— Par Max Dorléans —
On sait le rôle important et grandissant que jouent dans nos sociétés les réseaux sociaux (WhatsApp et autres) en termes de diffusion et circulation d’informations de toutes natures, « fake news » y compris.
Aussi, à défaut de medias publics permettant de vrais échanges pluralistes, à défaut comme hier de lieux et supports permettant confrontation et débats d’idées publics entre organisations politiques adversaires ou concurrentes, ils constituent clairement des supports et relais d’informations qui, sans eux, n’auraient pas droit de citer. Et, ceci représente un atout considérable.
Ainsi, a été mise sur un réseau en ligne, une interview réalisée sur TropicFm, par J.J Seymour, du très macroniste Max Dubois (président de « République et Développement des Dom »). Une interview où il développe une analyse de notre société martiniquaise fustigeant le rôle insupportable et considérablement néfaste pour la Martinique – et plus généralement les « DOM » – de groupes économiques dominants et super-puissants comme le Groupe Bernard Hayot (GBH).
Une analyse qui semble avoir eu une audience significative, et qui semble avoir conquis bien des esprits avec sa critique acerbe du groupe en question. Une analyse sans concession formelle et certes critique du groupe GBH, de son rôle, de sa pratique et de son fonctionnement, mais qui évacue totalement – puisque partisan lui-même, du rôle stratégique du profit – la critique essentielle du capitalisme néolibéral mondial.
Alors, sous couvert de dénonciation d’aspects révoltants du rôle du groupe GBH, Max Dubois – bien après des quantités d’autres comme lui – nous enferme dans l’acceptation de l’actuelle société libérale, dans l’idée de sa perpétuation puisqu’il ne lui oppose aucune autre type possible de société, puisqu’il admet comme évident la notion de profit pour le fonctionnement de la société. Un point de vue que nous contestons radicalement, puisqu’il n’est guère besoin de faire des quantités de démonstrations au plus grand nombre, pour les alerter sur le caractère immonde du capitalisme.
En effet, pour celui-ci, conscient qu’il est de la crise qui couve, il s’agit pour ne pas courir à la catastrophe et aux « troubles à l’ordre public », de remettre en cause les positions ultra-dominantes et excluantes – car oligopolistiques ou monopolistiques – de groupes tels celui de Bernard Hayot. Une exigence forte, car ces derniers régentent tout le système, ne permettent pas une véritable « pluralité économique », « l’émergence de nouveaux acteurs », et sont source de blocages de l’économie, comme de barrières à l’entrée de nouveaux venus
Dès lors, en guise de solution, il s’agit d’apporter les corrections nécessaires, d’aménager le système, de l’amender, de le rendre vertueux, de « laisser respirer l’économie », étant entendu qu’il ne s’agit nullement de remettre en cause le système et la légitime notion de profit, moteur indispensable à ses yeux, au fonctionnement du système.
Une hérésie puisque par définition, le capitalisme est un système où le profit est roi, et qu’il dicte, sans partage et sans limites, sa volonté à tous et toutes, sur l’ensemble de la planète.
Une conception du capitalisme sans ambigüité quant à sa nature mortifère pour l’humanité et destructrice de l’environnement, qui nous conduit à combattre l’idée selon laquelle il s’agirait de méchanceté ou de rapacité – même si cela existe – de tel ou tel capitaliste mal intentionné qu’il faudrait ramener à la raison. Ce qui signifie l’impérieuse nécessité de convaincre de l’urgence à éradiquer le système capitaliste libéral actuel, et non pas simplement ses aspects contestables, ceux relevant ici ou là de pratiques simplement classiques de capitalistes individuels dominants.
En réalité, le capitalisme comme système ayant sa propre logique, n’admet pas les demi-mesures. Chaque capitaliste est « condamné », à moins de disparaître, à pousser toujours plus loin et plus haut, la logique du fonctionnement du système, ce qui passe par une exploitation toujours plus grande des salarié/es, par une accumuler sans cesse croissante des capitaux, et évidement par l’évincement en permanence des concurrents incapables de suivre le cours sans pitié de celui-ci.
Aussi, pas plus qu’il ne s’agit pas d’exiger du lion qu’il cesse d’être le roi terrifiant de la savane, il ne s’agit pas non plus de se bercer d’illusions sur la possibilité d’amadouer le capitalisme, de le raisonner, de le rendre verteux.
C’est son éradication qu’il faut viser.
Cela demande évidemment que l’on se réapproprie Marx. Mais surtout que l’on regarde la réalité du capitalisme mondial comme celui de chez nous, qui est faite d’une croissance continue des inégalités sociales et autres, d’une misère et d’une souffrance grandissantes du plus grand nombre d’un côté, et d’une concentration continue de la richesse produite par le plus grand nombre entre les mains d’un petit nombre d’un autre côté.
Une lecture absolument nécessaire pour faire demain un sort au capitalisme, et mettre out ses défenseurs.
Alors, non aux illusionnistes et autres bonimenteurs du genre Max Dubois !
Max Dorléans (GRS)