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Nos utopies à l’épreuve de la réalité sociale.

Par Marcel Luccin

La dynamique historique et sociale entre la communauté « afro descendant » et la mère patrie est à la fois paradoxale et édifiante. Paradoxale, parce qu’elle remet au goût du jour la page sombre du passé esclavagiste. Édifiante, parce que les faits et les opinions ne cessent de montrer que les pratiques discriminatoires sont récurrentes, en contradiction avec les valeurs républicaines. Des efforts sont déployés pour améliorer les relations sociales mais les rejets restent des sujets particulièrement douloureux pour ceux qui les vivent. Par conséquent, prendre nos désirs pour des réalités c’est faire preuve de naïveté oubliant que le « plafond de verre » destiné à gêner l’émancipation est toujours en place. Incontestablement, le sentiment d’appartenance peine à s’affirmer, sachant qu’au-delà de la nationalité, la citoyenneté donne la possibilité d’accéder à l’égalité sociale. Sans possibilité d’expression individuelle et collective, le vivre ensemble apaisé n’est que pure illusion.

La République semble oublier progressivement que le fait d’avoir reconnu ses enfants « dewo » (nés hors hexagone), lui confère des obligations atypiques. Le passage de sous-citoyens à citoyens à part égale ne doit pas être assimilé comme un simple élan charitable d’après-guerre.

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Éthique et publicité

Patrick Chamoiseau éveilleur de consciences !

— Par Marcel Luccin —

Spectacle audiovisuel; exploit sportif, incroyable succès populaire.
Ce qui gâche l’affaire : ces voiles réduites à des panneaux publicitaires :
 » William Saurin attaque Mac Donald… »
Les sponsors en guise d’éthique,
devrait mettre fin à cette indécence…
Aider sans dénaturer…

Patrick Chamoiseau

Nos intellectuels peuvent-ils penser à tout ou alors, y a-t-il des sujets plus pertinents que d’autres ? De manière impromptue Patrick Chamoiseau place les courses de yoles rondes au cœur d’une réflexion fondamentale. Il nous invite à faire le lien entre éthique et publicité, dans un contexte de délabrement des mœurs et d’exigences sociales.

A l’évidence, tout un pan de la culture et du patrimoine martiniquais est douloureusement mis à l’épreuve par des publicités omniprésentes. Ce phénomène, révèle à la fois une forme de violence sournoise et une vigilance collective qui se dégrade. Autant que le mécénat est présent partout, la pensée de Patrick Chamoiseau est limpide et pédagogique. Elle met en évidence la fragilité d’une pratique sportive « divertissement » partie de rien, devenue soluble dans de la publicité.

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Les impasses des lendemains de l’abolition de l’esclavage.

— Par Marcel Luccin —

J’habite une blessure sacrée
J’habite des ancêtres imaginaires
J’habite un vouloir obscur
J’habite un long silence
J’habite une soif irrémédiable
J’habite un voyage de mille ans
J’habite une guerre de trois cents ans…

(Aimé Césaire).

Au début c’était l’entassement dans les cales des bateaux négriers pour des voyages du « non-retour ». C’était les préliminaires d’une vie de privations qui faisaient la part belle aux violences, à la terreur dans le sang et les pleurs pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants. C’était aussi le début d’une guerre de plusieurs siècles, envisagée sous l’angle économique, mettant en scène des guerriers armés de flèches végétales pour les uns et de poudre à canon pour les autres. Évidemment, les esclaves, les vaincus ne devaient avoir ni la possibilité de penser, ni de se gouverner eux-mêmes. Curieusement, les barbaries de cette guerre d’un genre particulier sont peu connues des citoyens communs et relativement débattues au sein des institutions de la République. Incontestablement, la combinaison de ces désagréments nous projette dans de multiples impasses. Si « habiter » est synonyme de sécurité, cette notion prend néanmoins des dimensions singulières dans l’imaginaire des afro descendants.

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Coronavirus ou comment repenser notre temps

Par Marcel Luccin —

Le coronavirus focalise l’attention parce qu’il tue, bouleverse les habitudes, fragilise les convictions, met à mal le système économique, menace nos organismes, remet en cause les vérités établies. En effet, il s’agit bien d’un événement majeur qui génère de multiples interrogations mais entre autre, révèle le rôle salvateur de l’État-providence. Quant au confinement dont la durée est à la fois proche et lointaine, c’est probablement l’occasion de se libérer de l’emprise de la rentabilité à tout prix et des planifications souvent hasardeuses. En outre, le coronavirus en tant que révélateur primordial met en évidence l’augmentation de la consommation d’un surplus d’informations à la fois vraies et contradictoires, sans oublier les réseaux sociaux qui multiplient les sources de confidences et propagent des prophéties en tout genre.

Quoi qu’il en soit, cette épidémie offre à ceux qui le veulent l’occasion de sortir de leurs bulles sécurisées et de rompre avec les pièges de la routine devenue aliénante. C’est à l’évidence une discontinuité profitable aux analyses approfondies, à l’adoption d’un nouvel état d’esprit et à l’avènement de relations interpersonnelles plus apaisées.

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 Droits de l’homme et du citoyen. Où en sont les afro descendants.

