— Par Yves-Léopold Monthieux —
Les échanges qui nous ont opposés sur internet, un important élu et votre serviteur, m’ont conduit à me pencher à nouveau sur la date de l’abolition de l’esclavage et à proposer avec quelques jours de retard le contenu de cette discussion, légèrement toilettée. D’autant plus que cet évènement historique a peu retenu l’attention pendant la période de confinement.
On aurait pu reprendre ici toutes les dates et évènements de l’année 1848 qui ont amené la IIème République à prendre le décret du 27 avril 1848, ils ont été développés dans de précédentes contre-chroniques. Rappelons simplement que le premier acte institutionnel du processus d’abolition s’est déroulé dès le lendemain du jour de la mise en place du gouvernement provisoire. En effet, en mode de « conseil des ministres », cette instance a retenu l’abolition de l’esclavage comme l’une des 6 mesures prioritaires de la nouvelle République. La décision était prise, il ne s’agissait plus que de la formaliser. Les informations parvenant en Martinique au rythme des arrivées des paquebots, les décisions prenaient environ un mois pour parvenir dans les colonies. Mais les esprits s’étaient formés à l’avènement inéluctable de l’abolition, les colons avec angoisse, les esclaves avec espoir puis alégresse. En réalité, le dossier d’abrogation était établi par les républicains dès avant la chute de Louis-Philippe. Dès lors, l’affirmation selon laquelle les esclaves se seraient libérés tout seuls tient du fantasme. Ainsi que le démontre l’échange paru sur Facebook avec un important élu du conseil exécutif de la CTM, ainsi que les avis d’historiens, il n’y aurait certainement pas eu de « 22 mai » sans l’existence du décret de 27 avril 1848, bien que ce dernier ne fût pas encore parvenu dans l’île.
Fort-de-France, le 29 avril 2020