.

Il souhaitait faire de la terre des ancêtres un tas de cendre, vous vouliez l’en empêcher.

Il rêvait d’être l’unique citoyen, vous existiez.

Il avait pour mission de détruire son peuple, vous poussiez la bravoure jusqu’à y faire barrage.

Il vous a broyé les os, il vous a gâté la chair.

Répondant à l’appel de votre terre, vous déposiez votre vie dans une corbeille que vous tendiez à votre patrie-matrie.

Frère Jacques, ô grand Jacques…

Vous étiez, ce me semble, d’une belle lucidité et d’une solide intelligence que point n’est besoin de vous décrire l’état d’Haïti l’année de votre centenaire.

Vous voyiez de loin venir la mort qui aujourd’hui étend sur nos son ombre royale.

Vous pressentiez l’effondrement de l’État.

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AnthologieS de la poésie haïtienne : arpentage documentaire, datation, voix plurielles

— Par Robert Berrouët-Oriol —

En hommage fraternel et amical à Anthony Phelps, « Homme de vigie »,

qui vient de fêter ses 96 ans…

L’idée de rédiger le présent article provient d’un échange de correspondance entre Jean-Claude Nazon et moi relatif à la parution de L’« Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine / This Land, My Beloved : A Trilingual Anthology of Contemporary Haitian Poetry / Tè mwen renmen an : Yon antoloji trileng pwezi ayisyen kontanporen ». Éditée par Elizabeth Brunazzi, Denizé Lauture et Tontongi, cette « Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine » a été publiée le 28 octobre 2023 aux Éditions Trilingual Press, Cambridge, MA, USA. J’en ai fait par courriel une courte présentation indicative qui est pour l’essentiel reproduite dans le présent article. Détenteur d’un diplôme d’études supérieures en gestion administrative et financière de l’Université libre de Bruxelles et au Canada, passionné de musique classique et de littérature, friand d’opéra, Jean-Claude Nazon est, sur l’archipel fécond d’une vieille amitié, le lecteur critique de tous mes articles : qu’ils soient du domaine linguistique ou littéraire, je les lui soumets avant publication.

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Le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti 

Fondements constitutionnels et politique linguistique d’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) nous n’avons pas à hiérarchiser les langues entre elles, bien au contraire. Nous devons être riches, concrètement ou poétiquement, de toutes les langues du monde. Aucune langue ne peut s’épanouir seule, il lui faut le concert des autres langues qu’elle invoque, qu’elle accueille et respecte. (…) il nous faut abandonner l’imaginaire monolingue des colonialistes, pour tendre vers un imaginaire multi-trans-linguistique, qui n’a rien à voir avec une faculté polyglotte, mais qui tend vers le désir-imaginant de toutes les langues du monde, qu’on les connaisse ou non. » — (« Nous devons être riches de toutes les langues du monde », par Patrick Chamoiseau, Le Courrier de l’UNESCO, 20 juin 2024)

L’idée d’élaborer le présent article provient en partie de la lecture d’un avis public paru dans l’édition du 9 juillet 2024 du journal Le National et elle est en lien avec la publication antérieure en Haïti d’un livre mort-né traitant du statut du créole. Rédigé uniquement en français, l’avis public paru en page onze du National est fort intéressant.

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À propos du livre de Jean-Robert Placide, « Ayisyanite ak kreyolite »

