Festival « off » d’Avignon : « Oui, il y a trop de spectacles »

— Propos recueillis par Sandrine Blanchard —
Pierre Beffeyte, président de l’association Avignon Festival & Compagnies (AF & C), explique l’équation compliquée de la manifestation pour les compagnies.
Le Festival « off » d’Avignon n’en finit pas de grossir. Cette manifestation parallèle au Festival officiel (le « in »), qui se déroulera du 5 au 28 juillet, attire un nombre sans cesse plus important de compagnies. Ainsi, l’édition 2019 accueillera 1 592 spectacles (contre 1 538 en 2018) dans 139 lieux (contre 133 en 2018). Président de l’association Avignon Festival & Compagnies (AF & C), qui assure la coordination et l’organisation de ce rendez-vous théâtral hors norme, Pierre Beffeyte se félicite d’avoir, pour la première fois depuis la création du « off », obtenu un soutien du ministère de la culture.
 

Le nombre de spectacles présentés dans le « off » augmente encore cette année. Comment l’expliquez-vous ?
Cela ne s’arrêtera jamais d’augmenter. L’immobilier est tellement intéressant à Avignon ! Y ouvrir un théâtre est une opération financièrement valable. Et on va bientôt assister à davantage d’ouvertures de salles en dehors des remparts. Quant aux compagnies, elles sont de plus en plus fragilisées sur leur territoire car elles ont de moins en moins de représentations. Pour exister, les artistes ont besoin de jouer. Donc, ils viennent à Avignon, là où ils peuvent montrer leur travail. Cette année, le « off » cumulera environ 29 000 représentations, contre environ 27 000 en 2018.
 

Tout le monde dit qu’il y a trop de spectacles. Êtes-vous d’accord ?
D’un point de vue économique : oui, il y a trop de spectacles. Les compagnies sont exsangues parce que les locations de salles sont chères, qu’elles vivent des recettes et qu’il n’y a pas assez de spectateurs. Cela pourrait être en partie résolu par l’élargissement des publics. Du point de vue de la création et de la diversité culturelle, on ne peut pas se plaindre d’avoir trop de spectacles. C’est une richesse. Cette diversité du « off » est magique. Si les compagnies viennent à Avignon, c’est parce que c’est le seul endroit où elles peuvent décider elles-mêmes de jouer, sans dépendre de l’avis de qui que ce soit pour être programmé. C’est une force.


Comment faire pour limiter cette profusion ?

L’équation est très compliquée car le « off » fonctionne sur une logique de droit privé. C’est tout le problème pour notre association. La question est comment réguler ce festival qui est aussi un marché. La régulation ne peut être que législative. C’est aux pouvoirs publics de s’en emparer. Il y a des règles pour le privé, notamment celles de la concurrence. Il doit y avoir des possibilités d’agir.
 

Mais quel intérêt aurait l’Etat à « réguler ce festival » ?

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