Dimanche 26 juillet 2020 à 19h au parc culturel Aimé Césaire
Une belle personne, une femme de caractère, une voix qui n’appartient qu’à elle et qu’elle offre en partage pour le bonheur de tous avec un souci de vérité, de sincérité et de générosité.
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Jocelyne Béroard, dans la vie comme sur la scène ne triche pas. Profondément humaniste elle refuse tout communautarisme et se donne comme mot d’ordre : Avancer!
La Présidente du SERMAC :« C’est une artiste de dimension internationale qui est profondément enracinée dans sa culture créole. Il était nécessaire qu’elle vienne enflammer le cœur des Martiniquais. C’était naturel que ce soit elle. Ce sera un très grand moment de notre festival ».
Dans l’ouvrage « Les apparences dépouillées », une suite d’entretiens menés par Laurent Laviolette Jocelyne Béroard déclare page 172 :
J’ai vécu vingt-six ans en France métropolitaine, et depuis les années 2000, je vis en Martinique. Je connais donc bien les coulisses du show-business français. L’industrie du disque signait principalement avec des courants musicaux à la mode, parce que c’était rentable d’un point de vue économique. Auparavant, les majors pouvaient aider un artiste à faire carrière en lui trouvant des compositeurs par exemple. Aujourd’hui la situation est différente, la question qui se pose est : Est-ce que ça va marcher ou non ? L’artiste est devenu un centre de coûts. On signe disque après disque, alors qu’auparavant c’était pour trois ans et deux albums, d’ailleurs on ne parle plus d’album mais de produit, au même titre qu’un paquet de lessive.
La musique antillaise a toujours été dans une case, celle de l’exotisme, avec un imaginaire de sensualité, de mouvements chaloupés. Une musique faite pour les vacances avec une durée de vie de trois mois, tout juste le temps de participer aux festivals d’été. Quand la communauté (antillaise) a commencé à catégoriser le zouk rétro, le zouk love, ça a tué le zouk qui regroupait un ensemble stylistique, le zouk tout court qui rassemblait s’est affaibli, d’où la qualification de zouk rétro, pour revenir aux racines du genre une fois la mode du zouk love, passée, Mais c’était trop tard, notre musique fut considérée comme rétrograde, has been. Donc le zouk a toujours été considéré comme un genre à part, extérieur au show-business classique à la française, paradoxalement composé majoritairement de musique anglo-saxonne. Pour preuve, nous fûmes classés dans le genre world music, belle hypocrisie… À l’époque, lorsque je retournais en Martinique, je m,amusais à qualifier la variété française de woild music, puisque chez moi, c’était leur musique qui était lointaine.
Qu’elle soit écrite par des Noirs ou par des Blancs, la musique est faite pour toucher les gens : on ne voit nécessairement pas la couleur d’un compositeur ou d’un interprète en écoutant une musique ou une chanson.
Biographie :
Née à Fort-de-France le 12 septembre 1954, Jocelyne Beroard quitte sa Martinique natale pour venir faire des études de pharmacie à Caen, en France : elle a vingt ans.
Très vite, la musique va prendre le pas sur l’université et, accompagnée de son frère, elle commence à se produire en tant que choriste sur les scènes françaises. L’aventure dure 9 ans.
En 1980, alors que Jocelyne revient d’un séjour de six mois en Jamaïque pour travailler avec Lee Peery, elle fait la rencontre de Jacob Desvarieux et des frères Décimus, qui viennent de créer le groupe Kassav’. Elle les rejoindra définitivement, tout comme sa sœur Catherine, en 1983.
En 1981, Jocelyne accompagne le chanteur Bernard Lavilliers sur sa tournée mondiale et travaille parallèlement avec plusieurs artistes comme Manu Dibango et Herbert Léonard. Elle décroche dans la foulée le premier prix du “ Concours de la chanson d’outre-mer “ en 1982.
En 1983, Jocelyne Beroard débute donc sa carrière de choriste au sein du groupe de zouk Kassav’. Dans les premiers temps, son activité au sein du groupe se limite à l’interprétation du titre “ Soleil “ ; mais très vite, elle enregistre sa première chanson en solo : “ Moment ta la “. Malgré un succès mitigé, elle réitère l’expérience en 1985 en enregistrant “ Mové Jou “ et “ Pa bizwen palé “, deux chansons qui deviendront des titres phares du groupe.
En 1986, Jocelyne publie son premier album solo. “ Siwo “ reçoit un double disque d’or, la plus grosse vente aux Antilles pour un artiste féminin. Philippe Lavil, alors au sommet de sa carrière musicale en France, lui propose d’interpréter un des titre de l’album en duo. “ Kolé Séré “ se vend à plus de 500.000 exemplaires dans la métropole.
À partir de 1985, Kassav’ organise des tournées dans tous les pays du monde. Le groupe collectionne les récompenses : en Russie, au Japon au Canada, aux Etats-Unis et surtout en France où Kassav’ est élu “ Meilleur groupe “ aux Victoires de la Musique 1988.
En 1991, Jocelyne enregistre son deuxième album solo. “ Milans “ et décide de donner un nouveau souffle à sa carrière d’artiste en tournant “ Siménon “ pour la cinéaste Euzhan Palcy (“ Une saison blanche et sèche “, “ Rue Case Nègres “). Sa performance est saluée par la critique et Jocelyne reçoit le Trophée Timi’s de la meilleure actrice Afrique-Antilles en 1992.
Parallèlement à sa carrière artistique, Jocelyne Beroard s’engage aux côtés de Yannick Noah pour aider l’association “ Aux enfants de la terre “. Son courage et sa détermination sont récompensés en 1996 lorsqu’elle est nommée “ Officier de l’Ordre du Mérite “ par le Président sénégalais Abdou Diouf ; puis en 2000 en devenant “ Chevalier de la Légion d’Honneur “.
En 2003, Jocelyne Beroard publie un tout nouvel album intitulé “ Madousinay “. Forte de son expérience de la scène et des studios, elle s’est entourée de plusieurs artistes de talent comme Claude Naimro, Mario Canoge, les Zouk Machine ou encore son ami Jacob Desvarieux, réalisateur de l’album.
En 2005, Jocelyne chante en duo avec Véronique Sanson pour le concert Total Respect Ni Putes Ni Soumises, puis c’est le Zénith de Kassav en février. 2005 est aussi l’année de son premier vrai concert en solo à l’Atrium de Fort de France, au moment du décès de son père. En 2008 Kassav sort un autre album et se retrouve au Zénith pour rendre hommage à Aimé Césaire.
En 2010, la chanteuse oeuvre pour le peuple haitien et enregistre différents titres aux coté d’autres artistes antillais.
En 2011 Jocelyne se décide enfin à se produire en solo sur une scène parisienne, l’Olympia, salle mythique.
En 2014, elle chante On n’oublie pas (écrit par Serge Bilé) avec plusieurs artistes et personnalités dont Alpha Blondy, Tanya Saint-Val, Harry Roselmack, Admiral T, Jean-Marie Ragald et Chris Combette. Cette chanson est un hommage aux 152 victimes martiniquaises du crash du 16 août 2005, afin de ne pas oublier cet évènement et d’aider l’AVCA (Association des Victimes de la Catastrophe Aérienne) à récolter des fonds 6
En 2016, elle participe au film Le Gang des Antillais. En juin 2018, elle se produit à la Cigale à Paris.