La mort de Jean-Pierre Bacri

Le comédien, scénariste et dialoguiste est décédé à l’âge de 69 ans. Il laisse en héritage des comédies douces-amères, conçues avec Agnès Jaoui, sa fidèle partenaire.

Il était le grognon préféré du cinéma français : Jean-Pierre Bacri est mort à l’âge de 69 ans. Le comédien a tourné dans de nombreux classiques : Didier, Mes meilleurs copains, Cuisine et dépendances, La Cité de la peur, Le Goût des autres? Son duo avec Agnès Jaoui, à la vie comme à la scène, auront engendré des pièces puis des films qui ont fait le bonheur des salles obscures. Leurs comédies douces-amères ont enchanté des millions de spectateurs.

Jean-Pierre Bacri est un acteur, scénariste et dramaturge français, né le 24 mai 1951 à Castiglione (aujourd’hui Bou Ismaïl) en Algérie et mort le 18 janvier 2021.

Il est connu pour son association avec Agnès Jaoui, avec laquelle il a joué et écrit plusieurs pièces de théâtre et films.

Il a aussi collaboré à plusieurs reprises avec les réalisateurs Cédric Klapisch, Alain Chabat, Alain Resnais, Claude Berri et Pascal Bonitzer.

Au théâtre, il reçoit le Molière de l’auteur en 1992 pour Cuisine et Dépendances et le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé en 2017 pour son rôle dans Les Femmes savantes. Au cinéma, il a reçu quatre fois le César du meilleur scénario original, a remporté une fois celui du meilleur acteur dans un second rôle et a été nommé six fois pour le César du meilleur acteur.

Biographie
Jeunesse et formation

Jean-Pierre Bacri est issu d’une famille juive d’Algérie. Grâce à son père facteur en semaine et ouvreur le week-end dans le cinéma Star de la ville, il découvre le septième art.

Arrivé avec ses parents à Cannes en 1962, au lycée Carnot, où il croise Cyril de La Patellière, il veut devenir professeur de français et de latin. Mais à 25 ans, Jean-Pierre Bacri monte à Paris et décide de travailler dans la publicité. Il devient placeur à l’Olympia pour gagner sa vie. Parallèlement, il suit une formation d’acteur au Cours Simon et au Cours de Jean Périmony, tout en écrivant des pièces de théâtre.
Débuts d’acteur (années 1980)

Le Doux Visage de l’amour reçoit d’ailleurs le prix de la Vocation en 1979. La même année, il joue son premier rôle au cinéma dans Le Toubib, mais c’est sa prestation de proxénète dans Le Grand Pardon en 1981 qui le fait connaître aux yeux du grand public.

Il multiplie ensuite les seconds rôles, collaborant avec plusieurs réalisateurs : Alexandre Arcady, Diane Kurys, Claude Lelouch, Claude Pinoteau, Luc Besson, Jean-Michel Ribes, Tony Gatlif, Gérard Krawczyk, Jean-Pierre Mocky, Pierre Tchernia, Jean-Marie Poiré, Yves Boisset et Yves Robert.

C’est en 1986 que son nom commence à figurer en haut de l’affiche : pour Mort un dimanche de pluie, puis L’Été en pente douce, sorti en 1987. Il joue la même année dans la pièce L’Anniversaire de Harold Pinter, dans la mise en scène de Jean-Michel Ribes, auprès de sa future collègue et compagne Agnès Jaoui.
Révélation et consécration (années 1990)

 

En 1993, l’acteur s’impose dans la comédie Cuisine et Dépendances , dont il a aussi signé le script. Puis il s’impose comme scénariste avec la comédie d’Alain Resnais Smoking / No Smoking, dont il a co-écrit l’histoire avec Agnès Jaoui. Leur long-métrage leur vaut le César du Meilleur scénario 1994. Le tandem confirme rapidement, cette fois également en tant qu’acteurs.

L’année 1996 les révèlent en effet au grand public avec la comédie Un air de famille, adaptation de Cédric Klapisch d’une autre pièce co-écrite par le tandem Jabac, selon l’expression d’Alain Resnais2. Le film leur vaut le César du Meilleur scénario 1997.

