Décolonisations, du sang et des larmes. France 2, mardi 6 octobre, à 21 h 5
Pascal Blanchard et David Korn-Brzoza ont déniché des archives exceptionnelles pour expliquer dans toute sa complexité trente ans d’histoire de France dans le monde. Un documentaire en deux parties à voir mardi 6 octobre, sur France 2.
« Le colonisateur blanc n’est pas invincible. » Voilà le principal enseignement que les « colonisés » de l’Empire français, tirailleurs sénégalais, spahis algériens, goumiers marocains et autres supplétifs ont retenu de la défaite de 1940. Ils en tireront une certitude : le temps de la servitude est révolu. Pour la France coloniale, qui tenait 43 pays sous sa coupe, la chute sera rude. Et rapide.
Des conflits oubliés
En moins de trente ans, ceux qui se sont battus pour la « mère patrie » réclament leur dû, pour certains une promesse du Grand Charles lui-même : l’indépendance. Cela n’ira pas sans heurts, explique ce documentaire en deux parties par la voix de Lucien Jean-Baptiste. Images d’archives de conflits oubliés, de répressions sanglantes (parfois avec l’aide d’autres colonisés !), David Korn-Brzoza et Pascal Blanchard ont avalé des tonnes de documents pour mieux mettre en cohérence la machine à broyer qu’était cet Empire français. « On raconte toujours la décolonisation de façon morcelée, avec les guerres d’Algérie et d’Indochine qui ont phagocyté l’histoire… On oublie le Cameroun, la Côte d’Ivoire, Madagascar… C’est une histoire peu racontée dans sa dimension globale », confie David Korn-Brzoza.
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Au nom de la préservation de l’Empire, on fait perdre son âme à la République : la droite comme la gauche socialiste ont tout fait pour préserver le statu quo.
Pascal Blanchard
De Haiphong à Alger, de Tunis à Madagascar, il faut stopper la chute des dominos. Peine perdue : on n’arrête pas la marche du monde. La France, pays des droits de l’homme parlant d’ « œuvre civilisatrice » à l’ONU, voudra préserver l’Empire, quitte à se perdre. « Au nom de la préservation de l’Empire, on fait perdre son âme à la République : la droite comme la gauche socialiste ont tout fait pour préserver le statu quo », soupire Pascal Blanchard. Sans doute est-il temps de saisir cette histoire dans sa complexité, arguent les réalisateurs. Un film d’une grande portée éducative, qui méritait bien une première partie de soirée – et c’est l’honneur du service public de le diffuser. Et peut-être une seconde vie dans les salles de classe, mais ça, c’est une autre histoire…
Source : L’humanité.fr