Le livre « Ayisyanite ak kreyolite » ressuscite-t-il l’indigénisme racialiste duvaliérien sous les habits artificieux du « nouvo endijenis an evolisyon » ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Établies à Randolph, une ville du Comté de Norfolk dans l’État du Massachusetts, les Éditions JEBCA ont publié en 2023 le livre de Jean-Robert Placide, « Ayisyanite ak kreyolite », qui porte en sous-titre la mention « Mouvman kreyòl ayisyen | Sosyete Koukouy yon nouvo endijenis an evolisyon ». Jean-Robert Placide a auparavant été co-rédacteur de l’ouvrage du GRAHN, « Yon amenajman lengwistik pou devlopman pèp ayisyen : de lang ofisyèl ak valorizasyion kreyòl la » / « Un aménagement linguistique pour le développement du peuple haïtien : bilinguisme équitable différencié » (Presses internationales polytechniques, Montréal, 2012). L’annonce de la parution de cet ouvrage figure dans le Bulletin du GRAHN (volume 2, numéro 2, août 2012), mais l’on a noté que de 2012 à 2024 le sous-comité des langues du GRAHN qui a élaboré le livre n’a pas fait état d’éventuels travaux consécutifs à sa parution et n’a pas non plus communiqué sur son hypothétique diffusion en Haïti et en outremer…

Le livre « Ayisyanite ak kreyolite » de Jean-Robert Placide doit être lu avec attention et les idées qu’il véhicule, sur les registres de l’histoire et de l’idéologie, méritent d’être soumises à une évaluation critique objective et au débat public.

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La Constitution de 1987 est au fondement du « bilinguisme de l’équité des droits linguistiques » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution haïtienne de 1987, la « créolistique » n’a toujours pas élaboré d’études de référence sur les fondements constitutionnels et juridiques de notions aussi centrales en jurilinguistique et en aménagement linguistique que les droits linguistiques, le droit à la langue, le droit à la langue maternelle, la parité linguistique et le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques. De son côté, le « constitutionnalisme haïtien » non plus ne s’est pas encore attaché à étudier ces notions de premier plan en dépit du fait que la Constitution de 1987 consigne les droits fondamentaux du citoyen autrefois violemment réprimés durant la dictature des Duvalier (voir le Titre III – Chapitre II / Des droits fondamentaux : la liberté individuelle, la liberté d’expression, la liberté de réunion et d’association, etc.). Le Larousse définit a minima la créolistique : « Partie de la linguistique qui étudie les créoles ». Plusieurs auteurs ont exploré plus amplement les fondements et les champs d’investigation de ce que l’on entend en linguistique par créolistique, notamment James Scott McDonald (Université de La Réunion), auteur de « Créolistique, représentations idéologiques et approches théoriques : l’influence du contexte local », Contextes et didactiques, 17 | 2021, ainsi que Jean-Philippe Watbled (Université de La Réunion), auteur de « La créolistique : arguments pour une approche sociohistorique », Contextes et didactiques, 17 | 2021.

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À propos de « L’amnésie patrimoniale des Ayatollahs du créole… »

L’amnésie patrimoniale des Ayatollahs du créole alimente une conflictuelle et inconstitutionnelle fatwa contre le patrimoine francophone écrit d’Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le patrimoine écrit est un terme générique qui regroupe l’ensemble des documents anciens, rares ou précieux conservés dans une bibliothèque ou ayant été numérisés. Ces documents écrits et/ou numérisés constituent un patrimoine qui est l’expression, dans un contexte historique donné, à une époque donnée, de la pensée, de l’opinion, de l’action, de l’imagination, du vécu d’une personne ou d’un groupe de personnes. À ce titre, et en lien avec une mise en contexte qui permet de replacer l’information dans son environnement historique, le patrimoine écrit rassemble des documents divers (lois, Constitutions, décrets, œuvres littéraires, ouvrages scientifiques, journaux et revues, etc.) qui témoignent de l’activité humaine, ancienne ou récente. Dans son acception générique à l’échelle d’un pays, le patrimoine écrit désigne habituellement le patrimoine national écrit qui recouvre une grande variété de documents conservés aussi bien dans des collections privées que publiques : livres imprimés, documents iconographiques (gravures, affiches, cartes postales, plans, photographies, dessins, manuscrits, estampes, photographies, films, partitions musicales, cartes et plans, monnaies et médailles, archives, etc.).

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Analyse d’un échantillon de chansons créoles de la musique haïtienne

Par Fortenel Thélusma, linguiste et didacticien du FLE

I- Introduction

À propos du créole, la seule langue parlée par toute la population haïtienne, beaucoup de débats passionnés ont déjà été soulevés soit sur son statut (certains le considèrent comme un patois), soit sur son orthographe qu’ils qualifient de « laide »,  « américanisée », etc. ; d’autres pensent même qu’il faudrait changer son acte de baptême en l’appelant « ayisyen ». Mais des spécialistes en créolistique sont déjà intervenus sur ces questions, qui y ont apporté les éclairages nécessaires, parmi eux des linguistes haïtiens (Yves Déjean, Hugues Saint-Fort, Renaud Govain, Lemète Zéphyr, etc.). De plus, on sait que le créole est l’une des langues modernes faisant l’objet de plus de curiosité de la part des linguistes dans le monde entier (Mofwene, André Martinet, Albert Valdman, Lefebvre, Robert Damoiseau, etc.). « Rien, dans sa structure linguistique ne disqualifie, au départ, un créole comme langue de culture » (1980), a martelé le linguiste français, André Martinet. En effet, toutes les langues (humaines) ont la même valeur du point de vue de la science du langage et remplissent diverses fonctions telles celles attribuées au langage par le linguiste suisse Roman Jakobson :

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Ernest Pignon-Ernest : révéler l’invisible est politique

Art visuel Museum TV offre une réflexion sur les œuvres engagées de l’artiste. Une immersion à travers le monde, à la fois dans son atelier et sur ses lieux d’exposition.
— Par Margot Bonnéry —
Influences, une histoire de l’art au présent. Ernest Pignon-Ernest, à taille humaine, Museum TV, 20 heures
De son atelier d’Ivry-sur-Seine à l’Italie, en passant par Haïti, le film de Yann Coquart suit Ernest Pignon-Ernest, figure incontournable et précurseur du street art. Depuis le début des années 1960, le plasticien arpente le monde pour maroufler ses dessins engagés : immigration, apartheid, avortement, accidents du travail… «  C’est une grande et belle chose pour un peuple que de conserver vivantes ses légendes », disait Jacques Stephen Alexis. À l’image de cet écrivain, homme politique et militant communiste haïtien, Ernest Pignon-Ernest ménage la mémoire des peuples.

Les collages in situ du plasticien sont voués à disparaître, et trouvent leur sens en fonction de l’endroit où ils sont placardés. L’œuvre devient alors indissociable de son lieu d’exposition. C’est le cas de la grande sérigraphie des Expulsés (1977-1979), collée sur des façades de bâtiments voués à la destruction, qui rappelle l’expulsion de ses parents alors qu’il n’était qu’un enfant.

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De quelle langue parle la «  lodyans » littéraire haïtienne  ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La « lodyans » littéraire haïtienne parle-t-elle la langue de l’« audiencier », de l’« audienceur », du « lodyansè » ou du « mèt « lodyansè »  ? (Notes pour une recherche lexicographique)

En hommage au « lodyanseur » Georges Anglade, à Pradel Pompilus, le pionnier de la lexicographie créole et à Albert Valdman, le défricheur-forgeur de la lexicographie créole contemporaine.

Paru en Haïti dans Le National du 16 mai 2023, l’article de Schultz Laurent Junior, « La Fondation Maurice Sixto honore la mémoire de l’illustre « audiencier » Maurice Sixto », suscite l’intérêt en raison de ses qualités rédactionnelles : clarté d’un propos bien ciblé, texte concis qui va à l’essentiel, style direct et vocabulaire approprié. Le lecteur est ainsi informé que « La Fondation Maurice Sixto, en collaboration avec l’Institut français en Haïti et l’ambassade du Canada (…), présente « J’ai vengé la race », l’une des œuvres magistrales de Maurice Sixto [dans] une mise en scène de Johnny Zéphirin, « J’ai vengé la race » [et qui] sera jouée par Cyndy Pierre-Louis.

