— Par Stéphanie Belpeche —
Avec le drame politique One Night in Miami (disponible sur Amazon Prime Vidéo), la réalisatrice afro-américaine Regina King évoque le souvenir de Mohammed Ali et Malcolm X.
Elle s’inscrit dans la lignée des réalisateurs afro-américains déterminés à témoigner à travers le cinéma de leur engagement politique. Après Spike Lee, Ava DuVernay, Steve McQueen, Jordan Peele, John Singleton, Barry Jenkins et même Ryan Coogler, Regina King, actrice de 50 ans qui s’est illustrée chez certains d’entre eux, a décidé de passer derrière la caméra pour One Night in Miami, un projet cher à son cœur. Disponible sur Amazon Prime Vidéo, il s’agit de l’adaptation de la pièce de théâtre du dramaturge et scénariste Kemp Powers, qui retrace l’échange mémorable entre quatre hommes dans une chambre de motel à Miami le 25 février 1964 : Cassius Clay, tout juste champion du monde à 22 ans catégorie poids lourds, l’activiste Malcolm X, la star du football Jim Brown et le chanteur de soul Sam Cooke. Pendant la discussion, le célèbre boxeur révèle qu’il va se convertir à l’islam et s’appeler désormais Mohammed Ali… Tous à un moment crucial de leur carrière, encore jeunes et idéalistes. Regina King rend hommage à ces icônes de couleur engagées pour les droits civiques et contre la ségrégation raciale, leurs destins entrelacés définissant les contours des combats à venir.
« Pas question de rester les bras croisés. En tant qu’artiste noire, j’ai la responsabilité de participer au débat »
« On a fini le tournage à la Nouvelle-Orléans deux semaines avant le début de la pandémie, mais il nous restait deux scènes à boucler à Los Angeles, explique-t-elle. On ne savait pas du tout à quoi s’attendre, mais impossible de renoncer car la résonance avec ce qui se déroulait aux Etats-Unis en 2020 nous incitait à sortir le film le plus rapidement possible. L’histoire se répète, encore et encore. » Après le meurtre de George Floyd et les manifestations Black Lives Matter, elle a mis tout en œuvre pour terminer One Night in Miami, malgré le Covid-19. « J’ai appris que l’activité pouvait reprendre pour les petites productions, comme les publicités. Si mon équipe était réduite au minimum, je décrocherais une autorisation et me débrouillerais avec les moyens du bord. Mon parti pris consistait à mettre en scène quatre acteurs à huis clos dans une seule pièce. Là, je n’en avais besoin que de deux. Je leur ai demandé leur accord, ils étaient plus que partants. »
Elle n’a pas choisi la facilité en adoptant ce format, il lui a fallu faire preuve d’ingéniosité pour ne pas figer l’action. « Je me repose sur l’écriture de Kemp Powers, qui humanise les personnages. On voit nos pères, nos frères, nos fils en eux. Peu de temps après, Malcolm X était assassiné… Depuis dix ans, j’utilise le cinéma pour faire entendre ma voix. Pas question de rester les bras croisés. En tant qu’artiste noire, j’ai la responsabilité de participer au débat. »
Source : LeJDD.fr
« One Night In Miami », un film de Regina King
Avec Eli Goree, Kingsley Ben-Adir, Aldis Hodge
Nationalité américain
15 janvier 2021 sur Amazon Prime Video / 1h 54min / Drame
Synopsis :
Miami, le 25 février 1964, le jeune Cassius Clay (futur Mohamed Ali) devient champion du monde de boxe, catégorie poids lourds. A cause de la ségrégation raciale, il doit fêter sa victoire à l’écart des autres sportifs. Entouré de ses amis, l’activiste Malcolm X, le chanteur Sam Cooke et la star du football Jim Brown, Cassius Clay décide de définir un nouveau monde.
La presse en parle :
Le Parisien par Renaud Baronian
Regina King, 49 ans, davantage connue comme comédienne, signe ici son premier long-métrage. Avec une maestria éblouissante, et dans un exercice difficile, celui du huis clos : sa façon de coller aux personnages, de jouer avec les miroirs, les gros plans, les fenêtres ou le mobilier dans cette petite chambre d’hôtel, fait forte impression et contribue à donner une dimension magistrale à ce film étonnant.
Ecran Large par Simon Riaux
Si le film de Regina King trahit plus d’une fois ses origines théâtrales et ne révolutionne rien, la comédienne et cinéaste fait plus d’une fois preuve d’un savoir-faire et d’une intelligence qui le hisse au-dessus du tout venant en matière de cinéma sociétal américain.
Les Echos par Adrien Gombeaud
Pour son premier long-métrage, la comédienne Regina King met une réalisation modeste mais solide au service d’un scénario impeccable.
Les Inrockuptibles par Théo Ribeton
La reconstitution fantasmée d’une nuit d’échanges entre quatre emblèmes afro-américains. Un premier long qui déroule studieusement son programme.
Télé 7 Jours par Julien Barcilon
À voir.