Le département d’Outre-mer où le virus circule activement doit faire l’objet «d’une vigilance particulière», selon Édouard Philippe.
Mayotte, «à contre-temps» de la métropole qui va entamer son déconfinement, «a besoin des mesures déployés en Alsace il y a deux mois» pour lutter contre le coronavirus, a souligné jeudi 7 mai la directrice de l’ARS, l’ancienne ministre Dominique Voynet.
Le premier ministre Edouard Philippe, qui avait déjà annoncé le report du déconfinement pour ce département d’Outre-mer où le virus circule activement, a indiqué jeudi qu’il devrait faire l’objet «d’une vigilance particulière». Un point doit être fait le 14 mai pour envisager un éventuel assouplissement du confinement, mais «le déconfinement est pratiquement de fait» dans l’île, a reconnu Dominique Voynet lors d’un point-presse avec des médias nationaux.
Selon elle, «depuis le discours d’Emmanuel Macron» amorçant le déconfinement et «depuis le début du ramadan», le confinement n’est presque plus respecté dans l’île, où 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté. «Il y a du monde dans les mosquées», «des attroupements lors des obsèques», des rassemblements de jeunes le soir autour de combats de boxe traditionnelle, a-t-elle rappelé, tout en se disant «consciente d’une réalité sociale complexe» et «des troubles sociaux qui sont en train de s’amplifier».
Jeudi, Mayotte comptait 854 cas (+112 en 48 heures), 47 hospitalisations (dont 7 en réanimation) et 10 décès. «Tous les deux ou trois jours, il y a un doublement du nombre de cas», dû en partie à l’augmentation des tests menés par l’ARS, a expliqué Dominique Voynet. «On constate une augmentation des tests positifs», qui avoisinent «les 30% à 45% par jour», c’est-à-dire quasiment un test sur deux positif.
Montée en puissance
Conséquence, le taux de reproduction du virus, qui mesure le nombre de nouvelles personnes contaminées par chaque personne infectée, est «actuellement autour de 1,6 à Mayotte», le triple de ce qu’il est en métropole. Mais les tests sont «limités par la disponibilité en terme de réactifs, d’écouvillons et de tubes», a-t-elle reconnu, soulignant la difficulté à faire venir le matériel, à cause de la limitation des vols de fret (trois par semaine), qu’il faut partager avec La Réunion.
Selon un modèle statistique développé pour Mayotte, un pic épidémique est estimé «entre le 20 et le 30 mai». Mais cette analyse se basait sur le respect au moins partiel du confinement.
La montée en puissance du virus s’accompagne d’une «augmentation régulière du nombre d’hospitalisations», mais «plus en médecine qu’en réanimation», note Dominique Voynet, car il y a «peu de cas graves» pour l’instant.Le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a plaidé jeudi de son côté pour un déconfinement en même temps que la métropole.
Source : LeFigaro avec AFP