— Par Marcel Luccin —

Nos sociétés se plient difficilement aux dispositions des droits de l’homme. Bien que perpétuellement éloignés de l’environnement humain, les droits reviennent au galop. Il y a seulement quelques décennies (71 ans), que les droits de l’homme et du citoyen sont déclarés « universels », c’était en 1948. Il s’agissait ni plus ni moins d’une reformulation de l’éclosion du courant humaniste exprimé en 1789. Entre temps, les conquêtes coloniales, les guerres intestines ont exterminé des millions d’êtres humains. Des génocides se sont multipliés sur la planète, pendant que l’on exalte les vertus des droits fondamentaux. Aujourd’hui, en dépit de la volonté affichée de rendre justice à la dignité humaine, évoquer la trilogie « Liberté, Égalité, Fraternité » suscite ricanement et exaspérations quelquefois. Quoi qu’il en soit, dans l’hexagone comme dans les « outre-mer », placer l’humain au centre des préoccupations apparaît comme une des exigences prioritaires.

Incontestablement, dans le contexte de l’époque, la philosophie des lumières visait surtout à protéger l’intégrité culturelle des sociétés occidentales et à conforter les prétendues missions civilisatrices des aventuriers présents dans le « nouveau monde ». En ce XXIème siècle, des institutions prestigieuses sont autant marquées par la persistance de stéréotypes, de théories habiles jugées nécessaires pour entretenir l’instinct de dominance et justifier la théorie de  l’inégalité des « races ».

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Exigeons la création d’un Musée dédié à l’Esclavage colonial en Martinique

— Par Sylvère Farraudière —

A cette question, posée à Monsieur Alfred MARIE-JEANNE, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, il m’a été fait une réponse évasive, le 22 juillet 2019. Je réitère donc ma demande à Monsieur Alfred MARIE-JEANNE, en sa qualité de Président du Conseil Exécutif de la CTM, selon l’article 72-1 de la Constitution, et souhaite avoir en même temps les réponses aux questions que sa réponse du 22 juillet 2019 soulève.

Pourquoi ce musée n’existe-t-il pas déjà, même à l’état de projet, alors que la Martinique affiche une activité muséale prospère et de qualité, à raison d’un musée par semestre ; alors que la CTM annonce avec vigueur et véhémence la création imminente à Fort-de-France, d’un musée déjà financé, dédié aux Arts contemporains ? Qui refuse le Musée dédié à l’Esclavage colonial en Martinique ? La Martinique a supporté l’Esclavage colonial, sur son sol pendant plus de deux siècles sans discontinuer ; et le colonialisme, un siècle de plus ; pourquoi la Martinique ne serait-elle pas capable de supporter, sur son sol, aujourd’hui, un Musée nommément dédié à l’Esclavage ?

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Perverse cohabitation avec la violence.

— Par Marcel Luccin —

Vues de l’extérieur les « outre-mer » semblent cristalliser la majorité des problèmes du monde contemporain, comme si par un de ces bégaiements, l’histoire les replonge dans un passé douloureux où la violence était au menu quotidien. Le lien entre les violences d’antan et celles du moment n’est pas évident pour ceux qui pensent que l’humanité se porte mieux que jamais. Un rapide diagnostique montre que dans nos sociétés ultramarines construites dans l’inhumanité, sur l’exploitation de la force du travail se côtoient défiance et antagonisme. Aujourd’hui, une insécurité inédite confirme l’inquiétude des résidants et le retour de l’individualisme. Dans cet esprit, Pierre Rosanvalon (historien) parlant de démocratie dit : « Le premier ennemi de la fraternité c’est la concurrence », même si l’on convient que dans certains cas, la concurrence stimule l’innovation.

Nos sociétés fonctionnent malgré tout, parce qu’une majorité d’hommes et de femmes cherche à mettre en avant ce qui peut rassembler, faciliter le vivre ensemble. Néanmoins, force est de constater que dans la plupart des cas, la violence prospère sur la désespérance des sociétés en panne de perspectives.

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Regard renouvelé et décomplexé.

— Marcel Luccin (*) —

Les affaires liées aux violences faites aux femmes plongent nos sociétés dans une sorte de panique morale, comme s’il s’agissait d’un phénomène récent. La parole libérée devrait plutôt nous inciter à revisiter notre histoire, à repenser les frontières entre différentes formes de violences en fonction des époques et à mettre fin à des invisibilités entretenues. A l’heure où les femmes osent susciter une défiance inédite, c’est aussi le moment ou jamais de mesurer la férocité de certains comportements actuels, d’apparence anodine et de se placer au cœur des changements en cours.

Quoi qu’il en soit, tout désir de changement est forcément alimenté par une quête d’égalité réelle. Dynamique qui apparaît comme le moteur du perfectionnement humain à utiliser avec discernement. A la question : Qui je suis ? Térence (poète) répond ; « Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». Plus près de nous, un autre poète confesse : « J’habite une blessure sacrée, j’habite des ancêtres imaginaires, j’habite un vouloir obscur, j’habite un long silence, j’habite une soif irrémédiable, j’habite un voyage de mille ans, j’habite une guerre de trois cents ans /…/.

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Lettre ouverte des artistes martiniquais

lettre_ouverte Madame, Monsieur,
Les responsables politiques,
Nous avons l’honneur de vous interpeller sur un certain nombre de faits et par la même occasion vous livrer notre position et le regard que nous portons sur nombres de pratiques qui perdurent en Martinique dans le milieu artistique et culturel.
Des pratiques et attitudes non conformes aux usages qui voudraient que soient pris en compte sur un territoire, les travaux des professionnels des arts et de la culture du dit territoire, sauf qu’ici en Martinique, ces usages sont loin d’être appliqués car, des préjugés d’un autre temps, qui semblent être encore d’actualité, continuent d’alimenter les choix artistiques faits par tant de fonctionnaires hexagonaux déplacés, mutés ou nommés ici, en charge du développement culturel et artistique, et sans qu’ils ne soient accompagnés de personnes ressources de notre territoire, qui connaissent la valeur des artistes et techniciens martiniquais.

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