— Par Ségolène Forgar —
Les Bleues ont donné le coup d’envoi de la 8e Coupe du monde féminine de football, vendredi 7 juin. Avec brio puisqu’elles ont signé une victoire prometteuse, en battant les Sud-Coréennes (4-0). En attendant le prochain match, nombreux sont ceux qui contestent le terme «football féminin».
«Pourquoi quand on parle de « football féminin » on précise le féminin ? Donc on part du principe que le football par défaut est pour les hommes ?» s’interroge sur Twitter un internaute. La huitième Coupe du monde féminine de football a démarré vendredi 7 juin. Depuis, l’expression «football féminin» est sur toutes les lèvres. À tort ? Pour Nesrine Slaoui, journaliste de RMC, le football dit «féminin» n’existe pas. «C’est les mêmes règles, les mêmes postes et le même terrain que les garçons. C’est la Coupe du monde qui est féminine», rappelle la jeune femme dans un tweet.
[…] Mêmes règles, même ballon
Pour l’ancienne footballeuse professionnelle, Mélissa Plaza, «le problème avec ce terme, c’est que ça sous-entend que le standard, la norme, ça reste les hommes et que le « foot féminin » ne serait qu’une sous-discipline». Alors même que «c’est exactement les mêmes règles, la même taille de ballon, la même taille de terrain, la même taille de buts. Le même nombre de minutes jouées par match et surtout, la même passion», détaille-t-elle dans une vidéo de Brut.
Mais pourquoi cela bloque-t-il encore aujourd’hui ? «Quand on remet en cause des pratiques langagières, comme celle de qualifier un sport qui n’a pas besoin d’être qualifié, on remet en cause des pratiques sociales et un point de vue exclusivement masculin sur le monde», analyse la linguiste Alpheratz, auteure de Grammaire du français inclusif (Éd. Vent Solars), auprès de RTL. Avant d’en conclure : «Qualifier le football de « féminin », c’est exprimer un point de vue social et un regard particulier sur le monde.»
Des stéréotypes qui ont la peau dure
En revanche, des différences persistent bel et bien entre footballeuses et footballeurs. Parmi elles : les salaires (et les gains) qui n’ont rien à voir. Comme l’indique Mélissa Plaza, la plupart des joueuses n’étant pas professionnelles, celles-ci sont obligées d’avoir un double emploi. «Dès que je mentionne ces écarts de salaires, on m’oppose le fait que le spectacle offert par les hommes est rentable et attractif, tandis que les femmes n’attirent qu’un public averti très loin de remplir les stades», se désole l’ancienne internationale dans son livre Pas pour les filles ? (Éd. Robert Laffont).