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La Chine, une société harmonieuse?

par Michel Pennetier.

 

—Une année en Chine. Il est temps de faire le bilan. Je suis venu sans idées préconçues. Bien sûr, j’avais des images dans ma tête. Les foules brandissant le petit livre rouge, je savais que c’était du passé. La Chine, atelier du monde, l’urbanisme délirant de Shanghai, un pays en plein développement, je savais que c’était le présent. Une économie libérale avec un régime politique communiste, c‘était ce qui excitait ma curiosité. J’avais aussi dans ma tête les questions qui fâchent : le Tibet, la liberté d’expression, les condamnations d’intellectuels et d’artistes, Tian An Men ( si bien nommée : la Porte du Ciel !). Enfin j’avais ma prédilection pour la Chine du passé : la culture la plus ancienne du monde, la plus longue histoire, le confucianisme qui a imprimé pendant plus de deux mille ans sa marque à la vie sociale, la pensée taoïste au fondement de pratiques qui gagnent l’Occident : le Tai Ji Chuan, le Qi Kong, l’acupuncture, la médecine.

Ce que j’ai pu apprendre de la Chine, vient peu de conversations, mais essentiellement de mon vécu avec les Chinois et d’observations quotidiennes.

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L’esprit, le corps et les affects dans « L’Éthique » de Spinoza

Par Michel Pennetier

Parcours des livres 2, 3 et 4 de l’Éthique

Je commencerai par une comparaison qui vous paraîtra peut-être un peu bancale et bizarre. Pendant que je m’efforçais de comprendre les livres 2,3 et 4 de l’Éhique, j’entendais à demi consciemment le battement régulier de mon horloge comtoise qui a bien deux cents ans et peu à peu son tic-tac se mêla dans mon esprit à ma lecture et rythma le défilement des concepts et des démonstrations sur les pages de mon livre ( de mes livres car je me suis servi de trois traductions) . L’horloge a un corps qui évoque le corps humain, le cadran serait la tête et le boîtier du balancier qui s’évase à mi-hauteur évoque quelque peu les hanches d’une femme. Le cadran et les deux aiguilles indiquent l’heure et à chaque demie heure et heure pleine elle sonne vigoureusement, le tic-tac régulier m’indique le temps qui passe. Si je la remonte chaque semaine à midi pile, son balancier ne s’arrêtera jamais. L’horloge dit le temps et l’éternité. Elle me transmet un message.

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« L’Éthique », de Spinoza

— Par Michel Pennetier —

Introduction

C’est l’œuvre majeure de Spinoza dans laquelle il a réuni l’ensemble de ses idées sur Dieu, la nature, la place de l’homme au sein de cette nature et sa destinée. Cette œuvre n’a été publiée qu’après sa mort et a suscité dès sa parution et dans tout le cours du XVIIIe siècle d’immenses polémiques notamment en Allemagne où les esprits se sont divisés entre Leibniz et Spinoza. Goethe a manifesté son adhésion à la conception spinoziste de la nature et toute son œuvre poétique en est le reflet. Cependant la pensée moniste de Spinoza ( dans le sens où la réalité est constituée d’une seule substance) n’a pas eu de descendance comme si l’Éthique était une œuvre tellement achevée et sans faille qu’il fallait pour continuer à penser partir sur de nouvelles bases, sous un angle différent ainsi Kant, Hegel ou Nietzsche. Ainsi on ne peut polémiquer avec Spinoza, on le met de côté comme un monument indestructible et solitaire de la pensée occidentale. Or il se trouve aujourd’hui que la pensée de Spinoza provoque un regain d’intérêt de la part notamment des neuro-biologistes en ce qui concerne les rapports du corps et de l’esprit : en effet on ne peut trouver de lien causal entre l’activité biologique des cellules du cerveau et la pensée qui l’accompagne ( ce serait absurde puisque ce sont deux domaines différents de la réalité, deux essences différentes).

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Spinoza : un bloc philosophique indépassable?

1re conférence : Spinoza en son temps

— Par Michel Pennetier —

Hegel disait : «  Tout philosophe a deux philosophies : celle de Spinoza et la sienne », comme si la pensée de tout philosophe après Spinoza devait repartir sur de nouvelles bases selon les préoccupations de son temps et son propre tempérament sans pour autant faire fi ou ignorer ce bloc philosophique qui se dresse comme un rocher solitaire à l’orée de la modernité. Rien ne symbolise mieux cette présence absolue et solitaire de la doctrine spinoziste que la statue gigantesque du philosophe, un homme vêtu d’un ample manteau qui se dresse sur une place d’Amsterdam, sa ville natale.

Cependant ce serait ne rien comprendre à la doctrine de Spinoza que de croire que cette pensée serait née uniquement d’une réflexion solitaire. Spinoza est tributaire d’une part de ses origines juives ibériques ( les « marranes »), d’autre part des controverses politiques et religieuses très vives au sein des provinces unies des Pays Bas qui viennent de se libérer de la tutelle espagnole. C’est au sein de la diversité culturelle que s’élabore une pensée originale.

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À propos du dernier roman de Patrick Chamoiseau : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

— Par Michel Pennetier —

Si l’ouvrage est sous-titré « roman » en page de couverture, il est défini comme un  « organisme narratif » en première page du livre, soulignant ainsi une intention narrative particulière de l’auteur. En effet, le narrateur de l’histoire n’est pas censé être l’auteur lui-même, celui-ci donne la parole à un témoin des événements qui aurait rapporté les faits à l’auteur. C’est seulement à la fin du récit que Chamoiseau prend la parole évoquant sa visite chez ce narrateur, un homme très âgé qui lui a raconté des événements fort anciens. Distanciation donc par rapport à un récit qui ne laisse pas de surprendre par son aspect partiellement ésotérique. Le personnage central est un vieux conteur martiniquais que le narrateur a connu mais qui un jour a disparu et dont on ne sait s’il vit encore. Quelques personnes du village se mettent à sa recherche escaladant une montagne, traversant une jungle où le vieux conteur aurait pu se retirer. Le héros du récit est donc caractérisé par son absence et les traces que sa Parole ( on verra pourquoi il faut mettre une majuscule) a laissées dans l’esprit de ses auditeurs.

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Goethe, le « Divan oriental-occidental » (1815)

À propos de la Weltliteratur ( littérature universelle) et de la religiosité goethéenne

— Par Michel Pennetier —

Je commencerai mon propos en vous lisant un poème du « divan » qui évoque l’ état d’âme de Goethe lorsqu’il commença à écrire cette œuvre.

Dans le présent, le passé

La rose et le lys nimbés
De rosée matinale
Fleurissent dans le jardin proche.
A l’arrière plan, buissonneux et familier
Le rocher se dresse vers les hauteurs.
Et entourée d’une haute forêt
Couronnée par un château-fort
S’étend la courbe des sommets
Jusqu’à ce qu’elle se réconcilie avec la vallée.

Et l’air est parfumé comme jadis
Quand nous souffrions d’amour
Et que les cordes de notre psautier
Se disputaient avec le rayon matinal.

Puisque les forêts croissent éternellement,
Prenez courage à leur présence,
Ce dont vous avez joui jadis,
Peut profiter à d’autres
Personne ne nous reprochera
D’être égoïstes.
En chaque génération
Il faut savoir jouir de la vie.

Et avec ce chant et ces propos
Nous voici de nouveau chez Hafez
Car il est de bon aloi
D’apprécier l’accomplissement du jour
Avec ceux qui savent en jouir.

