« Mignonnes », un film de Maimouna Doucouré

À Madiana les 8, 9, et 11 octobre 2020. Horaires ci-après.

Avec Fathia Youssouf, Medina El Aidi, Esther Gohourou
Nationalité Français
19 août 2020 / 1h 35min / Drame, Comédie

Synopsis :
Amy, 11 ans, rencontre un groupe de danseuses appelé : « Les Mignonnes ». Fascinée, elle s’initie à une danse sensuelle, dans l’espoir d’intégrer leur bande et de fuir un bouleversement familial…

La presse en parle :

Madinin’Art par Roland Sabra

Plongée dans un conflit de socialisation entre culture africaine islamisée et occidentalisation Amy au sortir de l’enfance, tout juste pubère, est traversée d’une dissonance cognitive qui la livre à elle-même. Elle se cherche confrontée aux deux figures identificatoires lui sont proposées : le corps effacé,  momifié sous le voile religieux ou le corps méprisé, galvaudé, exhibé comme marchandise. Deux faces d’une même négation de la femme. Elle va parer au plus pressé. Elle vient d’avoir ses premières règles. Selon les codes culturels de la société d’où viennent ses parents, elle peut être mariée d’office comme c’est arrivé à sa grand-tante qui le lui explique. C’est la dimension musulmane de la socialisation biface dans laquelle elle est plongée qu’il lui faut dans un premier temps conjurer. L’arrivée de son père avec une femme dont il veut faire sa deuxième épouse est annoncée. Amy découvre la douleur cachée de sa mère tenue non seulement de faire bonne figure en public mais aussi chargée par son père d’organiser le mariage, de préparer la chambre nuptiale entre autre. C’est pour se dresser contre cette figure de femme humiliée, soumise à un ordre patriarcal archaïque et pourtant bien présent qu’Amy va basculer du coté de l’exhibition sexualisée du corps dans un groupe de jeunes danseuses apparemment délurées mais tout aussi assujetties au regard masculin. La réalisatrice dénonce la monstration du corps des gamines avec force dans toute une série de séquences dansées qui provoquent dans une partie du public un malaise semble-t-il. Faut-il donc qu’ait été oubliée la dimension ludique et parodique de la démarche de gamines en quête de construction identitaire? Faut-il oublier les théories infantiles de la sexualité qui les animent? Faut-il oublier que l’obscénité est avant tout dans l’œil du voyeur? Faut-il renoncer à montrer ce que l’on veut dénoncer? Faut-il, par exemple, il en est tant d’autres, condamner  Mehdi Lallaoui d’avoir évoquer le crime d’état d’octobre 1961 comme il l’a fait dans « Le silence du fleuve« ?(1)

Ces gamines jouent un jeu, qui certes peut devenir dangereux, mais elles jouent avant tout, sauf peut-être Amy qui s’engage dans le groupe avec une détermination, une rage même qui signe, dans ses effets, une distance. Son engagement n’est qu’un moyen, un instrument au service d’une autre cause. Face aux pulsions « scopiques » du jury devant lequel elles se produisent lors du concours qu’elles ont préparé Amy va craquer. Sa mère aura l’intelligence de comprendre ce qui l’anime. Elle s’opposera à la grand-tante qui veut la contraindre à assister au deuxième mariage du père.

Deux scènes finales illustrent à la perfection le propos de la réalisatrice. Dans l’avant dernière, revenue du concours Amy dispose sur son lit de façon parallèle les deux tenues dans lesquelles elle devait d’un registre à l’autre se déguiser. A gauche celle de danseuse très dévêtue qu’elle portait peu de temps auparavant, à droite la robe traditionnelle qu’elle devait revêtir et qui cachait son corps de la tête aux pieds pour assister au deuxième mariage du père. Deux tenues, deux modes d’existence dans lesquelles elle ne se reconnait pas. Dans la scène finale elle se précipite dans la rue, pantalon serré bleu, gilet rouge, très européenne dans ses habits, la tête très africaine dans sa coiffure, à la façon Angela Davis, elle encore enfant, entre dans une corde à sauter, puis elle s’élève, elle s’élève, prend de la hauteur. Comme un très beau dépassement dialectique.

Voir aussi  Ici on noie les Algériens, de Yasmina Adi, et Octobre à Paris, de Jacques Panijel.

Ouest France par Thierry Chèze
Maimouna Doucouré trouve à la fois le bon ton et la bonne distance.

Bande à part par Anne-Claire Cieutat
Un geste juste, de l’énergie vitale en rafale, un regard franc sur l’adolescence aujourd’hui. Ne manquez pas ce film sur grand écran !

Culturebox – France Télévisions par Marine Langlois
Dans un beau plan final libérateur, la jeune fille renoue avec son insouciance. « Mignonnes » est criant de réalisme, beau et délicat.

Ecran Large par Simon Riaux
Ni complaisant ni moralistaur, « Mignonnes » est une chronique intelligente et souvent dure.

Femme Actuelle par La Rédaction
La réalisatrice lance un cri d’alarme sur l’image de la féminité, la dictature du like, et la dureté des codes sociaux des préados.

La Voix du Nord par Christophe Caron
À la fois délicat et dérangeant.

Le Journal du Dimanche par Baptiste Thion
Épousant la perception et le ressenti d’Amy, ce conte moderne culotté et émouvant qu’interprètent avec conviction de jeunes amatrices parfaitement dirigées manifeste une empathie et un sens du détail qui participent beaucoup à sa réussite.

Le Parisien par La Rédaction
Un film plein d’énergie et de sensibilité, porté par de jeunes comédiennes bluffantes.

Marie Claire par Emily Barnett
Un joli récit d’apprentissage, juste et attachant, qui interroge aussi sur l’hypersexualisation de ces fillettes.

Télé 7 Jours par Laurent Djian
Un récit poignant, magnifié par une réalisation à la fois heurtée et colorée.

Télérama par Guillemette Odicino
Un récit inventif et plein de rage.

aVoir-aLire.com par Sofia Gavilan Yelou
Un portrait sulfureux, pailleté, honnête et courageux.

Le Figaro par Eric Neuhoff
On est loin de La Boum. Les collégiennes remuent leur popotin avec une innocence qui touche.

Le Monde par Clarisse Fabre
Le premier film de Maïmouna Doucouré séduit par la force politique de son récit.

Le Nouvel Observateur par Nicolas Schaller
Jolie réussite.

Libération par Sandra Onana
De son côté, « Mignonnes » passe autant de temps à faire exulter la belle énergie de ses héroïnes qu’à rouler sur elles un regard désapprobateur.

Première par Thierry Chèze
Le fil était ténu. Maimouna Doucouré y évolue telle la plus douée des funambules.

Voici par L.S.
Une fuite en avant bouleversante, qui nous laisse… Sur les fesses.

Critikat.com par Hugo Mathias
Une dualité que le film radiographie avec une certaine justesse, mais que le scénario de Maïmouna Doucouré peine à dépasser, se contentant de l’illustrer par des effets de symétrie un peu scolaires.

Les Inrockuptibles par Marilou Duponchel
S’emparer d’atours sexys (short, paillettes et poses langoureuses) est-ce s’affranchir ? Le film a l’intelligence de n’apporter aucune réponse stricte et observe avec un œil subtil les tergiversations de son héroïne. Cette dialectique est la qualité de « Mignonnes », mais c’est aussi ce qui l’empêche de se délester de son scénario, rendu ici trop lisible au détriment du pouvoir d’incarnation des images.

 

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