Temps du rêve & Espoir

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Le temps du rêve

La lune a embrassé ta nuit d’un autre rêve…
Dans ton âme une marée d’émotions se lève,
déposant son écume d’extases inconnues
sur le désert rivage où gît ton cœur à nu…

Nostalgie : fêtes païennes sous les étoiles
de chaudes nuits d’été quand la lune est sans voile…
Main dans la main, nous sautions par-dessus les flammes
du grand feu que l’amour allumait en nos âmes !

Hélas, depuis longtemps, ce temps est révolu
dans un monde d’où toute joie a disparu.
Les sourires masqués, la méfiance et la peur
effacent des visages les traces de bonheur…

Pour éviter la mort, ils ont tué la vie
en supprimant l’espoir, le plaisir et l’envie.
Sanitaires champions d’une survie d’ennui,
ils imposent leur loi au peuple des zombis
qu’ils ont rendus esclaves de la maladie…

Dis, quand reviendra-t-il, ce temps béni du rêve
où, sans gestes barrières, on unissait nos lèvres,
où nos mains se cherchaient sans penser à demain
dans un monde amoureux et fait pour l’être humain ?

Espoir

Le long d’un quai désert,
un homme solitaire
marche de long en large
d’une étrange manière…
Il a l’air un peu barge

mais ce n’est qu’un rêveur,
un poète ordinaire :
il attend le bonheur
qui passe comme un train
dont on ignore l’heure…

Et pour être certain
qu’il ne va pas rater
son départ pour Cythère
et une vie meilleure,
sans se décourager

il est là nuit et jour,
bravant soleil et pluie,
fait des allers-retours
pour tromper son ennui
le long du quai désert…

Quel est donc ce mystère
et la gare, pourquoi
est-elle abandonnée ?
Pour leur félicité
les hommes n’ont plus foi,

hélas, qu’en la matière,
ne sachant plus rêver !
Un poète a l’espoir
qu’il lui suffit d’y croire
et qu’un train va passer…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET