L’institution met en cause la gestion frauduleuse et souvent illégale de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.
La Cour supérieure des comptes d’Haïti déplore, dans un nouveau rapport publié lundi 18 août, la gestion frauduleuse et souvent illégale, par les divers ministères et administrations, de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.
Projets engagés sans une évaluation des besoins ou même une estimation des coûts, violations répétées des normes de passation de marchés publics: sur plus de 1000 pages, les juges n’épargnent aucune institution. «Les projets d’investissement et les contrats liés au fonds PetroCaribe n’ont pas été gérés en respectant les principes d’efficience et d’économie», accuse la Cour des comptes.
Mis en place à l’initiative de l’ancien président Hugo Chavez, ce programme a permis à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes de bénéficier de prêts du Venezuela dans le cadre d’un mécanisme de livraison de pétrole à des conditions préférentielles.
Les six gouvernements haïtiens qui se sont succédé depuis 2008 ont lancé pour près de deux milliards de dollars de projets sans, le plus souvent, se soucier des principes de base de la gestion de fonds publics, accuse l’audit. La Cour des comptes haïtienne dénonce aussi l’absence de coopération des institutions, ce qui a empêché son travail d’enquête.
Aucuns contrats pour un ambitieux projet public
Par exemple, les juges n’ont pas pu retracer un seul contrat pour la construction d’un parc industriel et de 1500 maisons en périphérie de Port-au-Prince: ce qui a été le plus ambitieux projet public d’aménagement urbain initié à la suite du séisme de 2010 s’est arrêté en 2014.
Plus de 46 millions de dollars ont pourtant été versés à une seule entreprise, Constructora ROFI S.A., qui appartient au sénateur dominicain Félix Bautista, sanctionné pour corruption par le Trésor américain en juin 2018. Dans leur précédent rapport sur le fonds PetroCaribe, les juges avaient épinglé l’actuel président de la République Jovenel Moïse, accusé d’avoir été au cœur d’un «stratagème de détournement de fonds» avant sa prise de fonction.
Contre les recommandations de la Cour des comptes et malgré des manifestations populaires organisées depuis 2018, aucune poursuite n’a encore été menée par la justice haïtienne contre les dizaines d’anciens ministres et hauts dirigeants impliqués dans le scandale PetroCaribe.
Source : LeFigaro.fr