Près de 3 millions de morts, une économie mondiale bouleversée… Ces conséquences de la crise sanitaire sont omniprésentes. Mais la pandémie de Covid-19 aura également un fort impact social, comme l’explique l’étude annuelle publiée mercredi par le Forum économique mondial (WEF, l’organisation connue comme le forum économique de Davos).
Selon cette enquête, la crise sanitaire a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour atteindre l’égalité homme femme à l’échelle de la planète. Plus clairement : il faudra encore compter 135,6 années, soit 36 ans de plus qu’avant la pandémie, avant de parvenir à la parité dans le monde.
Et ce dans tous les domaines : politique, économique, santé, ou encore éducation, souligne cette étude annuelle sur les inégalités femmes-hommes dans le monde pour sa 15e édition.
Les femmes plus touchées que les hommes par le chômage
Les répercussions de la crise sanitaire ont en effet été plus sévères pour les femmes qui ont été plus nombreuses à perdre leur emploi. Cela est notamment lié à leur sur-représentation dans des secteurs les plus directement affectés par les mesures de confinement, comme la consommation.
Selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT), la perte d’emplois des femmes a atteint 5% en 2020, contre 3,9% chez les hommes.
La crise sanitaire a également accru la double charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et des soins aux personnes âgées qui leur « incombent de manière disproportionnée », rapporte l’étude.
Outre le chômage, le rythme des embauches pour les femmes est également plus lent maintenant que le marché de l’emploi se redresse, leurs chances d’être recrutées pour des postes dirigeants étant moindre, selon cette étude. Cette dernière constate ainsi une régression d’un à deux ans par rapport aux progrès réalisés jusqu’à présent.
Plus de 145 ans pour atteindre la parité en politique
Le fossé s’est pourtant surtout creusé au niveau politique, selon cet indice réalisé tous les ans depuis 2006. S’il fait ressortir une amélioration dans plus de la moitié des 156 pays passés en revue, les femmes n’occupent toutefois que 26,1% des sièges parlementaires et 22,6% des postes ministériels au niveau mondial.
L’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de fin 2019.
La publication de cette quinzième édition a été retardée par la crise sanitaire, les auteurs de l’étude notant que données récoltées pour 2021 ne reflètent pas encore entièrement l’impact de la pandémie sur les femmes.
Résultat mitigé pour la France
Les pays d’Europe du nord sont de nouveau en tête du classement. Pour la douzième année consécutive, l’Islande s’est maintenue à la première place, restant le pays le plus égalitaire au monde. Elle est suivie par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède.
Mauvais résultat cependant pour la France, qui a perdu une place dans ce classement de 156 pays. Elle se classe au vingtième rang en matière d’émancipation politique, même si elle arrive à la première place pour la part de femmes à des postes ministériels.
En France, l’emploi des femmes beaucoup plus fragilisé que celui des hommes par la crise
En France, plusieurs enquêtes font état d’une aggravation des inégalités entre les femmes et les hommes en raison de la pandémie. Récemment, une étude de la Fondation des femmes a tiré la sonnette d’alarme « face à un risque de régression inédite de l’égalité femmes-hommes », notamment dans le domaine de l’emploi.
D’après les résultats, 70% des femmes estimaient à l’époque du premier confinement que cette période allait les pénaliser dans leur carrière. Et ce malgré le fait que les femmes ont été en première ligne durant la crise sanitaire : elles représentent 87% des infirmières, 91% des aides-soignantes, 73% des agents d’entretien ou encore 76% des caissières.
D’autres secteurs principalement occupés par les femmes (vente, services à la personne) sont plus touchés par la destruction d’emploi. Les femmes sont également plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois précaires.
La Fondation des femmes note par ailleurs que « sur les 35 milliards des plans de relance sectoriels de juin 2020, seulement 7 milliards sont dédiés à des emplois occupés par des femmes » (en majorité).
Elle arrive tout en haut du classement, à la première place en matière d’éducation, les auteurs de l’étude relevant toutefois que si les garçons et les filles ont un accès similaire à l’éducation, le prochain défi sera d’améliorer la présence des femmes dans les disciplines les plus pertinentes dont les emplois de demain, notamment dans les sciences, technologies, ingénierie et mathématiques.
La France a toutefois encore du chemin à parcourir sur le marché de travail. L’étude relève que les Françaises restent plus nombreuses à travailler à temps partiel mais met aussi en lumière les écarts de revenus et de salaires. Le revenu estimé des femmes ne représente toujours 71 % de celui des hommes dans l’Hexagone, selon ces données.
Source : Le Progrès avec AFP