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La Constitution de 1987 est au fondement du « bilinguisme de l’équité des droits linguistiques » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution haïtienne de 1987, la « créolistique » n’a toujours pas élaboré d’études de référence sur les fondements constitutionnels et juridiques de notions aussi centrales en jurilinguistique et en aménagement linguistique que les droits linguistiques, le droit à la langue, le droit à la langue maternelle, la parité linguistique et le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques. De son côté, le « constitutionnalisme haïtien » non plus ne s’est pas encore attaché à étudier ces notions de premier plan en dépit du fait que la Constitution de 1987 consigne les droits fondamentaux du citoyen autrefois violemment réprimés durant la dictature des Duvalier (voir le Titre III – Chapitre II / Des droits fondamentaux : la liberté individuelle, la liberté d’expression, la liberté de réunion et d’association, etc.). Le Larousse définit a minima la créolistique : « Partie de la linguistique qui étudie les créoles ».

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Fortenel Thélusma, de la linguistique à la fiction romanesque : un pari et de grands défis ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

La littérature haïtienne a en partage avec les autres littératures à travers le monde une caractéristique de premier plan : les forgerons de la fiction appartiennent la plupart du temps à des champs d’activités qui n’ont pas à priori grand-chose à voir avec la littérature. Il en est ainsi de Jacques Stephen Alexis et Joël Des Rosiers, médecins ; de Marie-Célie Agnant, traductrice ; de Lilas Desquiron, ethnologue ; de Ketly Mars, gestionnaire ; de Jan J. Dominique, communicatrice ; de Georges Anglade, géographe ; de Michel Soukar, historien ; de Gérald Bloncourt, photographe et peintre ; de Faubert Bolivar, philosophe, etc. Il est toutefois attesté que nombre d’écrivains puisent dans leur expérience professionnelle la matière première de leurs œuvres de fiction. C’est notamment le cas du neurologue et linguiste Jean Métellus. À la suite de « Une eau forte » (Gallimard, 1983), qui marquait une première prise de distance à l’égard des clichés du roman haïtien, l’auteur s’attache dans « La parole prisonnière » (Gallimard, 1986) à l’étude de certains troubles du langage.

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Le naufrage prévisible de « l’unilatéralisme créole » en Haïti 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologuel—

Est-il nécessaire aujourd’hui en Haïti de contribuer au débat public sur la « question linguistique haïtienne » en général et sur certaines de ses zones conflictuelles en particulier ? Si oui, à quelles conditions et selon quelles modalités faut-il le faire afin qu’il soit porteur de changements véritables ? Pour que le débat d’idées soit un débat objectif, documenté et argumenté, il est nécessaire d’en situer le contexte et les idées exprimées, d’identifier les documents pertinents, de les lire avec attention et d’exercer son esprit critique-analytique avec clarté. Le débat d’idées objectif, argumenté et documenté s’oppose au « voye monte » comme au « chire pit », et le libre exercice de l’esprit critique-analytique est au fondement de l’enrichissement du débat d’idées. Ainsi, l’épineuse « question linguistique haïtienne » est depuis plusieurs années un lieu de débats au sein duquel s’expriment, souvent avec passion, des non-linguistes qu’il faut pourtant écouter avec attention. En dépit du fait qu’un relatif consensus s’est installé en Haïti quant à l’impérieuse nécessité de l’usage du créole dans la transmission des connaissances dans tous les apprentissages scolaires, d’importantes différences d’analyse et de points de vue se manifestent parmi les linguistes, parmi les enseignants et plus largement parmi les locuteurs créolophones.

