Climat: sans actions fortes, gros réchauffement en vue selon Météo-France

Paris – Si rien n’est fait rapidement pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, la France est menacée d’un fort réchauffement climatique, avec son cortège de canicules et sécheresses, selon des projections publiées lundi par Météo-France.

En pleine controverse sur le niveau d’ambition du projet de loi issu de la Convention citoyenne climat et alors qu’une décision est attendue cette semaine dans la procédure intentée par plusieurs ONG contre l’Etat pour inaction climatique, le pire scénario étudié place la France métropolitaine sur une trajectoire de +3,9 degrés par rapport à la température moyenne de la période de référence (1976/2005). 

Soit bien au delà des objectifs de l’accord de Paris de limiter le réchauffement « nettement en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels« , si possible sous 1,5°. Or, selon les experts, le réchauffement depuis l’ère pré-industrielle approche déjà un degré. Et la France, qui s’est engagée à réduire de 40% ses émissions d’ici à 2030 par rapport à 1990, a dépassé les budgets carbone qu’elle s’était elle-même fixés. 

– Sans précédent – 

Météo-France, dont la patronne Virginie Schwarz rappelle en introduction à cette nouvelle publication que « toutes les observations recueillies à l’échelle planétaire confirment une accélération sans précédent du changement climatique« , a travaillé avec l’Institut Pierre Simon Laplace et le Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique. 

A partir de modélisations effectuées pour l’Onu, les chercheurs ont réalisé des projections selon trois scénarios des experts onusiens du Giec (émissions de gaz à effet de serre maîtrisées, modérées ou non-réduites) et à trois horizons de temps – 2050, 2070 et 2100. 

Les données, mises en ligne sur www.drias-climat.fr, sont travaillées à l’échelle régionale, avec l’objectif de favoriser les travaux sur l’adaptation au changement climatique des territoires. 

Au niveau national, le réchauffement est contenu, dans les trois scénarios étudiés, à autour de 1 degré jusqu’en 2040. 

Les trajectoires divergent ensuite fortement. Si la hausse est stabilisée autour de +1° dans un scénario d’émissions maîtrisées, l’augmentation atteint +2,2° en moyenne dans le scénario intermédiaire et s’envole à +3,9° en moyenne (et +4,5° au pire) dans le scénario de fortes émissions.  

Les records absolus enregistrés lors de la canicule de l’été 2019 – avec 46 degrés dans le sud de la France – pourraient alors être souvent dépassés, avec une augmentation des températures estivales moyennes de 6 degrés. Dans le pire scénario, les épisodes caniculaires seraient ainsi multipliés par 10.  

– Nuits tropicales – 

Et même dans l’hypothèse d’émissions maîtrisées, le nombre de jours de vagues de chaleur (plus de 5 jours consécutifs à plus de 5° au dessus de la moyenne) pourrait doubler. 

Quant aux « nuits tropicales« , où la température ne redescend pas sous les 20 degrés et met à mal la récupération du corps humain, les chercheurs projettent que dans le pire scénario « en fin de siècle, seules les zones de montagne et le littoral de la Manche restent quasi épargnés tandis que l’augmentation atteint 90 jours sur les zones les plus exposées« . 

De leur côté, les épisodes de sécheresse augmentent de 30 à 50% dans les scénarios moyen et haut. Et ce même si l’évolution du régime de précipitations est plus difficile à prévoir, attendu en légère hausse en hiver mais en nette baisse en été (plus de 20% dans le pire scénario). 

Côté phénomènes météo extrêmes, les chercheurs se heurtent aux « incertitudes« , mais alertent sur la possibilité de voir augmenter l’intensité des pluies extrêmes, ou des vents forts dans le quart nord-est du pays. 

A contrario, la neige et le gel en hiver pourraient passer au rang de souvenirs. Les projections régionalisées montrent en effet une hausse de la température annuelle moyenne jusqu’à 6 degrés sur certaines zones des Alpes et des Pyrénées. 

Source : AFP / Lexpress.fr