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Le désir et «Les Lumières » / Désir de lumière

— Par Michel Pennetier —

Wolfgang von Goethe (1749 Francfort, Weimar1832)

Illustration : Goethe dans la campagne romaine (Tischbein – 1786)

Goethe, né en 1749, est un enfant du Siècle des Lumières, celles de la Raison. Mais ses poèmes de jeunesse et tout le « Faust » exprime la puissance du désir ( à la fois celui de l’amour et celui de la connaissance absolue) qui dépasse les limites de la Raison et peut conduire au tragique. Toute son œuvre ultérieure tendra à concilier ces deux tendances en l’homme et à s’ouvrir à plus de « lumière » conjuguant celle du cœur et celle de la raison.

Son dernier roman «  Les années de voyage de Wilhelm Meister » (vers 1820 ) s’ouvre sur les transformations sociales, économiques, spirituelles du début du 19e siècle et sur les possibilités de nouvelles Lumières pour l’humanité.

C’est de cette œuvre dont il sera question à travers deux lectures ( celle de ma jeunesse et celle d’aujourd’hui). En conclusion : que peut nous apporter aujourd’hui la Lumière de l’esprit goethéen ?

Vous vous souvenez sans doute de la lapidaire définition de Kant dans son opuscule «  Was ist Aufklärung ?

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« Contes Dogon », recueillis par Malick Guindo à Endé (Pays Dogon) Mali

Version française et commentaires: Michel Pennetier

INTRODUCTION
Le Pays Dogon, cette falaise de 200 à 300 m de hauteur, arc de cercle de 200 km de longueur , les Dogon, ce petit peuple estimé à 500 000 âmes me tiennent au cœur depuis 20 ans. Suivant l’appel de Marcel Griaule qui décrit dans « Dieu d’eau » les trente jours de conversation avec le vieux sage Ogotomêli, dévoilant l’essentiel de la cosmogonie dogon, je fis un premier séjour en 1999. Le Dieu de l’eau, le Nommo me captiva d’une manière surprenante mais très concrète quand la population du village de Endé où je séjournais, me proposa de les aider à construire un barrage qui leur permettrait de pratiquer les cultures maraîchères nécessaires à leur survie. Il fallut 10 ans de négociations, de problèmes financiers et techniques, pour moi de découverte de la société et de la culture dogon, d’apprentissage de la « Parole dogon » pour que se réalise ce projet : la création d’un périmètre maraîcher de plus de vingt hectares. Aujourd’hui «  Un jardin au Mali » association créée en France pour la gestion de ce projet et « Dikanmonou »( Solidarité pour l’eau) qui réunit la population de Endé continuent à collaborer fraternellement pour l’amélioration de la vie des habitants…

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Journal intime au temps du coronavirus

-— Par Michel Pennetier —

« Journal intime », parce que je n’ai rien à dire sur les mesures que prend le gouvernement, sur les polémiques autour d’une médication appropriée etc …, ce n’est pas de ma compétence. En revanche, exprimer mon ressenti qui peut être à des nuances près celui de tous mes compatriotes et de tous les êtres humains à travers le monde sous la menace du virus, oui, c’est possible. Mais au-delà, j’aurais à exprimer quelques idées sur le rapport de l’homme moderne à la nature et sur le lien possible entre le phénomène de la mondialisation et l’extension des épidémies, enfin j’essaierai d’imaginer les conséquences possibles, fastes ou néfastes, de cette pandémie. L’un de ses effets, c’est déjà qu’elle donne à penser et à penser fondamentalement sur la condition humaine !

Décembre 2019 à février 2020 , Wuhan

Je vois à la télévision des images de la ville de Wuhan, rues désertes, les rares passants sont chassés par la police et sommés de rentrer chez eux. Ambiance crépusculaire de catastrophe.

Je connais Wuhan, ville immense criblée de tours. J’y ai connu quelques personnes et je pense à eux.

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Un examen de conscience à la lumière de « L’Éthique » de Spinoza

par Michel Pennetier —

Si l’on entre dans « l’Éthique » de Spinoza, il est difficile d’en sortir tant cet ouvrage qui parle de la place de l’homme au sein de la Nature ( conçue comme la totalité infinie de ce qui est) et de la meilleure façon de s’y épanouir, est une architecture conceptuelle d’une rigueur rationnelle absolue enchaînant les propositions les unes aux autres d’un bout à l’autre de l’ouvrage. Voici quarante ans que je lis l’«éthique «, non pas de manière continue ! Mais parfois par lectures intenses, puis pendant des mois les idées font leur chemin dans mon esprit, puis une question se pose ( par exemple : comment passe-t-on du premier genre de connaissance par idées confuses, inadéquates au second genre de connaissance par idées adéquates c’est-à-dire vraies, étant donné que le libre-arbitre, la décision volontaire est une illusion ?). Et je reprends la lecture traquant les propositions et leur enchaînement.

J’ai été d’emblée conquis dès les premières pages de l’ouvrage, le livre I qui s’intitule « De Dieu » où Spinoza développe sa conception métaphysique : Dieu, c’est-à-dire la Nature dans laquelle l’homme est englobé.

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De l’inconstance dans la vie politique

— par Michel Pennetier —

La «  Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », l’ »Habeas Corpus » en Angleterre, la Constitution américaine, les lois sur la laïcité de 1905, le Manifeste du Parti Communiste de 1848, les lois sur la Sécurité Sociale de 1945, oui, tous ces textes ont une forme et un contenu, c’est du solide qui peut porter ses fruits pendant des siècles et qui marque une étape et un progrès dans l’histoire de l’humanité. Donc, ne me faites pas dire que la politique n’est qu’inconsistance ! Il arrive qu’une personnalité ou un groupe de personnes parviennent à faire passer une loi en dépit des criailleries de la presque majorité des représentants du peuple et du peuple lui-même parce que cette loi porteuse de raison et d’humanité finit par convaincre une partie des réticents. Ainsi en fut-il de la loi Weil sur l’interruption de grossesse en 1975.

Je respecte trop la politique qui comme disait Aristote est l’art suprême et le plus difficile, pour vouloir la mépriser et la jeter aux orties.

Mais à côté de ces sommets de l’histoire, combien de vallées d’esclavage et de cimetières ?

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De l’incertitude de notre jugement

— Par Michel Pennetier —

Je vole ce titre à Montaigne qui, dans le chapitre XLVII des Essais, parle des incertitudes quant à l’issue d’une bataille alors que le chef de guerre en toute conviction se croit assuré de la victoire. On pourrait à ce propos citer le Président Trump qui se croit vainqueur dans son conflit avec l’Iran en faisant assassiner l’un des principaux responsables du régime iranien !
Mais c’est ici en un autre sens que je voudrais parler du jugement. J’envisage ici le jugement moral que l’on porte sur une affaire de mœurs. Il se trouve que depuis quelque temps naît en mon esprit face à ces événements – affaire Me Too et la suite – comme une double réaction, l’une qui ne peut que suivre le main-stream des condamnations face à des révélations scandaleuses, l’autre qui demande à voir ce qu’il en est derrière ces jugements qui ont soudain surgi à propos de comportements sur lesquels on se taisait jusque très récemment, que l’on ignorait ou feignait d’ignorer, que l’on acceptait comme normaux ou prônait même comme une libération.

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Un visiteur à la Martinique

— Par Michel Pennetier —

Pour la troisième fois depuis une dizaine d’années, je suis en visite à la Martinique , invité par un ami de longue date qui vit depuis une vingtaine d’années sur ce territoire. L’envie d’écrire un compte-rendu naît de mon impression d’avoir cette fois franchi un pas de plus dans la connaissance de la vie sur cette île et de son passé. C’est un regard nécessairement extérieur, mais emprunt du désir de s’approcher de l’altérité et comme le dit E.Glissant d’entrer dans le processus de la RELATION. Je présenterai d’abord les deux protagonistes de ce séjour et l’amitié qui les lie, ce qui constitue les conditions de ma rencontre avec la Martinique puis j’évoquerai en quatre petits tableaux ce qui m’a permis d’approfondir mon regard.

