Le musée inauguré le mardi 4 juin François Hollande est investi d’une lourde mission : attirer 300.000 visiteurs par an, changer l’image d’une ville et rapprocher les deux rives de la Méditerranée.
Après douze ans de discussions, d’hésitations, de changement de ligne puis de directeur, le MuCEM va enfin être inauguré, aujourd’hui, par le président de la République. François Hollande avait annulé une première visite, en début d’année, à cause de la guerre au Mali. Mais il avait promis de revenir, tant l’occasion était belle: le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) est l’un des derniers grands chantiers culturels de la décennie. D’un coût de 167 millions d’euros, c’est un projet financé à 65 % par l’État et à 35 % par les collectivités locales, le département et la région. Qui sait quand la France disposera à nouveau d’un tel budget pour promouvoir l’art? Le nouveau musée ouvrira ses portes au public ce vendredi 7 juin, soit au beau milieu de l’année célébrant Marseille et la Provence, en tant que capitale européenne de la culture: c’est l’un des faits marquant de la manifestation, qui elle aussi, est née dans la douleur.
Situé au bord de l’eau, le MuCEM est d’abord un grand geste architectural dû à Rudy Ricciotti. Les 44.000 m2, recouverts d’une résille en béton tenant du moucharabieh, sont reliés au fort Saint-Jean par une passerelle. Le vieux fort a été réhabilité, et le tout crée un ensemble ouvert sur la ville, qui sera entièrement consacré à des expositions, des débats et des concerts. Déjà, les promeneurs viennent au pied du bâtiment, empruntant un chemin jusque-là dédaigné. Le MuCEM a reconfiguré la zone du port, changeant une des faces de la Cité phocéenne.
Une galerie permanente déroutante
À l’intérieur, tout est gris et noir, de la couleur des galets polis par le ressac. L’architecte voulait protéger les œuvres et les visiteurs du soleil, tout en le laissant filtrer par les résilles – de quoi faire une «casbah verticale», selon son expression. Il voulait également que le bâtiment semble érigé au milieu de l’eau. Ce qui fut fait: la vue sur la mer est exceptionnelle, surtout depuis la terrasse située sur le toit, qui a été investi par le chef étoilé Gérard Passédat.
À l’étage, deux grands espaces d’expositions temporaires sont prévus, qui s’ajoutent à ceux du fort Saint-Jean
Au rez-de-chaussée du musée, une galerie permanente, dite de la Méditerranée, explique aux visiteurs la singularité et la diversité de ce monde. Présentée en quatre parties, elle n’est pas d’un abord très évident, même si le déploiement de très beaux objets, au sein d’une scénographie élégante, permet de glisser d’une partie à l’autre. Invention de l’agriculture, partie consacrée à Jérusalem – où les trois religions monothéistes puisent leur source -, salle consacrée à la citoyenneté – appuyée sur des collections grecques – et dernier espace autour de la découverte des routes maritimes: si les choix prennent tout leur sens une fois expliqués, ils donnent parfois le tournis. D’autant que, çà et là, des œuvres contemporaines s’invitent, créant une surprise de plus. L’espace permanent est par ailleurs présenté comme temporaire… Il devrait changer tous les trois ans, notamment en raison des prêts faits par les autres institutions.
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