Kariculture, magazine culturel trilingue de la Caraïbe, nous parle du Festival Culturel de Fort-de-France, version 2020
Henri-Olivier Michaux, chargé du développement culturel de la ville-capitale, signe à ce sujet une comparaison flatteuse : « Avec celui d’Avignon, notre festival est l’un des derniers festivals pluridisciplinaires français ». Comparaison qu’il explique par le fait que la manifestation conjugue théâtre — un nombre restreint de pièces, toutefois, il faut bien le reconnaître —, arts plastiques, musique, danse et conférences. Malgré les contraintes sanitaires et un budget réduit, le coronavirus n’a pas eu raison de la 49e édition, qui se tient à Fort-de-France du 4 au 28 juillet. “Entre nous”, l’expression choisie pour nommer cette édition spéciale, indique « le thème générique de ce festival, qui s’appuie sur la notion de rassemblement inter-générationnel et solidaire ».
Sachons que le Festival, l’un des plus anciens de la Caraïbe, célébrera en 2021 son cinquantième anniversaire !
Extraits de l’entretien donné au journal par Henri-Olivier Michaux :
« On tenait vraiment à faire cette 49ème édition parce que l’année prochaine… on veut célébrer la 50ème édition en grande pompe ! Il fallait donc à tout prix qu’on trouve un moyen d’organiser le Festival cette année, en se pliant au contexte sanitaire (…) Nous avons réduit à 2500 personnes la jauge du Parc Aimé Césaire, habituellement fixée à 6000 personnes. On n’installera pas de mobilier de table afin que les distances de sécurité puissent être respectées. Le gel hydro-alcoolique et le masque seront obligatoires à l’entrée et pour circuler à l’intérieur du Parc. On compte sur le civisme et le bon sens des festivaliers.
(…) Au départ, le festival créé en 1972, était un moyen de montrer ce que les ateliers (du SERMAC) avaient développé pendant l’année. Ensuite, Aimé Césaire est allé plus loin, il s’en est servi pour faire venir des troupes internationales, d’Afrique, d’Asie, d’Europe, afin de permettre aux personnes issues des quartiers populaires de voir des spectacles qu’elles n’auraient jamais eu l’occasion de voir autrement, et ce à des prix dérisoires. Chaque maire a ensuite été à l’origine d’une nouvelle manifestation au sein du festival. La Jazz Night est née sous la mandature de Serge Letchimy, le Carnaval des Arts sous celle de Raymond Saint-Louis-Augustin, et la Manufacture, dernière en date, sera l’héritage de Didier Laguerre (…) On a essayé d’apporter des touches de modernité tout en gardant l’essence du festival.
On s’efforce d’avoir des manifestations qui touchent tout le monde : des événements pour toute la famille, pour les jeunes, les amoureux du jazz, du théâtre etc… On propose même des manifestations religieuses. Pour ceux qui aiment les conférences et les échanges intellectuels, il y a les conférences du Cénacle. Il nous manquait les festivaliers friands de prestations qui sortent de l’ordinaire. On a donc créé la Manufacture, sorte de laboratoire du Festival. Des artistes d’horizons très divers sont invités à travailler ensemble sur des projets artistiques. L’année dernière, on a associé le chanteur Miki Debrouya au guitariste Nicolas lossen et au beatboxer Ven.
Le moment fort de cette édition c’est le Symposium du 23 et 24 juillet, sur le Malecon. C’est un “ Cénacle XXL”. Pour la première fois, un thème sera traité sur deux jours : il s’agit du déboulonnage des statues, en Martinique et dans le monde. On a invité des intervenants d’ici et de l’hexagone. C’est le moment que tout le monde attend, et que tout le monde appréhende également, parce que le sujet est délicat. Beaucoup de personnes voudront certainement s’exprimer. Il faudra donc une maîtrise particulière du micro pour que soient respectés les gestes-barrières ! »
Ce Symposium, annoncé comme exceptionnel, va donc se dérouler sur deux soirées, avec en présentiel les “forces vives” de la Martinique : parmi les invités Serge Letchimy, Marcellin Nadeau, Fred Tirault, Robert Sae, Philippe Pierre-Charles etc. Mais il bénéficiera aussi du concours d’auteurs et d’historiens. À noter la participation du docteur Jeanne Wiltord, sur le traumatisme post-esclavage, et celle de l’essayiste Karfa Diallo qui présentera son expérience à Bordeaux.
