Le préfet de Guadeloupe a réquisitionné plusieurs opérateurs de l’eau pour trois mois, afin de pallier les manques d’eau dans plusieurs communes du territoire d’outremer, en pleine crise sanitaire du coronavirus, a appris l’AFP de sources concordantes.
«J’ai décidé (…) de réquisitionner pendant trois mois une partie des agents des opérateurs dont les territoires sont les plus impactés par les tours d’eau», afin de «rétablir un service d’eau minimum», écrit le préfet de la Guadeloupe, Philippe Gustin, dans un courrier adressé aux élus et que l’AFP s’est procuré.
De nombreux foyers de Guadeloupe sont en effet régulièrement privés d’eau potable, une situation devenue particulièrement difficile alors que les autorités sanitaires recommandent de «se laver les mains plusieurs fois par jour» pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus.
Cette réquisition va mobiliser les moyens financiers déjà débloqués ces deux dernières années dans le cadre d’un plan d’action prioritaire et d’un plan de convergence et de transformation, soit plusieurs dizaines de millions d’euros versés par l’Etat, la Région et le Département.
L’objectif affiché était alors de mettre fin d’ici 2020 aux tours d’eau, qui permettent d’alimenter un quartier en eau quand un autre en est privé, mais la sécheresse est venue compliquer les choses en avril ; les tours d’eau, qui rendaient au moins prévisibles les coupures, ne sont plus respectés. «Mettre fin aux tours d’eau, qui sapent par ailleurs des réseaux vétustes, prendra du temps», a écrit le préfet aux élus.
La question des fuites reste centrale dans cet épineux dossier aux nombreux enjeux, notamment politiques, depuis plusieurs années: dans le réseau d’eau guadeloupéen, mal entretenu, aux infrastructures non renouvelées, 65 à 85% de la production serait gaspillée, selon des expertises citées par une source proche du dossier.
Lors de son déplacement en Guadeloupe en septembre 2018, le président Emmanuel Macron, interpellé sur ce problème, avait déploré la mauvaise gestion du réseau par les opérateurs et collectivités.
Source : Le Figaro avec AFP