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La réalité existe-t-elle ?

— Par Michel Pennetier —

Don Quichotte prenait les moulins à vent pour des chevaliers géants. Le héros de Cervantes, c’est nous-mêmes quand nous idéalisons le monde et le fantasmons. Mais son serviteur qui incarne le bon sens, un plat réalisme qui ne se pose guère de question, c’est tout autant notre attitude quotidienne. Dans notre vie ordinaire, nous ne sommes pas assez hardis pour nous interroger sur la réalité de la réalité. Nous ressentons cette question comme assez « unheimlich » , d’une inquiétante étrangeté, nous ne sommes plus chez nous. Ce sentiment nous gagne quand nous percevons quelque dérangement, quelque incongruité dans le quotidien. Faisons appel aux philosophes qui pour la plupart ont tenté d’asseoir le concept de réalité sur des bases solides. Ma méditation ne sera qu’une promenade à la Montaigne à travers les pensées. Promenade un peu éprouvante à cheval comme l’aimait mon auteur préféré au cours de laquelle nous espérons garder notre assiette, c’est-à-dire rester bien assis en selle et ne pas perdre la tête.

Celui qui nierait absolument l’existence de la réalité serait dans une position philosophique et existentielle quasi intenable.

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Région de Mopti au Mali : demande d’aide alimentaire d’urgence

République du Mali
Un peuple – Un but – Une foi

Région de Mopti
Cercle de Bankass
Commune Rurale de Kani-Bonzon

MONSIEUR LE MAIRE DE LA COMMUNE RURALE DE KANI-BONZON

Kani-Bonzon le 16 Août 2019

Objet: Demande d’Aide Alimentaire d’urgence

A Monsieur le président de l’association UN JARDlN AU MALl

J’ai l’honneur de venir très respectueusement vous solliciter pour un appui alimentaire ou financier qui permettra l’achat de vivres afin de secourir les déplacés venus se réfugier à Endé et les familles diminuées de ma commune, menacées de famine en cette période de soudure ( août et septembre) 2019 . L’insécurité due aux attaques terroristes (djihadistes) et aux affrontements intercommunautaires au Pays Dogon a eu comme conséquence dans la commune : une vingtaine de morts ; une dizaine de personnes disparues ; des pertes énormes de bétail ; une école incendiée; et l’arrivée de 578 personnes sur les 1000 déplacés au pays Dogon ; 16 familles – soit 127 personnes sans ressource ni aucun bien -sont accueillies à Endé dans les 4 quartiers. S’y ajoute l’interdiction de circulation des motos, des véhicules « pic up » qui a mis la commune sous embargo depuis le mois d’avril 2018 perturbant les activités économiques, la mobilité des personnes et des biens, l’approvisionnement.

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L’improbable révolution : une promenade autour des Gilets Jaunes

— Par Michel Pennetier —

« Les révoltes et les révolutions ont toujours
pour responsables les gouvernants »
(Goethe, « Conversations avec Eckermann »)

 

Que ce soit le prix du pain en 1789 ou le prix de l’essence en 2018, le déclenchement d’un mouvement de masse est toujours anecdotique, spontané, aveugle. Que s’y joigne une pensée élaborée par une élite depuis un certain temps comme ce fut le cas au 18e siècle, que la classe dirigeante elle-même perçoive que l’ancien régime n’est plus viable, alors la révolte aveugle peut se transformer en révolution, c’est-à-dire en l’élaboration très complexe d’un nouveau type de gouvernance. Celle-ci aurait pu sans doute émerger sans l’épisode révolutionnaire comme en Angleterre, c’est-à-dire par évolution. Mais les dirigeants de la France n’en ont pas été capables.


La nostalgie de la révolution

Nous, Français, vénérons l’épisode révolutionnaire, à juste titre puisqu’il a proclamé les grands idéaux démocratiques, Mais nous oublions combien de sang et de larmes la révolution a coûté et il a fallu un siècle, justement par évolution, pour que ces idéaux entrent peu ou prou dans la réalité.

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Voyage d’un rationaliste au pays des mille Bouddha ( le Tibet)

Merci à Martine Larbat pour ses explications lors des visites de monastères tibétains, merci à Emmanuel Agletiner pour l’organisation de ce voyage et son dévouement de tout instant et merci au groupe majoritairement féminin qui m’a fait évoluer dans une douce ambiance. Et voici maintenant quelques réflexions, pardon des «ressentis», que ce voyage a suscité(e)s

Octobre 2018

Le titre ne doit pas induire en erreur. Si le voyageur au contact d’une civilisation profondément différente de la sienne a pris conscience de son identité culturelle et du fait qu’il considère la pensée conceptuelle comme un outil essentiel de la connaissance, il est en même temps très sensible au symbolisme qui ouvre des portes sur les mystères de l’existence en alliant le sensible et le réflexif. Inversement, la profusion des symboles dans un temple tibétain lui a semblé comme un voile qui a la fois cache et révèle une réflexion et des méthodes de méditation depuis 2500 ans dont témoignent les immenses bibliothèques du pays et dont les moines étudient, analysent patiemment les ouvrages. D’ailleurs les paroles inaugurales du Bouddha historique telles que transmises par la tradition sont d’une telle clarté évidente mais jamais exprimée auparavant que l’on pourrait les comparer aux premières phrases du « Discours de la méthode » de Descartes: geste inaugural d’une nouvelle pensée.

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天下 « Tianxia, tout sous un même ciel », de Zhao Tingyang,

— Par Michel Pennetier —

Imaginons un gouvernement mondial, sans extériorité. Tout ce qui est sous le ciel, la terre avec ses habitants, la nature, est englobé dans un système de gouvernance qui synthétise les aspirations de tous les êtres. Les états tels qu’ils existent aujourd’hui sont regroupés en fédérations régionales porteuses d’une certaine civilisation (L’Europe en est un exemple). Les fédérations sont représentées auprès du gouvernement mondial. Chaque niveau se gouverne lui-même dans le cadre du niveau supérieur si bien que le niveau mondial est l’ultime législateur des relations entre les fédérations et des états entre eux au sein d’une fédération. A l’intérieur d’un état, on peut aussi distinguer un niveau local (la commune) la région et l’état si bien que le niveau le plus local s’inscrit dans la convergence d’une politique mondiale pour le bien de tous. Tout le système bancaire grâce à internet est orienté vers la satisfaction équitable des besoins à travers la planète.

Une telle structure suppose une éthique. Il s’agirait de passer de la politique de puissance à une politique de coopération, selon le principe que ce qui est bénéfique au niveau mondial l’est aussi à chaque membre de la communauté mondiale.

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La préhistoire, miroir de nos fantasmes ?

— Par Michel Pennetier —

Il est un village au centre de la France, situé en pente sur la rive droite du Cher, judicieusement installé sur l’adret, le côté ensoleillé de la vallée. Jadis, il n’y a pas si longtemps, du temps de mon enfance, on cultivait la vigne sur le coteau. Depuis lors, les pavillons de mauvais goût y prolifèrent. Mais le centre du village garde son charme avec une jolie église romane et surtout en contrebas les ruines d’un amphithéâtre gallo-romain. Drevant, nom dérivé du latin Dervantum, n’a jamais été un centre urbain important, si bien que la présence de ce bâtiment romain et de thermes encore en partie enfouis dans la terre reste un peu une énigme.

En face, de l’autre côté de la rivière, la colline sombre de l’ubac, recouverte aujourd’hui d’une forêt sauvage limite l’horizon. Mes cousins paysans ont toujours appelé le sommet de cette colline « le camp de César » parce qu’en labourant leurs champs ils y ont trouvé quelques fois des pièces romaines. L’existence d’une armée d’occupation installée là pourrait justifier la construction de l’amphithéâtre.