Parmi les différentes manifestations proposées au public, retenons la Swaré bèlè, la soirée numérique, le concert de Jocelyne Béroard, des expositions à la Manufacture. Et le coup de cœur d’Henri-Olivier Michaux, c’est Titof, l’artiste invité à la soirée des jeunes. Un choix personnel, que certains pourront contester mais qu’il assume, parce que Titof « fait partie de ces artistes qui déplorent ne pas faire de scènes chez eux ». Certains textes, bien qu’assez crus ou violents, ont su trouver et convaincre leur public, et d’ailleurs dans son dernier album, Titof « a montré qu’il peut faire autre chose que parler de la rue, ou être dans l’invective ». Le responsable de la programmation entend montrer ainsi que les jeunes peuvent, sans que cela pose problèmes, venir apprécier la musique d’un artiste issu des quartiers populaires foyalais. Il donne aussi sa conception générale du Festival, qui « n’a pas vocation à être un produit touristique. Si on voulait que ce soit le cas, il aurait lieu en mars et serait concentré sur une semaine. C’est un festival pour les Martiniquais, c’est un choix. Ainsi, ils n’ont pas besoin de prendre un avion ou un bateau pour voir des artistes internationaux. Il est également destiné aux étudiants ou expatriés martiniquais, qui rentrent en juillet-août et qui sont souvent en manque de leur culture ». Mais en cela justement, le Festival se distingue de la version avignonnaise…
D’après Gladys Dubois, Kariculture, le 15 juillet 2020, et d’après Franceinfo
AU PROGRAMME DU FESTIVAL
Billetterie : 0696.22.07.27 Du lundi au samedi de 9h à 16h Vente en ligne : Datacaraibes.com ou par téléphone/Billets en vente 1 heure avant chaque spectacle au parc culturel Contacts : 0596.60.79.29 0596.71.66.25 Port du masque obligatoire
CINÉMA AVEC FOUYÉ ZÉTWAL
A la rencontre du film Fouyé Zétwal du réalisateur martiniquais Wally Fall sur un texte d’Anyès Noël comédienne et poétesse guadeloupéenne. Sur une musique de Sonny Troupé, avec Anyès Noël, Alain Verspan, Ovide Carindo/Durée : 14 minutes/Diffusion du film toutes les 20 minute
CÉNACLE
Jeudi 23 et vendredi 24 juillet à 18 h 30 sur le bord de mer kiosque Guédon : Cénacle/Gratuit
LA SOIRÉE JEUNE
Samedi 25 juillet 18h/22h/Jardin du Parc Culturel/Animation DJ : Tfiish/Killerz/Will One/Skoll/Prestation Musicale et Visuelle du groupe : Arewana Gang/Animateur humoriste de la soirée : Bobi/Show musical : Tiitof/Meryl/Tarif 15
CONCERTS
> Jocelyne Béroard en live/Dimanche 26 juillet à 19h/Jardin du Parc/Tarif : 25
> Chorale Émeraude – Lundi 27 juillet à 19h/Eglise Notre Dame du Rosaire Redoute/Après une visite commentée de l’église vous assisterez au concert sous la direction de Emmanuel Paulin et en invité Claudine Pennont/Gratuit – Mardi 28 juillet à 18 h 30/Cathédrale SaintLouis/Concert de la chorale sous la direction de E. Paulin et en invité Claudine Pennont/Gratuit
SWARÉ BÈLÈ, « NOU LA »
Mardi 28 juillet à 19 h 30 :/Gratuit/Jardin du Parc Culturel A-Césaire
Tout le programme à l’Office du Tourisme
Billetterie du Grand Carbet au parc culturel Aimé Césaire