Pour alimenter la contribution participative
— Par Guy Pollier —
Un peu de recul aura été nécessaire pour essayer de comprendre « comment ça se passe » selon la formule populaire usitée.
Les 2 jours de travaux prévus auront finalement « tourné court » pour ne garder que la cession de la première journée dominée par des élans d’enthousiasme, des envolées lyriques, volontaristes, dont certaines dans la sincérité et l’émotion. Dans une accusation décomplexée et exclusive d’un État jacobin (mais ô combien providence !). Point d’auto critique et d’introspection ?
J’ose espérer que le maximum de martiniquais auront pu assister en Visio à la journée marathon de ce Congrès, dont l’objectif était de donner à voir, en dehors du cadre de la CTM, les intentions de chaque parti à participer à la reprise en main d’un destin commun. Une belle intention en soi.
D’autant que je n’ai pas vu d’opposition notoire sur le fond de cette ambition. Si ce n’est sur la forme et dans le détail par un conseiller pointilleux dans l’étalage de son idéologie portée par son parti à la forme d’Eurl. Cinq échecs individuels devant le peuple auraient dû le laisser au bord du chemin, car l’assemblée n’a plus de temps à perdre.
Mais je suis cependant, et par principe, circonspect face à toute unanimité apparente, ou les querelles se taisent et ou les stratégies se redéploient en silence pour mieux jouer le coup d’après.
Reste le contenu présent et les objectifs réels dans une suite immédiate, dès lors que les conclusions semblent déjà écrites avant d’avoir commencé.
Et ou cela ressemble à une volonté de tout réinventer au lieu de travailler en profondeur à l’amélioration du fonctionnement présent avec les représentants de l’État (Tant au plan local que national) en allant à l’essentiel et en traitant les urgences.
Ne pas confondre vitesse et précipitation
Le calendrier ne me semble pas être à la hauteur de ce qui est un immense chantier.
Vouloir boucler une réflexion et finaliser un plan d’action, en quelques petits mois, en faisant participer les martiniquais serait une illusion ou une tromperie.
En faisant un compte à rebours, qui est prêt à sacrifier le mois et demi de vacances qui reste pour organiser ou répondre à des consultations ? ( selon quelle méthodologie ?) Puis viendra le souci de la rentrée et tous les aléas qui ne manquerons pas de nous accaparer.
Une nouvelle fois on déciderait pour nous en laissant l’illusion que le peuple est souverain.
Le préalable est de nous démontrer que vous avez une réelle vision qui ne se résume pas à une seule obsession. Avec des désirs qui concourent à la satisfaction de nos besoins réels et non fantasmés.
La deuxième condition à satisfaire est de pouvoir rassembler tous les martiniquais derrière des objectifs nécessitant du courage et des efforts ( pour ne pas dire sacrifices). En clair en se remettant au travail ou en intensifiant leur activité. Ce qui n’est pas facile à entendre et à faire entendre. Et ça c’est la priorité des priorités… créer une dynamique et agir. L’ambition d’autonomie alimentaire est à ce prix. Retour à la terre, réappropriation de nos petits jardins créoles, accès au foncier libéré par des pans d’activités en ruine ( canne qui occupait la plaine du Lamentin, ananas dans le Nord…)
Un des autres leviers serait de favoriser l’émergence de projets (pas que pour consommer des subventions), en associant le monde de l’entreprise et de la finance, trop frileux face à la réalité malfaisante des professionnels du désordre (que l’on laisse faire, voire que l’on instrumentalise), et en s’ouvrant à des investisseurs venus de l’extérieur. Encouragés à un moment par le mirage de la défiscalisation, mais vite repartis, douchés par le caractère hasardeux pour joueurs de casino.
Il convient de regarder de très près les modèles d’autonomie à la Tahitienne ou à la Calédonienne. Qui sont, de loin, bien moins protecteurs au plan social et qui favorisent la politique « des copains d’abord » au moment de légiférer. Dans une instabilité précaire et récurrente.
Une Polynésie dispersée dans un territoire aussi vaste que l’Europe ou l’on vie en autarcie dans une tradition ancestrale. (agriculture, pêche) et d’un tourisme à contribution. Une Calédonie supportée par le filon du Nikel, dont nous n’avons pas d’équivalent.
On ne rasera pas indéfiniment gratis comme le laisse espérer le leader « Maximo Mélenchon », en visite dans les « démocraties » sud-américaines dont le modèle le plus édifiant est à une heure d’avion de chez nous. Les plus anciens, adeptes et nostalgiques de shopping à Caracas seraient bien surpris de la situation présente de ce Pays (pourtant producteur de pétrole). Que dire que la pensée de ce créateur d’illusions soit relayée au premier rang par deux de nos députés ?
Alors rassurez nous, car s’en référer au regard que porteront nos petits enfants sur nos décisions, est un propos que j’ai déjà entendu de la bouche d’un des vôtres, parti il y peu de temps. Il s’était hélas perdu dans ses choix en faisant confiance lui aussi, ou en ayant le sentiment de donner sa sagesse en caution à la cause commune, dans un attelage qui aura explosé en plein vol dans la précédente mandature.
Les martiniquais sont las d’accords de façade, de bricolage, d’ambiguïté, de désertion devant les responsabilités, voire d’incitation malveillante à la révolte. Dont ils sont les premières victimes.
A ce titre, l’initiative de pacification du débat et en corollaire la promesse d’action nous intéressent. En dehors de toute radicalité sur l’essentiel, au profit d’un mieux vivre au Pays.
Alors oui.. « soyez clair », pour un choix en toute connaissance de cause.
Pour que le carrefour ne nous conduise pas dans une voie sans issue.
Guy POLLIER
Simple citoyen
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