— Par Joseph Péraste, Maire du Marigot —
Pour les scientifiques, il est désormais acquis que le Covid 19 n’a ni frontière, ni ethnie, ni classe sociale de préférence ; la pauvreté est son lit de prédilection !
Ne nous voilons pas la face, si en Martinique il y a beaucoup de grosses maisons et de belles voitures, 32% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 1 000 euros par mois. Le Nord de la Martinique étant la zone la plus défavorisée de l’île.
Déjà en 2015, l’INSEE avait chiffré le taux de pauvreté à 21 % en Martinique. Une part importante de cette population vit dans le nord de la Martinique.
Le chômage qui, plus qu’ailleurs, frappe durement cette partie de notre pays est, ici, presqu’un mal endémique.
Nous savons que 10% des adultes n’ont pour seules ressources que les prestations sociales. Le phénomène de la pauvreté revêt donc une ampleur certaine.
Autre chiffre : la politique de solidarité et d’action sociale représente près de la moitié du budget de la Collectivité Territoriale, environ 500 millions d’euros. La création d’emplois est donc un enjeu fondamental.
Pour un sursaut salvateur
La crise sanitaire que traverse notre pays sera fatale à nombre d’entreprises, singulièrement les plus petites. Lesquelles sont déjà si rares dans notre zone géographique.
J’en appelle donc aux élus du nord de la Martinique, de quelque bord ou couleur politique qu’ils soient, avec ou sans étiquette, afin que nous fassions bloc autour de trois axes majeurs :
- La vigilance, quant au soutien qui sera porté -tant par l’État que par la CTM- aux entreprises et aux familles les plus démunies afin que celles de notre région nord ne soient ni oubliées, ni lésées.
- La mise en œuvre d’une politique de solidarités actives, notamment au sein de Capnord, en faveur de nos populations.
- Une attention particulière devrait ainsi être portée sur : l’aide à la création ou au soutien des coopératives agricoles, de pêche et d’artisanat. De même que le développement de CUMA (Coopératives d’utilisation du matériel agricole) qui permettront aux agriculteurs les moins fortunés de mettre en commun leur matériel d’exploitation. Les productions devront aussi s’écouler par des coopératives de commercialisation favorisant la vente directe en différents points de l’île.
Il est de notre devoir d’élus d’anticiper la sortie des crises -sanitaire et économique- en formulant des propositions aptes à servir l’intérêt de nos populations et notre économie insulaire.
Il s’agit aussi de profiter de l’occasion qui nous est donnée d’observer -comme en février 2009- notre dépendance alimentaire par rapport à l’extérieur, pour transformer positivement notre situation. De muer notre pays consommateur de produits importés en pays producteur de produits maraîchers et vivriers, par un soutien à nos productions locales dans tous les domaines.
Joseph Péraste
Le 10/04/2020