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Desrivières-Bloncourt : poésies-images

– Par Michel Herland –

Gérald Bloncourt était né en 1926 en Haïti ; il est mort à Paris en 2018 à l’âge de quatre-vingt-onze ans, laissant une œuvre multiforme : photographies d’abord puisque ce fut son métier à « l’Huma » (il était communiste), puis devenu reporter indépendant dans divers magazines. Mais il fut également poète (1) et peintre. Sa jeunesse s’était passée en Haïti. En 1946, parce qu’il avait joué – en compagnie de René Depestre et de Jacques Stephen Alexis – un rôle déterminant dans la révolution dite « des œillets », il fut condamné à mort et finalement expulsé. Après la chute de Jean-Claude Duvalier (« Bébé Doc »), en 1986, il est retourné en Haïti.

Jean-Durosier Desrivières est né en 1972, lui aussi en Haïti. Il est diplômé de l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince et de l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique (où il réside actuellement). Spécialiste de littérature francophone, en particulier du poète haïtien Georges Castera fils (1936-2020), il a contribué à de nombreux ouvrages parmi lesquels le Dictionnaire des écrivains francophones classiques (2).

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L’intellectuel du PHTK « en service commandé » : faussaire, illusionniste ou avocat-plaideur d’une cause indéfendable ? Les dits et les non-dits

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Kay koule twonpe solèy men li pa twonpe lapli » (Proverbe haïtien)

« Haïti pays failli », « Haïti narco-État », « Haïti pays sans État », « Haïti État de non-droit », « Haïti pays de corruption et d’impunité », « Haïti État de ‘’bandits légaux’’ » (dixit Michel Martelly), « Haïti pays somalitisé », « Haïti, gangstérisation et criminalisation du pouvoir d’État »… : le catalogue des qualificatifs du « chaos haïtien » est vaste et le pays figure en première place sur le registre mondial d’une descente sans fin vers l’abîme. Tous ces qualificatifs renvoient aux principales caractéristiques de l’État et de la situation politique actuelle d’Haïti. Mais selon plusieurs analystes au pays, il ne faut pas perdre de vue que malgré l’actuel chaos aux causes diverses, nombre de secteurs de la société civile s’efforcent d’apporter des réponses adéquates au « chaos haïtien » et ils font preuve d’un courage exemplaire forçant le respect. Au pays de Dessalines, de Toussaint Louverture, de Jacques Stephen Alexis et de Marie Vieux Chauvet, comment est donc perçu le rôle des intellectuels face au « chaos haïtien » ?

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« La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara » de Marie-Célie Agnant

Parution au Canada de la version bilingue du roman de Marie-Célie Agnant, « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive avec la romancière Marie-Célie Agnant à l’occasion de la parution à Montréal, le 23 juin 2022, de l’édition bilingue du roman « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara ». Annonce spéciale aux lecteurs d’Haïti : en vertu d’une collaboration exceptionnelle, la version bilingue de « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara » sera sous peu disponible en Haïti en coédition entre Les Martiales et Legs Éditions.

Mise en contexte, par Robert Berrouët-Oriol / La parution à Montréal, le 23 juin 2022, de la version bilingue du roman « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara » de la romancière Marie-Célie Agnant est un événement littéraire de premier plan tant pour la littérature québécoise que pour la littérature haïtienne contemporaine. Il n’est pas fortuit que ce roman paraisse en édition bilingue à Montréal : cette ville, dont la population est majoritairement francophone et qui abrite des locuteurs issus de plus d’une cinquantaine de communautés ethnoculturelles différentes, a été au cours des années soixante celle de la rencontre fertile entre l’avant-garde poétique québécoise (Gaston Miron, Paul Chamberlan, Nicole Brossard, etc.)

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Du 26 au 28 mai 2022, c’est mai poésie dans l’île d’Aimé Césaire !

Un festival d’un genre majeur en Martinique du côté de la commune de Saint-Esprit organisé par l’association Balisaille. Cet évènement articulé autour du thème « ‘’Parler poésie’’ a bénéficié du soutien de la DAC martinique, de la ville du Saint-Esprit qui a su faire de ce festival une activité phare de la commune à l’approche de sa fête patronale, et de la ville de Fort-de-France qui a mis à notre disposition la maison d’Aimé Césaire pour accueillir notre soirée du 27 mai 2022, en hommage à Jacques Stephen Alexis », a fait savoir le président de l’association, Daniel Boyer-Faustin tout en insistant que ce thème est tiré d’un texte inédit du grand poète Monchoachi.

Lire aussi : Widad Amra :  » Connaitre deux pays, deux histoires, c’est aller à l’universel »

Il a indiqué que cette grande fête de la poésie accueillera des auteurs de renommée internationale. Parmi eux, Joby Bernabé, Francis Combes, Raphaël Confiant, Patricia Latour, Lyonel Trouillot.

Qui sera l’invité d’honneur pour déployer les ailes de la poésie en ces instants ?

« La poétesse Widad Amra est notre invitée d’honneur, une manière pour nous de saluer le courage et l’audace de cette femme qui a tenu, parallèlement à son activité d’enseignante, à parler la poésie ».

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Balisaille : parler la poésie

Mai.Poésie / Festival d’un genre majeur 26-28 mai 2022 au Saint-Esprit

 Liminaire

Aimé CÉSAIRE : ce nom seul suffirait à faire de la Martinique une terre de poésie. Le rayonnement planétaire, la puissance du verbe, la magnificence des images de l’auteur du « Cahier d’un retour au pays natal », en font l’un des plus grands poètes du vingtième siècle. Cependant, paradoxalement, pendant que le roman, le théâtre, voire le conte ou le slam tiennent le haut du pavé, la poésie y paraît délaissée.

MONCHOACHI, en dépit de la force tellurique de sa poésie, n’est pas connu au-delà de certains cercles d’initié.e.s, et n’en demande pas davantage puisque volontairement il s’est retiré sur les hauteurs du Vauclin, d’où il ne serait sorti pour se montrer en public que deux fois en dix ans.

S’il ne s’agit nullement de dire que, comme l’auteur de « Lémistè », la poésie se fait rare au pays de Césaire, il est néanmoins évident que d’un point de vue strictement institutionnel celle-ci a encore à faire sa place dans le paysage culturel de l’île.

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« Imaginaires jumelés » : Gérald Bloncourt parmi nous avec Jean-Durosier Desrivières

Vendredi 20 mai 2022 – 18h30 – Espace Lucien Laroche – Le Robert

En compagnie d’Adélaïde Corinus, Adama Kouaté, Widad Amra
Notes musicales Renaud Saé
Rue Vincent Allègre 97231 Le Robert
Contact 0696 77 28 92 / 0696 34 98 95

À lire :

Hommage à Gérald Bloncourt, par Widad Amra, poétesse.

Appel solennel de Gérald Bloncourt aux étudiants de Jacmel et de Port-au-Prince

La mort de Gérald Bloncourt, photographe, peintre, graveur et écrivain

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Gérald Bloncourt, né le 4 novembre 1926 à Bainet (Haïti) et mort le 29 octobre 2018 à Paris, est un peintre, un poète et un photographe haïtien, installé en France à la fin des années 1940.

Né à Bainet d’une mère native de France métropolitaine et d’un père guadeloupéen, Gérald Bloncourt passe son enfance à Jacmel, dans le sud d’Haïti. À la suite d’un terrible ouragan qui ruine la région, la famille déménage à Port-au-Prince en 1936.

En 1944, Gérald Bloncourt participe à la fondation du Centre d’art haïtien. Aux côtés de Jacques Stephen Alexis, René Depestre et Gerard Lafontant , il est l’un des principaux leaders des « Cinq Glorieuses », journées révolutionnaires qui entraînent la chute du gouvernement Lescot en 1946 Condamné à mort, il est sauvé grâce à la mobilisation de plusieurs personnalités dont le conseiller culturel à l’ambassade de France à Port-au-Prince.

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Sur tant de chemins, Georges Castera fils (1936-2020)1

— Par Jean-Durosier Desrivières,—

Georges mouri. Mezanmi, pa gen bouch.2 Ne reste que l’encre, sa demeure. Et sa voix, réelle ou à fleur d’encre. Des mots donc, pour nous guider sur tant de chemins hantés par l’homme, le poète… Pour retrouver son esprit, son style, son goût de vivre…

Sur les chemins des langues

De toujours, il a embrassé ses deux langues – créole, français, qui l’ont tellement embrasé en retour, lui, Georges Castera fils, l’enfant qui a grandi avec « de grandes taches d’encre au cœur » (Ratures d’un miroir)3, au mitan d’un Port-au-Prince qui misait peu sur cet insolite duo linguistique-littéraire dans le paysage haïtien. Ecrivant dans la pureté de chacune de ses deux langues, il a pratiqué toute sa vie un bilinguisme d’autonomie. Au compteur : une dizaine d’ouvrages en français, plus d’une vingtaine en créole.

Jamais de mélange. Sinon quelques suggestions entre les lignes, quand l’une de ses langues se met à murmurer sous l’autre langue :

« …la mort fait mouche

sans jeu de mots

le bilinguisme entre les cuisses »

(« La lettre sur mer », Les cinq lettres)4

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Ernest Pignon-Ernest : « Mes interventions visent à faire ressurgir l’histoire d’un lieu »

— Par Gérald Rossi —

Depuis les années 1970, Ernest Pignon-Ernest court les rues du monde. Le plasticien y colle ses dessins grandeur nature de personnages, toujours en s’inscrivant dans une démarche historique ou sociale. Un numéro de « Passage des arts » lui est consacré. Rencontre.

On vous présente souvent comme le « père » du street art, cette action artistique qui s’exprime dans les rues et que vous avez débutée un peu avant les années 1970. Quelle définition, aujourd’hui, en donnez-vous ?

Dans un de ses derniers ouvrages, le philosophe Régis Debray a eu cette phrase : « Les gens du “street art” font de la rue une galerie, Ernest en fait une œuvre d’art. » J’en suis touché, mais, moi qui doute toujours, je suis aussi un peu insatisfait. Il y a là pour certains un effet de mode. On entend parfois parler de « la plus grande galerie du monde ». Alors que moi, j’aborde d’abord la rue d’un point de vue plastique, avec la couleur des murs, leur texture, et ce qui ne se voit pas ou plus, c’est-à-dire la mémoire des lieux.

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Le prodigieux parcours de Jean-Robert Léonidas

— Par Mérès Weche —

Léonidas, un homme multidimensionnel

Jean-Robert Léonidas est connu pour son excellence en matière de pratique médicale et de production littéraire. Il a mené à bien sa double vie d’écrivain et de médecin. Il exerce tour à tour l’endocrinologie aux États-Unis, enseigne, publie dans des journaux médicaux tels le JAMA américain, le Lancet de Londres. En même temps, il est journaliste culturel à Haïti-Progrès, signe un beau livre sur la peinture haïtienne, s’adonne à la poésie, écrit des essais, des romans, etc. À un moment donné, un difficile choix esthétique s’impose. Il abandonne la médecine pour la littérature.

Sa jeunesse à Jérémie, ses études universitaires à Port-au-Prince, son séjour aux Cayes et à Thomazeau, sa spécialisation et aux États-Unis, ses voyages, son retour dans la Grand-Anse haïtienne, depuis plus de dix-ans, sa plongée dans le pays profond; tout cela constitue la matière première de son œuvre.

Très attentif aux actualités de culture et de littérature, il présente dans Haïti-Progrès plusieurs recensions d’œuvres d’auteurs haïtiens. Invité de Bibliobs, il signe quelques articles sur le site littéraire du Nouvel Observateur (France).

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