— Par Pierre Alex Marie-Anne —
L’ actualité quotidienne est désormais marquée par l’annonce de faits divers sanglants et de rixes meurtrières dont le dénominateur commun est l’usage irraisonné des armes à feu; l’espace martiniquais est devenu scène de western où se joue régulièrement” règlement de comptes à ok corral”.
Un premier constat : les opérations “déposez les armes “,qui ne touchent que les citoyens honnêtes, restent inopérantes pour combattre ce véritable fléau.
Deuxième constat: à l’évidence ce n’est ni par le Port ni par l’Aéroport, sous surveillance constante , qu’elles sont introduites dans l’île.
Quant à l’analyse des causes de ce phénomène , les avis divergent: pour certains son origine socio-économique, ne fait pas de doute ,il s’agirait des conéquences prévisibles de la marginalisation progressive de larges couches de la population , vouées à la précarité et à l’extrême pauvreté avec comme corollaire le développement de la violence et de la délinquance.
Pour d’autres , l’explication principale ,de nature philosophique, tient à la dérive de nos sociétés modernes dites” libérées “ où la soif de jouissance et le culte absolu de l’argent-roi , ont pris le pas sur toute autre considération, réduisant à néant la notion de responsabilté individuelle ou collective ;
à cet égard, ils pointent du doigt les coups redoublés portés aux traditionnelles structures d’encadrement qui garantissaient ,vaille que vaille ,un certain “ vivre ensemble” ( la famille ,la morale ,la religion,l’éducation parentale ou même le service militaire); il y aurait donc urgence à stopper cette course à l’auto-destruction sociétale et à entreprendre la déconstruction de ce modèle de “bad boy”, propagé complaisemment par des médias en mal d’audience.
L’avis autorisé de nos experts en psychologie et en psychanalye vient clore le débat : tout s’expliquerait par le mal-être identitaire engendré par la colonisation et par les répercussions des traumatismes de la période esclavagiste et de la traite négrière sur le mental et la conscience de l’homme antillais.
Pour ma part , sans aucunement nier la part de vérité pouvant être contenue dans ces diverses approches , je me bornerai avec pragmatisme à considérer que l’importation et la circulation sans contrôle des armes à feu est la cause principale de la situation que nous connaissons actuellement.
Manifestement ,les pouvoirs publics sont dépassés au plan local par l’ampleur prise par ce trafic étroitement lié à celui de la drogue ; ils n‘ont pas les moyens nécessaires pour y faire face , l’Etat central quant à lui s’avère incapable d’assurer sur notre territoire la première de ses missions régaliennes ,à savoir la sécurité des biens et des personnes.
Il faut donc l’y contraindre et c’est le rôle de nos représentants de tout bords dont la passivité dans ce domaine est inacceptable; elle constitue n’hésitons pas à le dire, de la non-assistance à personnes en danger.
Qu’ont-ils fait à ce jour pour exiger des autorités nationales qu’elles s’emparent sérieusement de ce problème ? Quasiment rien , tout au contraire ,ils restent empêrés dans leur vision idéalisée d’une fraternité caribéenne à sens unique, le seul sujet qui motive leur indignation c’est celui des conditions de délivrance des visas d’entrée à” nos freres “des îles voisines , haro donc sur les contrôles et vive la contrebande!
Pendant ce temps , on apprend au détour d’une “rencontre avec la presse “diffusée sur une chaîne TV locale ,que certaines plages du Nord et du Sud de la Martinique sont le théâtre la nuit d’une intense activité clandestine dont les particpants sont animés ,n’en doutons pas , des meilleures intentions au monde – et on s’étonne après ça de la prolifération sur l’île d’ armes de tous calibres!
La réalité est qu’on n’arrivera à rien sans le rétablissement ( comme ce fût naguère pour la Douane) de postes de garde aux deux extrémités de l’île ,assurant une présence permanente et vigilante des forces de l’ordre ,sans exception.
C’est le devoir de nos représentants élus de se battre pour obtenir des pouvoirs publics nationaux la mise en place des moyens que requiert la gravité des périls auxquels nous sommes confrontés. Toute autre attitude de leur part ne ferait que les condamner au discrédit aux yeux de nos concitoyens .
Pierre Alex Marie-Anne