Avec Patrick Chamoiseau (texte et voix), Raphaël Imbert (saxophones, clarinettes, voix), Yasmina Ho-You-Fat (voix), Pierre-François Blanchard (piano), Celia Kameni (chant), Sonny Troupé (percussions, tambour ka), Nadir, (slam et danse), Solann (chant), Mbaé Tahamida Soly, (slam, poésie)
Patrick Chamoiseau et le saxophoniste Raphaël Imbert ont en commun le goût de la poésie et du jazz. C’est à l’occasion d’une résidence au musée d’Orsay à Paris, que l’auteur martiniquais, l’un des écrivains majeurs du monde contemporain, s’est plongé dans l’œuvre de Baudelaire dont il est certain que la liberté a nourri celle de Césaire, Glissant ou Fanon. La liaison entre la structure rythmique des mots du poète du XIXe siècle et celle du jazz a jailli comme une évidence pour ces deux grands artistes qui n’aiment rien tant qu’aller puiser aux racines d’une œuvre pour mieux
en faire surgir la modernité (on se souvient du merveilleux album Bach Coltrane de Raphaël Imbert).
Accompagnés par plusieurs artistes, évoluant dans des univers musicaux différents (jazz, rap…) , Patrick Chamoiseau et Raphaël Imbert convoquent, deux cents ans après sa naissance, un Baudelaire inattendu qui, à l’instar du blues, fait surgir la beauté du mal.
« Monsieur Baudelaire, vous dont les croyances n’avaient plus de Dieu, plus de modèles, vous dont la vie invoquait religieusement le rythme, l’Amour, l’Idéal, l’Art en ses immanences, oui, vous dont le désir sacré ne s’offrait qu’aux grâces toujours bizarres de la Beauté… vous avez fait jazz ! », s’exclame Patrick Chamoiseau dans le livre-disque qui paraîtra quelques jours seulement avant ce spectacle.
Cette méditation poétique et musicale ramène le poète de la modernité occidentale dans l’univers des plantations esclavagistes, de la polyrythmie africaine et de l’improvisation… Un enfer d’où sont parvenus à surgir malgré tout des danses, des chants, des tambours, la parole du conteur créole et l’énigme indéchiffrable du jazz.
« Ces sinistres navires furent des fourriers de crimes, de génocides, mêlés à bien des surgissements encore indéchiffrables. Ils ouvrirent, dans les abysses, entre les Afrique anciennes, les Amériques nouvelles, un continent étrange, hors base géologique, Atlantique sans lumière, une béance encore bien méconnue, nécropole de millions d’Africains ! »
Patrick Chamoiseau
« Rendre hommage à Baudelaire avec ce que nous sommes », tel est l’enjeu de cette création en forme de « chaos opéra » qui embrasera la nuit au fort Saint-Jean entre musique, images et poésie.
Direction littéraire : Patrick Chamoiseau
Direction musicale : Raphaël Imbert
À lire et à écouter
Patrick Chamoiseau, Baudelaire Jazz. Méditations poétiques et musicales avec Raphaël Imbert, Seuil, 2022.
Source : Oh les Beaux Jours