La même année, Bacri confirme aussi en tant qu’acteur, en menant la comédie fantastique Didier, premier long-métrage d’Alain Chabat. Bacri y cultive son personnage d’éternel râleur. Puis avec la comédie On connaît la chanson, nouvelle comédie d’Alain Resnais, dont Bacri a co-signé à nouveau le scénario. Cette fois, il décroche non seulement le César du meilleur scénario original ou adaptation mais aussi le César du meilleur acteur dans un second rôle.

En 1998, il donne la réplique à Catherine Deneuve, tête d’affiche du drame Place Vendôme, réalisé par Nicole Garcia. Il retrouve cette dernière comme actrice pour la comédie Kennedy et moi, mise en scène par Sam Karmann, qui sort en 1999.

L’année 2000 lui permet de s’imposer à nouveau comme auteur et acteur, avec le film Le Goût des autres, dont la réalisation est cette fois assurée par Agnès Jaoui. Le film est multirécompensé, et vaut au tandem leur quatrième César du meilleur scénario original ou adaptation.

Confirmation critique (années 2000)
Devenu un proche collaborateur d’Alain Chabat, il participe au script de la grosse production Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et se charge aussi de la narration du film. Le film est un énorme succès de l’année 2002. Bacri partage quant à lui l’affiche de la comédie Une femme de ménage, de Claude Berri, avec la jeune Émilie Dequenne.

En 2003, avec Nathalie Baye, Isabelle Carré et Melvil Poupaud, il fait partie du quatuor formé par Noémie Lvovsky pour sa comédie dramatique Les Sentiments. Puis en 2004, il partage l’affiche du drame Comme une image, d’Agnès Jaoui avec la jeune Marie-Lou Berry.

En 2005, il décide de parrainer le collectif Devoirs de Mémoires.

En 2006, il retrouve la réalisatrice Nicole Garcia pour tenir le premier rôle de la comédie dramatique chorale Selon Charlie, puis en 2008 sa collaboratrice Agnès Jaoui pour la comédie dramatique Parlez-moi de la pluie, avec un Jamel Debbouze, à contre-emploi, pour parler de racisme ordinaire. Le film vaut au tandem le Prix du scénario au Festival de Cannes 2004.

En 2009, il porte le drame indépendant Adieu Gary, écrit et réalisé par Nassim Amaouche, puis tourne le thriller de Raphaël Jacoulot, Avant l’aube, où il incarne Jacques Couvreur, le propriétaire d’un luxueux hôtel. Le long-métrage sort en 2011.
Tête d’affiche (années 2010)

En septembre 2012, l’acteur tient le premier rôle masculin de la comédie Cherchez Hortense, réalisée par Pascal Bonitzer.

Puis il retrouve Agnès Jaoui pour un sixième long-métrage, la comédie fantastique Au bout du conte, qui sort en 2013. Bacri y joue un moniteur d’auto-école croyant irrémédiablement que sa dernière heure est arrivée. Agathe Bonitzer, Arthur Dupont et Benjamin Biolay composent le casting principal.

L’année 2015 est marquée par la sortie de deux longs-métrages : la comédie dramatique La Vie très privée de Monsieur Sim, réalisée par Michel Leclerc, où il est secondé par Isabelle Gélinas.

En 2016, il retrouve Pascal Bonitzer pour la comédie Tout de suite maintenant, où il côtoie notamment Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste et Lambert Wilson.

L’année suivante, il est la tête d’affiche de deux longs-métrages : en juin, la satire Grand Froid, où il est secondé par Arthur Dupont et Olivier Gourmet ; en octobre la comédie dramatique Le Sens de la fête, écrite et réalisée par un autre tandem du cinéma français, Olivier Nakache et Eric Toledano. Fidèle à Alain Chabat, il fait aussi une apparition dans la comédie Santa et Cie.

En 2018, il retrouve d’abord Agnès Jaoui pour la satire Place publique. Puis il joue les patriarches pour la comédie dramatique familiale Photo de famille. L’acteur y a notamment pour partenaire Chantal Lauby.
Mort

Jean-Pierre Bacri meurt du cancer le 18 janvier 2021 à l’âge de 69 ans3,4.
Vie privée

Il rencontre Agnès Jaoui en 1987 avec qui il forme un couple à la ville jusqu’en 20125.

Après leur séparation en 2012, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont demeurés proches et continuent d’écrire et de jouer ensemble au cinéma et au théâtre6,7.

En 2014, il est membre du comité de soutien à la candidature d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris