Par Bruno Moschetto, professeur de sciences économiques à Paris-I et HEC
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Les gouvernants de très nombreux pays avancés – dont la plupart de ceux qui ont adopté l’euro – ont à faire face à un lancinant problème d’équilibre de leurs finances publiques . Il leur est d’autant plus difficile de le retrouver que les traditionnelles variables d’ajustement ne sont plus à leur portée puisqu’ils sont pris dans un triple fixisme : cambiaire, monétaire et budgétaire.
Notre économie à l’aube du choc budgétaire de 60MD€ – ce qui représente 3 % du produit intérieur brut (PIB) en année pleine – et qui se traduira inéluctablement par une contraction de l’activité économique de 1,5 %, puisque la dépense publique est une composante à hauteur de 50 % de la demande globale. Bien que cette contraction échelonnée sur deux ans se réduise à près de 0,65 % l’an, il n’empêche que nous avons plus que jamais besoin d’une variable d’ajustement compensatrice. Une seule solution s’offre aux gouvernants pour sortir de l’impasse : une inflation concertée.
Cet impôt sur la monnaie, selon la lumineuse formule d’Alfred Sauvy, n’est plus au rendez-vous depuis un quart de siècle chez nous et dans la plupart des pays avancés, voire émergents. Et de surcroît ce prélèvement obligatoire n’a été remplacé par aucun autre – et ceci est un point cardinal – puisqu’au cours de la même période le taux des dits prélèvements obligatoires n’a pratiquement pas varié – il gravite toujours autour de 45 % de la production intérieure brute (PIB),
Ce qui signifie paradoxalement, en dernière analyse , que les banquiers centraux en contribuant à réduire l’inflation à un taux proche de zéro ont concomitamment privé l’ensemble des recettes publiques de ce prélèvement obligatoire et, partant , sont coresponsables du déséquilibre des finances publiques qu’ils se plaisent à dénoncer en permanence, en en faisant porter la responsabilité totale sur les gouvernants .
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Bruno Moschetto, professeur de sciences économiques à Paris-I et HEC
Bruno Moschetto, auteur de Tout savoir ou presque sur la face cachée de l’euro, Arnaud Franel Editions, 2011.
Le Monde.fr | 26.11.2012 à 15h17