— Par Gérard Dorwling-Carter, Patrimoine Martinique —
Je ne pouvais rester muet face à la destruction d’éléments importants de notre statuaire martiniquaise en tant que président de l’association Patrimoine Martinique qui jusqu’à ce jour oeuvrait en retrait du tumulte médiatique. Notre silence pourrait s’apparenter à une coupable complicité.
Le passé n’existe plus que dans nos mémoires. En effaçant les traces du passé, c’est notre mémoire d’aujourd’hui que l’on efface. C’est notre humanité que l’on blesse. Dimanche 26 juillet 2020, nous avons assisté impuissants et désolés à la destruction méthodique de plusieurs éléments de notre patrimoine martiniquais : les restes de la statue de Joséphine, impératrice des Français, et la statue de Pierre Belain-d’Esnambuc, créateur de la Martinique coloniale. Nous avons également assisté à l’enlèvement de plusieurs plaques de rues et au saccage de la statue de Gandhi.
Ces faits ont été produits en dehors de toute légitimité démocratique. Ils ont été produits alors même que des commissions mémorielles ont été mises en place dans plusieurs de nos communes.
Le Patrimoine de la Martinique est le bien de tous ; en le sauvegardant, c’est notre mémoire que l’on préserve, c’est notre capacité à débattre que l’on cultive, c’est notre humanité martiniquaise que l’on fait avancer. Nous ne pouvons pas laisser détruire ainsi des pans entiers de notre patrimoine sans nous émouvoir.
Nous ne pouvons pas laisser commettre impunément de tels actes, mais nous ne devons pas non plus renoncer au dialogue, notamment pour contextualiser les traces du passé, et pour combler les béances qui perdurent.
Nous sommes tous les héritiers du passé. Nous sommes chacun et collectivement responsables de ses empreintes, car elles sont une partie de nous.
Aussi, nous demandons aux Martiniquaises et Martiniquais (toutes origines et classes confondues) d’exprimer leur soutien à cette déclaration civique de sauvegarde de notre patrimoine.
Gérard Dorwling-Carter, Patrimoine Martinique