— Par Guy Pollier —
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Sans doute pour avoir eu à supporter l’impact de la pandémie qui aura fait 1000 morts en 2 ans sur notre seule Martinique.
Mais l’envie de vivre sans contrainte étant devenu une règle pour la majorité, il était tant de revoyager ou tout simplement de profiter sur place de notre bas de laine (épargne en hausse mise en avant par un constat récent de l’IEDOM). Et pour se laver l’esprit de tous ces tracas.
La planète est en apnée face aux dérèglements climatiques et aux catastrophes qu’ils engendrent. Tornades, Inondations, Canicules, Sécheresse, Incendies géants, Sargasses…et qui sait Cyclones ? Alors autant qu’a faire, autant en profiter sans modération.
D’autant que les perspectives de rentrée ne sont guerres souriantes avec tous les effets engendrés sur notre pouvoir d’achat par une guerre qui s’enracine et dont les effets réels et spéculatifs menacent le monde de ne pouvoir satisfaire le besoin le plus élémentaire. Pouvoir se nourrir.
Urgence Climatique, urgence Économique, urgence Sécuritaire, urgence de Vivre … autant d’urgences qui impliquent une urgence Politique pour traiter tous ces sujets dans un plan de « gestion de guerre », ou l’évolution se dessine au jour le jour, et où tout peut basculer par la folie ou l’inconséquence.
Si la France a été citée en exemple par la communauté internationale pour sa gestion de la crise Covid (protection médicale, sociale et économique), le paradoxe est que la confiance se soit transformée en méfiance, voire en détestation, que seule la peur de l’avenir peut peut-être expliquer ? L’invitation à la prudence, à la prévention, à des facilités pour travailler autrement, semble avoir anesthésié les populations qui ont du mal à retrouver le chemin du travail et le gout de l’effort.
Et lorsque qu’il y a doute, les démagogues, les rêveurs, les ambitieux, les malfaisants s’engouffrent dans la plaie de la discorde en cherchant les responsabilités ailleurs, sans aucunement se remettre en cause.
A l’instant ou vous êtes dans le plaisir de vos vacances, nos hommes politiques devraient utiliser cet espace pour se préparer à amortir les difficultés à venir. Dans une mobilisation solidaire de toutes les énergies, au plus près de la représentation de l’État sur notre territoire.
Un acte manqué
50 ans d’Outre-Mer m’avaient habitué à vivre « l’évènement » que représente une visite ministérielle surtout lorsqu’il s’agit de la première d’une nouvelle mandature.
Je n’ai point vu « d’événement » mais plutôt de « l’évitement » et une absence « de tout », dans la continuité d’un congrès et d’une accusation à charge de l’État, libérant des arrières- pensées quant à la manière de conduire la Martinique sur le chemin du redressement.
Et qui contraste avec ma perception, toute personnelle, que nos visiteurs aient eu un bien meilleur accueil collectif sur l’île sœur dans ce format 24 heures chrono. Un, ou des députés, s’étant libérés de leurs obligations parisiennes pour assister à un débat clé sur la cherté de la vie. Comme a pu le faire d’ailleurs, et je tiens à le souligner, la sénatrice Conconne en Martinique qui en étant présente nous a montré sa responsabilité et son respect.
Ce meilleur accueil, ces meilleurs échanges, s’expliquent sans doute par le passé du ministre en tant que Préfet de Guadeloupe ayant laissé un bon souvenir. Tout comme le fait que son Directeur de Cabinet soit Guadeloupéen, homme de terrain et tout juste libéré de sa fonction de Préfet du Morbihan. Avec les bretons il a sans aucun doute touché à ce qu’étaient des velléités d’autonomie. Dans cette Bretagne fleuron de notre agriculture, de notre pêche et de notre agro-industrie. Ce qui au regard de ce bilan devrait nous inviter à un peu de réalisme et de modestie…mais aussi d’ambition.
J’ai personnellement vu : 2 techniciens, 2 hommes de bonne volonté, à l’écoute, francs et directs dans leur expression, ayant la volonté de réussir pour nous, mais surtout avec nous, dans une « co-construction ».
Au-delà de notre capacité territoriale à bien pouvoir travailler avec l’État, d’autres signes inquiètent et en particulier la représentation de notre territoire à l’Assemblée Nationale dans le camp de la Nupes qui nous a démontré en moins d’une semaine, son incapacité à exister, autrement que dans l’invective et la haine, érigées en mode de fonctionnement.
Notre plus ancien député semble s’être donné une légitimité à animer ce petit monde de l’Outre-Mer aux problématiques tellement différentes. Et à trouver à se cacher derrière la figure de proue du mouvement indépendantiste tahitien, Moetai Brotherson (dont je vous invite à découvrir l’atypique portrait dans le journal Libération du 14 juillet 2017). Et qui vient d’être élu à la Présidence de la Délégation Outre-Mer à l’Assemblée Nationale. Une Polynésie Française qui a voté pour le Président Macron à 40% au premier tour, (JLM culminant à un petit 13 %) et majoritairement au deuxième tour. Mais on n’a pas de leçon à donner. On peut juste être surpris par la réalité de cette représentation. A relativiser néanmoins lorsque l’on peut lire qu’il est admiratif de l’Amérique de Trump… et qu’il est contre tous les systèmes de solidarité ! Reconnaissons-lui cette dignité.
Comme j’ai pu l’écrire les Polynésiens vivent très modestement en autarcie, sans accès à tous nos avantages. Une Polynésie indépendante ? Pourquoi pas ! N’ayant pas su profiter de leur grande autonomie. « Tout près » d’eux le Vanuatu (ex Nouvelles Hébrides -condominium franco-britannique) l’est bien depuis 1980. Mes quelques stops sur place ne m’ont jamais donné une impression d’opulence et je crois que rien ne s’est arrangé. Blacklisté comme paradis fiscal, le Pays était répertorié en 2015 comme étant « le plus risqué à vivre au monde » selon le World index. (séismes, cyclones, volcans, corruption, situation sociale ) avec un revenu actuel moyen net de 2655 euros par an !
Je suis certain que la main des polynésiens ne tremblera pas pour exclure un tel destin.
J’espère aussi, que Moetai (dans la tradition polynésienne) invitera et offrira à notre député insoumis, un fardeau de colliers de fleurs, une copie d’une toile de Gauguin témoignant de son obsession pour les jeunes vahinés, et un y Ukulélé pour recevoir nos touristes ( plutôt que nos ministres) et peut être un jour Trump…et à défaut Maduro.
Pour la bière … la Lorraine (pour peu qu’elle existe encore) remplacerait l’emblématique Hinano.
Bonnes vacances à tous. Prenez soin de vous. En espérant que le Bon Sens l’emporte. Tout en priant pour que les cyclones nous épargnent.
Sauvons nos Paradis ! avec réalisme et sans naïveté.
Guy Pollier