par Cécile Mury –
Dossier | Ecoles de pointe, succès en salles, passerelles vers la télévision… La création animée française se renouvelle et s’exporte jusqu’aux Etats-Unis, où les Frenchies imposent leur savoir-faire.
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Le jour des Corneilles. © Finalement et Moi, moche et méchant.© Universal studio 2010 |
En France, le cinéma n’a jamais été aussi… animé. Alors que le succès d’Un monstre à Paris, le joli film d’Eric Bergeron (2011), est encore dans les esprits, cet automne aura offert un feu d’artifice : Kirikou a fait son retour, Le Jour des corneilles a pris son envol, et on attend un ours et une souris (Ernest et Célestine, le 12 décembre) qui vont faire du bruit, sur un scénario de Daniel Pennac. Même le réalisateur Patrice Leconte s’y est mis, avec Le Magasin des suicides.
Des découvertes aux valeurs sûres, le cas français est unique. Du plus industriel au plus artisanal, le cinéma d’animation fait preuve d’une vitalité exceptionnelle. Au cœur du secteur, la création télé est aussi en pleine mutation. D’où viennent cette profusion et cette diversité ? Peut-être de l’amont, des écoles qui forment, ici comme nulle part ailleurs, les talents de demain. Retour sur une réussite à la française.
Naissance d’une jungle éducative
« Travailler dans l’animation, j’en rêvais depuis l’âge de 15 ans. » Dans une salle de classe encombrée d’ordinateurs, jonchée de croquis, Gilles Cortella a délaissé sa table à dessin pour parler vocation. Il est tard, les cours sont finis, et pourtant les locaux de Gobelins, l’école de l’image, dans le 13e arrondissement de Paris, grouillent d’étudiants. Dans ce repaire de passionnés, qui forme aux arts visuels, de la photo au design en passant par le multimédia, le temps ne compte pas.
Autour de Gilles, les écrans sont squattés par des artistes en herbe, qui font des heures sup en 3D. Ils appartiennent tous au cursus d’élite de Gobelins, entre vingt et trente « virtuoses » par promo, qui préparent le diplôme de « concepteur et réalisateur de films d’animation ». Dans le monde du dessin animé, cette école est une légende. En France, elle fut la première, dès 1974, à enseigner les mystères du métier. La première et, longtemps, la seule.
Depuis, le secteur a connu un raz de marée : cinq formations en 1998, une quarantaine dix ans plus tard… et aujourd’hui presque le double, puisque le magazine L’Etudiant en listait récemment soixante-treize. Ahurissante bousculade, qui mêle public, privé et « consulaire » (dépendant, comme Gobelins, d’une chambre de commerce). Auteur, en 2008, d’une étude sur le sujet, René Broca estime que « c’est complètement disproportionné, et surtout d’une qualité très inégale. On a, d’un côté, les formations que tout le monde connaît, comme Gobelins ou Supinfocom, Georges Méliès ou La Poudrière. A l’autre extrémité, certaines écoles, en général privées, ont une belle brochure, mais n’offrent aucune garantie : les professionnels n’en ont jamais entendu parler ».
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L’animation française en chiffres :
• 75 % des salariés du secteur ont 40 ans au plus.
• 5000 personnes employées en France,
dont 80 % sont des intermittents.
• 300 heures de programmes de télévision,
3 à 10 longs métrages chaque année.
• A l’exportation, un tiers des ventes de programmes
audiovisuels français en 2010.
• 3e rang mondial (derrière les Etats-Unis et le Japon),
et 1er rang européen (40 % de la production
européenne d’animation).