Violences dans le couple, disons non ce 13 juin
13 juin : Journée Martiniquaise de lutte contre les violences dans le couple
Il y a 8 ans, le 13 juin 2005 …
Il y a 8 ans, le 13 juin 2005, l’horreur était au rendez-vous : Sandra était arrosée d’essence et brûlée vive devant son lieu de travail, par son ex-compagnon, à 7 heures du matin, en plein centre-ville de Fort de France. Elle devait décéder quelques jours plus tard.
L’émotion provoquée par cet horrible assassinat a touché toute la population martiniquaise.
Des manifestations ont rassemblé des centaines de femmes et d’hommes qui disaient « plus jamais ça ».
L’Union des Femmes de la Martinique proposait alors que le 13 juin devienne Journée martiniquaise de lutte contre les violences dans le couple, en mémoire de toutes ces femmes assassinées en Martinique, pour toutes ces femmes qui ne peuvent vivre en toute liberté.
Mais ces réactions de condamnation face à la férocité de la violence masculine sexiste, ont-elles fait évoluer les mentalités et les agissements ?
8 autres femmes ont été tuées de 2006 à 2009 par leur compagnon ou ex-compagnon.
Si cette issue fatale n’a heureusement pas eu lieu depuis 2009, des centaines de femmes, dont beaucoup souffrent en silence ou sont contraintes à se taire de peur de représailles sont encore victimes au quotidien de violences dans ce couple, qui au lieu d’être un lieu d’épanouissement, représente un lieu de souffrance.
Oui, ça continue …
En 2012, l’Espace d’Ecoute, d’Information et d’Accompagnement de l’UFM a compté 4 300 passages (contacts téléphoniques ou venues sur place), soit près de 600 femmes.
Elles viennent de toutes les communes de la Martinique, de tous les milieux, indépendantes financièrement ou pas, décrivent leur situation.
Elles sont victimes de violences verbales, de menaces de mort, de violences physiques, sexuelles, économiques, de harcèlement psychologique, de séquestrations … la palette des vécus est hélas si large …
Chacune décrit sa situation :
Une jeune femme qui a cru au prince charmant, s’est engagée entièrement dans une relation en acceptant de prendre en charge toutes les dépenses (le logement, la nourriture, la charge des enfants). Monsieur n’habite pas là mais vient se servir : argent, repas, chéquier, … Au fur et à mesure la violence s’installe et monsieur ne veut pas s’en aller … c’est elle qui doit partir ;
Une femme d’âge mûr amenée par son fils « fè an bagay ba manman mwen, papa mwen pa ka bay an chans… » : injures, menaces, dégradations de ses affaires … cela dure depuis 20 ans, aujourd’hui elle n’en peut plus ;
Celle-ci a été giflée en plein supermarché, personne n’a réagi … ce n’était pas la première fois, mais là elle a dit « stop » ;
Elle ? Elle a longtemps hésité à venir parce qu’elle ne voulait pas admettre qu’elle, bac + 5, cadre dirigeant des équipes, était victime de tant de pressions psychologiques sans réagir ;
Femme venant de la Caraïbe, elle n’avait le droit de rien faire toute seule. Régulièrement battue devant son petit garçon de 2 ans, forcée d’avoir des rapports sexuels même après avoir reçu des coups, elle n’a dû son salut qu’à un départ précipité hors de Martinique ;
Elle a quitté son conjoint après plusieurs années de menaces, d’isolement, de chantage (si tu me laisses, je tue les enfants et je me tue…). Mais il continue de la harceler, et il lui fait peur : dernièrement, il y avait une fuite d’huile dans sa voiture, et elle a failli en perdre le contrôle. Le garagiste lui a indiqué que quelqu’un avait fait un trou dans le bac, et cela s’est reproduit avec une nouvelle voiture.
Nous pourrions multiplier les témoignages par centaines.
Elles viennent chercher une solution, n’ont pas encore porté plainte, ne connaissent pas leurs droits, ont peu d’estime d’elles-mêmes.
Mais elles ne sont que la face émergée de l’iceberg.
Régulièrement, nous sommes interpellées par internet, dans la rue, sur notre lieu de travail, par des femmes qui souffrent de situations de violences, par des hommes aussi, révoltés d’agissements d’auteurs de violences.
C’en est assez !
Pour les bourreaux, passivité et silence valent complicité, approbation et même encouragement à continuer.
Nous devons toutes et tous réagir si nous voulons que cela change.
Dénoncer encore et encore cette domination masculine, les inégalités entre les femmes et les hommes, la volonté « sociale » de maitriser le corps des femmes et leur sexualité.
Dire « non » à chaque acte de violence pour nous-mêmes femmes, mais aussi pour toute femme, sous quelque forme que ce soit, dans toute situation qu’elle soit publique ou en famille, entre ami-es.
Oser interpeller l’auteur et condamner ses actes.
Nous mobiliser individuellement et collectivement.
Nous savons le nombre de femmes et d’hommes engagé-es au quotidien dans le monde syndical, sportif, associatif. Ils et elles peuvent au sein de leur structure mener des actions de sensibilisation et de prévention.
Nous faisons appel à nos artistes, publicistes, journalistes, pour être attentif-ves aux messages véhiculés dans leurs productions.
Nous proposons aux enseignant-es de réfléchir aux choix de leurs textes, quelle que soit la matière enseignée.
Nous interpellons une nouvelle fois les collectivités pour qu’elles s’engagent dans une politique offensive etglobale de lutte contre les violences envers les femmes : sensibilisation régulièrede leur personnel, intégration dans toutes les formations d’un module citoyen, axes de travail, aide pérenne, à hauteur des besoinsnotamment financier, et dans les délais aux associations de lutte comme l’UFM.
Disons « NON » aux violences envers les femmes dans le couple !
Mais aussi «
NON » à une société qui utilise le corps des femmes comme une marchandise, et qui la considère comme une citoyenne de 2° zone en acceptant les discriminations et les inégalités dont elles font l’objet.
« NON » à une société qui fait la promotion de la violence en général, tout cela qui favorise la prmissivité et la banalisation des violences envers les femmes !
C’est nécessaire, si nous voulons changer les mentalités, libérer la parole des victimes, faire reculer le phénomène et ses conséquences, et que chaque jeune, fille ou garçon, se construise dans le respect des autres et dans l’égalité.
Ensemble,
Disons « OUI » au respect mutuel et à l’égalité !
Mobilisons-nous !
Dans le cadre de cette journée,
l’Union des femmes de la Martinique
vous donne deux rendez-vous
– mercredi 12 juin 2013, à 17 h à la bibliothèque municipale de Ducos pour un « Dé mo kozé fanm »
sur le thème « Sortir de la galère »
(rencontre réservée aux femmes)
en partenariat avec l’Association familiale de Ducos
et la bibliothèque municipale de Ducos
– jeudi 13 juin 2013, à 18 h sur le bord de mer à Fort de France, participez au grand rassemblement public ouvert aux femmes et aux hommes (rendez-vous au kiosque Henri Guédon – face à la rue de la Liberté) avec nos banderoles, pancartes, tee-shirts blancs ou UFM