— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Ce changement devrait consister à se fixer comme objectif prioritaire la préservation du patrimoine naturel de l’île qui constitue sa véritable richesse.
Plusieurs conditions sont requises pour atteindre cet objectif:
En premier lieu ,stabiliser la population à son niveau actuel, qui reste élevé au regard de l’exiguïté de l’île ( sa densité est trois fois supérieure à celle de l’hexagone!) ; sur cette base ,une répartition plus équitable entre les trois EPCI devrait être activement recherchée.
En second lieu, réduire l’impact négatif de la construction de logements sur le paysage naturel en la cantonnant dans les zones à urbaniser des Plans Locaux d’Urbanisme ; aucune extension de ces zones ni défrichages nouveaux ne devraient y être autorisés ; le cas échéant, la préférence doit être donnée à la reconstruction sur le foncier bâti existant. Parallèlement devrait être menée une vigoureuse poltique de nénovation et de réhabilitation de l’habitat laquelle ,dans le contexte de vieillissement et de dépeuplement que connaît la Martinique ,est largement en mesure de couvrir les besoins de la population en matière d’habitat.
Ensuite et c’est capital ,rompre avec cette fascination du public pour le “tout automobile”( ma mère ,dans sa grande sagesse,avait coutume de dire que l’île finirait par s’enfoncer sur le poids des véhicules en constante augmentation – plus de huit mille par an!) .Une telle prolifération anarchique du parc automobile ne sert que les intérêts d’une caste de privilégiés au détriment des intérêts supérieurs du plus grand nombre . Il faut résolument , tourner le dos à cette véritable addiction qui,outre ses effets négatifs sur l’environnement ( bruit, pollution ,épaves envahissantes) ,est le principal frein au développement d’un véritable réseau de transport en commun , clé d’un aménagement rationnel du territoire ; de plus, elle représente l’immobilisation stérile de sommes considérables qui pourraient trouver à s’employer plus utilement au bénéfice de projets de mise en valeur réelle du pays; cela suppose bien entendu que nos ” meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises” s’attellent à démontrer leur capacité d’initiative De lege ferenda pour proposer les adaptations et incitations réglementaires nécessité par ce changement de paradigme. On n’ entend guère à ce sujet la voix de nos révolutionnaires en chambre ,qui préfèrent se complaire dans la situation confortable de victimes de l’esclavage ,dont ils restent en réalité ,pour parodier Frantz FANON , les esclaves.
Autre tabou qu’il faudra bien avoir le courage d’ affronter résolument un jour , cette vache sacrée de “la majoration de vie chère de 4o%”. Peut-on encore justifier au xxi°siècle le maintien d’un système aussi discriminatoire entre les membres d’une même communauté insulaire?
Les dirigeants syndicaux qui sont juges et parties dans cette affaire puisque ,fonctionnaires pour la plupart ils en bénéicient largement, sont vent debout contre toute réforme la concernant .
Pourtant ,il y a là incontestablement des marges de manœuvre appréciables pour des projets de développement visant à réduire la fracture sociale dont sont victimes les habitants de notre territoire. Là encore nos” meilleurs spécialistes ( notamment universitaires ) des affaires martiniquaises” ont du pain sur la planche pour imaginer un système, qui sans léser en quoi que ce soit les actuels ayants droits, permettrait de booster l’économie du pays par la résorption du chômage de masse menaçant sa cohésion sociale ; ( pourquoi pas la création d’un fonds spécial garanti par l’Etat pour une durée d’au moins dix ans, affecté au rattrapage économique et géré par les représentants politiques et syndicaux locaux? La loi qui l’instituerait devrait comporter un mécanisme compensatoire de rémunération des ex-ayants-droit ,sous la forme d’un intéressement aux résultats ou encore d’un actionnariat). J’entends déja les hauts cris de tous ceux qui se servent du prétexte de la soi-disant défense des acquis des travailleurs ( lesquels ?) pour perpétuer un système inégalitaire qui les avantage .et les conforte dans leurs privilèges.
Deux autre champs d’action ,étroitement liés à la nature ,devraient également mobiliser toutes les énergies :“L’autonomie alimentaire “ d’une-part ,dont on nous rebat les oreilles mais pour la réalisation de laquelle bien peu d’efforts sont effectivement consentis ; cela nécessite qu’une part non négligeable des financements notamment européens affectés à l’agriculture soit redirigée vers le développement des cultures de subsistance ; c’est la condition sine qua non pour espérer atteindre “l’objectif zéro chlordecone” ,qui revêt un caractère impératif de santé publique.
Pour rester d’autre-part dans ce domaine essentiel qui détermine le rapport harmonieux de l’homme avec la nature ,ce qui frappe l’ observateur (en dehors de toute considération liée à la pandémie du Covid 19 ),c’est le caractère erratique des décisions prises par les responsables sanitaires locaux ; on crée à grands frais un service d’hémodialyse performant pour le laisser ensuite croupir dans un environnement devenu,c’est le moins qu’on puisse dire, inhospitalier. Le cas de l’hôpital de Trinité est par ailleurs emblématique de cette valse-hésitation présidant aux choix des équipements sanitaires dans notre territoire ( reconstruction ou pas reconstruction ? c’est la devinette du jour!).
Le pompon est remporté par le nouvel hôpital de Mangot Vulcin ,qui à peine inauguré fut confronté au problème de la définition de ses fonctions ; il était question de le transformer en centre d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, donnant ainsi la fâcheuse impression d’une navigation au fil de l’eau et aux “coups partis” ( les syndicats se sont heureusement opposés à cette rétrogadation fonctionnelle ,synonyme de dénaturation ).
En définitive , le citoyen lambda aimerait se sentir rassuré par l’existence avérée d’un “schéma territorial de l’offre de soins “ en Martinique ,validé par toutes les parties prenantes ( responsables politiques, praticiens médicaux, représentants des personnels et des usagers de ce service public), définissant les équipements ( capacité en lits, matériels techniques), les infrastructures hospitalières et leurs annexes , ainsi que la répartition de leur implantation pour répondre aux besoins de la population ,là ou elle se trouve.
Une telle démarche de planification, rationnelle et prospective dont la maîtrise incombe à l’ARS ( l’intelligence recommandant d’y associer ,dès le départ, la Collectivité Territoriale de Martinique) est indispensable pour assurer la meilleure coordination et cohérence entre tous les acteurs de santé, publics et privés.
Pour conclure ce bref passage en revue des changements souhaitables sur notre territoire ,il faut se féliciter de l’explosion du numérique qui ouvre un champ infini à nos possibilités créatrices ; à nous de savoir nous en saisir pour faire de 2021 l’année de la renaissance de “l’île aux fleurs”.
Pierre Alex MARIE-ANNE