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La « question juive », identité juive et antisémitisme

— Par Michel Pennetier —

La réponse de Sartre

On connaît la réponse de Sartre à propos de l’identité juive : c’est l’antisémite qui produit l’image du juif qui a cours dans la société et à laquelle le Juif va devoir répondre. En ce sens, Sartre est tout à fait fidèle à sa philosophie : l’existence précède l’essence. Un être humain est jeté dans le monde, il existe, il est confronté à toutes les projections que lui impose la société ; identité sexuelle, sociale, ethnique, religieuse etc … Il peut les adopter, les rejeter, les transformer car il est fondamentalement un être libre. L’identité est une affaire personnelle et collective conquise de haute lutte. Car les projections que font les autres sur nous, nous enferment et nous contraignent

La judaïté et les autres cultures

Dire «  je suis Juif » comme le font à travers le monde environ 20 millions de personnes, est une chose extrêmement complexe et variable. Ce peut être une adhésion à une tradition religieuse, le judaïsme, une fidélité à cette tradition sans que ce soit pour autant une croyance, un respect pour l’histoire des ancêtres, une adhésion à une culture infiniment riche et précisément à cause de l’antisémitisme de la société où il vit et qui a culminé dans la Shoah, une solidarité spirituelle avec ceux qui sont morts, victimes innocentes des préjugés racistes.

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Méditation cosmique sur une plage de Martinique

— Par Michel Pennetier —

La plage de Schoelcher eut finalement ma préférence. Derrière moi à droite l’église sur la colline, les petites maisons du bourg, un café qui avait installé sa terrasse sur la plage, je n’avais que quelques pas à faire pour aller boire un planteur entre deux baignades. Devant moi la mer, le mouvement régulier des vagues, les teintes bleutées de l’eau qui au loin se confondaient avec le ciel où vagabondaient les formes changeantes de quelques nuages semblables à mes rêveries.

Mais je n’en restais pas là. Deux activités alternaient, se jeter dans l’eau et nager un petit quart d’heure ou se plonger dans un livre intitulé «  Forme et origine de l’univers, regards philosophiques sur la cosmologie ». Les deux se complétaient merveilleusement et faisaient de moi enfin un corps-esprit parfaitement unifié. Deleuze, commentant Spinoza, fait de la nage une activité qui correspond bien à ce qu’est la vie. Si nous ne savons pas nager, ou mal, nous luttons contre la vague, nous nous débattons désespérément et la vague nous renverse. Nager, c’est s’unir à l’eau, se servir de son énergie.

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L’homme est-il transformable ?

— Par Michel Pennetier —
transhumanismeVoilà qu’au milieu des nouvelles d’attentats, d’épouvantables odyssées de migrants du Moyen-Orient vers l’Europe, de révélations sur de massifs transferts d’argent vers le paradis fiscal qu’est Panama par les riches et puissants de ce monde pour éviter de payer les impôts dans leur pays où sévit le chômage, souvent la misère, voilà donc qu’on nous annonce la transformation de l’homme par la conjonction de techniques biologiques, informatiques, nanotechnologiques. Est-ce une bonne nouvelle ?
Les idéologues du « transhumanisme » nous le promettent. Les laboratoires de ces différentes technologies y travaillent, des sommes considérables sont investies, notamment par Google. On sait que le progrès scientifique est exponentiel, chaque découverte, chaque nouvelle technologie en multiplie d’autres et donc accélère le mouvement innovateur. Il est donc fort probable que nous verrons cette transformation ou « amélioration » de l’homme dans les proches décennies de ce siècle.
Entre les technologies « réparatrices » et celles qui se proposent d’améliorer l’homme, la frontière n’est pas étanche. Adjoindre sur un corps handicapé un membre artificiel qui réagit aux impulsions du cerveau, rendre la vue à un aveugle en fixant dans l’œil un système électronique qui transmet au cerveau les images de la même façon qu’un œil naturel, personne, je crois, ne se plaindra de ces avancées technologiques.

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Réflexions sur le temps présent

Dix jours après

— Par Michel Pennetier —

le_temps_presentLes évènements tragiques à Paris qui viennent de nous bouleverser ont suscité beaucoup d’émotion. Celle-ci est légitime, cependant subjective par définition. Elle peut conduire à des jugements hâtifs, raviver des préjugés, conduire à la stigmatisation d’un groupe humain et même à la violence à l’égard de celui-ci. L’origine des préjugés est de prendre les mots pour la réalité. Que disons-nous quand nous employons les termes : Islam, musulmans, judaïsme, juifs ? Combien de réalités se cachent sous ces noms qui portent des histoires millénaires, des textes symboliques difficiles à décrypter et dont les interprétations sont multiples, des hommes et des femmes, des enfants dont l’être ne peut être réduit à quelques adjectifs ou définitions. Il y a une précaution à prendre : ne pas « essentialiser » un groupe humain, une religion ou une culture, mais plutôt essayer de s’approcher de la fluidité et de la variabilité infini du réel. « Tu ne te feras pas d’image » dit la Bible. Image de Dieu mais aussi image d’autrui. Abordons cet autre en lui laissant sa liberté.

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« Un dimanche au cachot » : un cheminement vers la lumière

— Par Roland Sabra —

un_dimanche_au_cachotNoir. Faible lumière. Elle est là, dans le coin gauche du rectangle dessiné sur plateau. Noir. Faible lumière. Lui on le devine, en fond de scène, coté jardin. Elle L’oubliée. Lui, la présence, la musique. Lui se fera oublier. Elle, sa voix, sa voix, surtout sa voix qui débordera l’espace du cachot. Le noir de la salle et le noir du plateau confondus. Le noir de l’oppression. L’obscur percé par un objet lumineux : l’espace de jeu de la comédienne. Elle dit l’obscur qui la contient pour en faire un chemin vers sa lumière. Elle, « L’Oubliée », fille de sa Manman Bizarre et du « Vieux Maître », demi-sœur révoltée de celui qui l’enferme, inscrite dans une mémoire d’Afrique par une « Belle  Congo », enceinte imaginaire d’un « vieil esclave » qu’un molosse indocile pourchasse. Elle est là toute. Et la scène ne peut la contenir. Elle envahit l’espace du théâtre. Elle saisit le spectateur par les tripes.

 José Pliya confirme, s’il en était besoin, son talent de passeur entre littérature et théâtre. Son adaptation réalise ce miracle de convoquer l’essentiel de la représentation foisonnante du roman de Patrick Chamoiseau en ne retenant que la parole de la petite chabine et sans briser le continuum narratif du récit.

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« Un dimanche au cachot », adaptation de José Pliya, mise en scène de Serge Tranvouez

Vendredi 16 janvier à 20 heures à l’Atrium

un_dimanche_au_cachot-2— Présentation par Michel Pennetier (Madinin’Art) —

… Deux récits alternent, se chevauchent, s’interpénètrent ; deux temps, celui du présent et celui du passé de l’esclavage entrent en relation, deux jeunes filles dominent le roman, celle d’aujourd’hui, une jeune délinquante recueillie dans un centre de rééducation nommé «  la Sainte Famille », celle du passé, une jeune chabine, esclave sur l’Habitation où un siècle plus tard sera installé le centre. Mais un seul lieu étroit, effrayant où séjournent de manière différente l’une et l’autre, le cachot. L’une dans son désarroi existentiel s’y réfugie, l’autre y a été emprisonnée pour y mourir peut-être. Le « Je » narratif est à la fois l’éducateur qui vient porter secours à la jeune délinquante et l’écrivain qui construit le récit mythique évoquant la jeune esclave. Ce récit, c’est la parole de l’éducateur à la jeune délinquante. Comment nommer cette parole ? Ce serait l’aplatir de dire que c’est un «  récit thérapeutique ». On avancerait en disant que c’est « un conte initiatique ». C’est une parole de vie qui traverse la mort.

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