Par LaMarmotte
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Et si on aidait l’Etat à gérer les abus liés au chômage partiel ? Depuis début avril, 25% des salarié·e·s du privé sont au chômage partiel sur décision de leur employeur, mais combien sont contraint·e·s de travailler en réalité ?
Skypéro, vendredi 3 avril. Rapide tour de table fenêtres Zoom. « Qui bosse encore ? Qui est en chômage partiel et bosse encore ? » Elles·ils sont plusieurs. Je ne dis rien. On rigole et on acquiesce. On est plutôt bosseurs et bosseuses, « bons soldats ». Le Skypéro touche à sa fin.
Mais en fait, c’est scandaleux ! Sur le moment je n’ai rien dit. Le lendemain matin, je me lève tôt parce que j’y repense. Quelques recherches Google, un article sur Capital.fr, un autre sur LCI. Un troisième sur Libération trouvé en rédigeant cet article. Des témoignages anonymes. J’aurais dû interpeller mes ami·e·s. Je le regrette. J’aurais voulu partager mon raisonnement :
Le chômage partiel n’est pas une aide forfaitaire de principe pour les entreprises.
Le chômage partiel permet d’aider une entreprise qui se retrouve avec une activité (presque) nulle à survivre en prenant en charge une partie des salaires. Si votre entreprise vous emploie 35 heures ou plus, c’est qu’elle a des choses à vous faire faire et donc de l’activité.
Je ne parle pas ici d’un point hebdo pour tenir au courant celles et ceux qui trépignent de l’avancée des derniers projets, ni d’une urgence pour accéder à un document sur le serveur… mais plutôt de faire des journées normales en télétravail et au chômage partiel.
Des salarié·e·s qui participent à l’effort de guerre pour sauver leur boîte ?
Bien sûr que l’économie est impactée par la crise. Bien sûr qu’on a envie de sauver sa boîte ou plus héroïquement de remonter vers la première ligne en participant au service minimum de l’économie. Cependant même pour préparer la fameuse reprise, cela reste illégal, interdit par le droit du travail.
Pour certain·e·s d’ailleurs c’est peut-être la première entorse vécue, majeure et imposée, au droit du travail. De quoi surprendre et interroger des jeunes cadres qualifié·e·s et habituellement plutôt dociles. Car dans le fond, avez-vous envie de sauver une boîte qui triche sans honte ?
Fraude, travail illégal, et délit d’escroquerie au préjudice de l’Etat
J’ai beau essayé de comprendre, me « mettre à la place », cela reste de l’argent public confisqué par les uns qui n’ira pas sauver les autres. Et les autres, c’est au choix : celles et ceux qu’on applaudit ensemble à 20h ou alors les artisans, TPE, PME, entreprises familiales qui font le tissu économique de la France que l’on ne pourra plus aider faute de moyens. L’Etat manque déjà d’argent, mais pas de panique, chaque citoyen·ne peut participer financièrement à la solidarité nationale grâce à l’appel aux dons de Gérald Darmanin.
Le phénomène concerne petites et grandes entreprises. Autour de moi certain·e·s travaillent dans des plus petites boîtes tendances qui lèvent des fonds. Certaines jeunes pousses sont loin d’être exemplaires, les mêmes qui peut-être seront secourues avec l’argent du French Tech Bridge de la BPI alors qu’aucune orientation sociale ou environnementale dans leurs activités n’est mentionnée en contrepartie de leur sauvetage. Comme nous le propose pourtant si justement Dominique Meda « il faut revoir l’échelle de la reconnaissance sociale et de la rémunération des métiers » (son interview sur France Culture).
En résumé :
- Faire travailler ses salarié·e·s en chômage partiel est illégal et passible de sanctions
- Si les entreprises trouvent des tâches à faire à leurs salarié·e·s (et en quantité visiblement), c’est qu’il y a du travail : le chômage n’est pas justifié
- Ces entreprises qui abusent détournent de l’argent public (dont nos impôts) qui n’ira pas financer ce que la crise nous révèle comme les essentiels de notre société : la santé, l’éducation, le soin aux autres.
- Les belles entreprises françaises en croissance doivent être exemplaires
- Et si on dénonçait les abus ?